Fort Ingall

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Vue aérienne du Fort Ingall, sur la rive du Lac Témiscouata.
Vue aérienne du Fort Ingall, sur la rive du Lac Témiscouata.

Le Fort Ingall est une fortification de campagne érigée à Cabano (Québec, Canada) vers 1839 dans le cadre de la guerre de l'Arostook opposant le régime britannique aux États-Unis d'Amérique

Sommaire

[modifier] Historique

En 1839, la région que l'on appelait à l'époque le Grand Madawaska était le berceau d'un conflit entre le Canada et les États-Unis. Lors du traité de Versailles qui devait officialiser l'indépendance des États-Unis, les frontières avaient mal été définies dans la région du Bas-Canada. Bûcherons canadiens et américains se disputèrent alors pour obtenir le droit de la coupe du bois dans la région. De plus, la présence d'une route primordiale à l'époque, le sentier du Grand Portage, donnait au territoire une importance capitale pour les britanniques. Dans les années 1830, un agent des douanes américains dénommé Rufus McIntyre décida de percevoir des taxes auprès des habitants de la région. Les habitants payant déjà des taxes à l'Angleterre et ne voulant pas payer leurs taxes en doubles décidèrent d'emprisonner l'agent des douanes dans une prison de Fredericton. L'état du Maine prit alors ce geste comme une déclaration de guerre et mobilisa 10 000 miliciens contre les Britanniques. La guerre de l'Arostook était déclarée. L'armée britannique décida alors de construire des fortifications temporaires tout au long du portage et d'y envoyer des troupes, dont le Fort Ingall situé à Cabano. Trois ans plus tard, soit en 1842, le traité de Webster-Ahburton mis fin à la guerre non-sanglante sans qu'il n'y ait eu le moindre combat entre les deux parties. Il fut décidé de séparer le territoire en deux, en laissant le nord au Canada et le sud au États-Unis, ce qui permettait aux Anglais de conserver la route du Portage. Le fort fut laissé aux mains du Sergent Purcell qui y habita avec sa famille avant de le laisser complètement à l'abandon. Selon la tradition orale, le fort aurait été démantelé par les premiers habitants de Cabano, ne laissant aucune trace.

Dans les années 1960, des fouilles archéologiques ont permis de retrouver l'emplacement du fort Ingall ainsi que les vestiges de tous les bâtiments. Le Fort Ingall a été par la suite reconstruit en 1972.

[modifier] Le Fort

Le Fort Ingall était un "Fieldwork" ou fortification de campagne. Il comprenait 13 bâtiments soit trois dortoirs, une cuisine, un corps de garde (blockhouse), une intendance (ou commissariat), une poudrière, un quartier d'officier (ou dortoir des officiers du commissariat), une boulangerie, une cabane à canots et trois latrines. Les bâtiments étaient construits en pièces sur pièces de cèdre et de pin, isolées à l'étoupe et au mortier de chaux. Les toits étaient recouverts de bardeaux de cèdre (thuya) peints en rouge, sauf la poudrière qui était recouverte de tôles de métal. Les murs du dortoir des officiers et du quartier des officiers étaient recouverts de planches de pins blanchies à la chaux. Le Fort était ceinturé d'une palissade en bois rond assemblée selon la méthode des poteaux maîtres et des dormants, d'une hauteur de 12 pieds (4m) et percée de nombreuses meurtrières. Le système de défense était complété par deux caronnades de 24 livres.

Aujourd'hui, le quartier des officiers, la boulangerie, la cabane à canots et une latrine n'ont pas été reconstruits.


Le dortoir sud

Le dortoir sud comporte deux pièces principales au rez-de-chaussée et une grande pièce au grenier. Le bâtiment servait à l'époque à loger 100 soldats. Chaque pièce du rez-de-chaussée est chauffée par un foyer se reliant tous deux sur une cheminée centrale. Deux portes extérieures permettent l'accès aux deux pièces alors que l'accès au grenier est donné par un escalier se trouvant dans la salle Est. Aujourd'hui, le bâtiment sert d'exposition permanente et de dortoir.

Le dortoir nord

Le dortoir nord a les mêmes dimensions et fonction que le dortoir sud. Il permettait de loger 100 soldats. Aujourd'hui, le bâtiment sert de salle de réception.

Le dortoir des officiers

Le dortoir des officiers servait à accommoder jusqu'à huit officiers. Constitué de quatre chambres et de quatre bureaux au rez-de-chaussée et d'un grand grenier où les officiers pouvaient entreposer leurs biens personnels, le bâtiment n'a jamais vraiment accommodé huit officiers. L'accès au grenier se fait par un seul escalier situé dans le bureau nord-ouest du bâtiment. Aujourd'hui, le bâtiment sert de bureau à la Société d'Histoire et d'Archéologie du Témiscouata, de local pour la Garnison du Lac Témiscouata et d'exposition temportaire.

La cuisine

La cuisine servait d'endroit pour préparer la nourriture aux Soldats, qui mangeaient dans les dortoirs. Le bâtiment était munis d'un four.

Les latrines d'officiers

Les officiers disposaient d'une petit bâtiment contenant deux latrines.

La latrine des soldats

Les Soldats devaient utiliser un autre petit bâtiment contenant 7 latrines.

La latrine des officiers du commissariat

Les Commissaires avait des latrines reservés à eux seuls.

L'intendance

C'est l'endroit ou on stockait la nourriture, les uniformes et les armes supplémentaires ainsi que tout l'équipement et les outils. La bâtiment sert aujourd'hui à l'exposition permanente.

Le quartier des officiers

C'est l'endroit ou les officiers allaient manger et discuter ensemble. C'est aussi l'endroit ou les officiers du Commissariat dormaient.

La boulangerie

Le pain, fabriqué en énrome quantité, était fait à la boulangerie par les Soldats, mais aussi par leur femmes et enfants.

La cabane à canots

Une cabane à canots avait été construite tout près du Lac pour ranger les canots et veiller à leur réparation.

Le corps de garde

Ce bâtiment servait aussi de bien vigie que de prison et d'entrepôt.

La palissade

Deuxième système de défense, la palissade ceinture les bâtiments du Fort. Elle est munis de trois bastions et deux demi-bastions permettant de couvrir les angles morts. Le premier système de défense ne consistait qu'en une tranchée au fond de laquelle était placée des pieux.

Les puits

Trois puits permettaient au Soldats de s'approvisionner en eau.

Le four à chaux

Ce four antérieur à la construction du Fort Ingall servait à fabriquer la chaux afin de blanchir les bâtiments, nettoyer les latrines et fabriquer le mortier.

L'auberge Labelle

L'auberge Labelle était une auberge appartenant a un civil et datant d'avant la construction du Fort Ingall. Elle servait vraisemblablement de cantine régimentaire ainsi que de relai pour les voyageurs.

[modifier] Garnison

En juillet 1839 débarquent au Fort Ingall un sergent et douze soldats du 24th Regiment of Foot de l'armée britannique. Ils y resteront jusqu'en février 1840 pour être remplacés par le 11th of Foot.

5 officiers, 3 sergents, 1 tambour et 97 soldats arriveront en novembre 1839 au fort Ingall, mais en décembre, les troupes sont renforcées à 8 officiers, 6 sergents, 1 tambour et 169 soldats.

4 officiers, 3 sergents et 66 soldats arriveront aussi à Rivière-du-Loup en mai 1840. Les troupes du 11th of Foot quitteront la région en juin 1840 pour être remplacées par le 56th of Foot.

4 officiers, 5 sergents, 1 tambour et 115 soldats sont déployés en mai 1840 au Fort Ingall, tandis qu'il y aura 2 officiers, 4 sergents, 1 tambour et 77 soldats à Rivière-du-loup.

1 sergent et 6 soldats sont envoyés à fort Dégelis en juin 1840.

En décembre 1840, on compte 10 officiers, 11 sergents, 2 tambours et 245 soldats dans la région du Madawaska, sans savoir si cela inclut ou non les postes de Rivière-du-loup, Dégelis et Petit-Sault.

En octobre 1841, le 56th se retire, hormis 1 lieutenant (Norton) et 3 soldats qui resteront jusqu'en décembre.

Les dernières troupes à être déployées sont finalement celles du 68th of Foot qui arriveront en août 1841 avec 6 officiers, 5 sergents, 1 tambour et 168 soldats à Fort Ingall.

Les troupes de Petit-Sault arriveront un peu plus tard, soit en septembre, avec 1 officier, 2 sergents et 48 soldats. On ne sait pas si les troupes ont été envoyées à Rivière-du-Loup, Dégelis et Grand-sault, mais on sait qu'en août 1842, 1 officier, 1 sergent et 27 soldats du 68th sont à Rivière-du-loup, 4 officiers, 5 sergents, 1 tambour et 148 soldats sont au Fort Ingal et 2 officiers, 2 sergents et 46 soldats sont à Grand-sault.

Les troupes se retirent en presque totalité en novembre 1842 et en totalité en juin 1843.

On note la présence de 1 sergent et 5-6 artilleurs du Royal Artillery de juillet 1841 à août 1843 et 1-2 ingénieurs royaux dans la région de décembre 1839 à novembre 1842.


[modifier] 24th Regiment of Foot

Le Régiment est formé le 8 Mars 1689 sous le nom de Colonel Sir Edward Dering's Regiment of Foot et participera aux guerres de Marlborough. Il sera connu sous le nom de 24th Regiment of Foot à partir de 1751, où il participera à la guerre d'indépendance des États-Unis. Le Régiment est présent au Canada d'Avril 1776 à Juillet 1781. Le Regiment sera ensuite nommé 24th, 2nd Warwickshire, Regiment of Foot en 1782 où il participera aux guerres Napoléoniennes, aux guerres en Indes et à la guerre des Zulus. Le Régiment arrive au Canada en Avril 1789 et repart en septembre 1800 pour revenir le 9 Octobre 1829 et séjournera au Fort Lennox de mai 1833 à mai 1835. Le régiment participe à la répression de la rébellion des Patriotes en 1837 et à la guerre de l'Aroostook en 1839, après quoi il quitte le Canada en Mai 1840. À partir de 1881, le Regiment est appelé The South Wales Borderers et participe à la guerre des Boers et à la première puis à la seconde guerre mondiale. En 1969, The South Wales Borderers est amalgamé avec The Welch Regiment (qui est lui même un amalgame du 41st Regiment of Foot et du 69th Regiment of Foot) pour former The Royal Regiment of Wales. En 2006, The Royal Welch Fusiliers joint The Royal Regiment of Wales pour former The Royal Welsh.


Honneurs de batailles

Les honneurs de batailles avant 1840 sont: Blenheim, Ramillies, Oudenarde, Malplaquet (Guerre de succession espagnole). Egypte (Guerres napoléonennes). Cap de Bonne-Espérance (Guerres napoléoniennes). Talavera, Busaco, Fuentes d'Onor, Salamanca, Vittoria, Pyrénées, Nivelle, Orthes, Peninsula (Guerres napoléoniennes).


Le 24e Régiment d'infanterie arrive au Canada en 1829 où il restera jusqu'en 1841 pour rejoindre l'Angleterre. Le régiment participera à la bataille de St-Charles en 1837 et à la guerre de l'Aroostook. Il est d'ailleurs le premier régiment à débarquer au Fort Ingall. Ils ne sont, en juillet 1839, que 13 hommes au Fort Ingall. Le 24e Régiment d'infanterie est le régiment qui est personnifié actuellement au Fort Ingall par la garnison du lac Témiscouata, un groupe de reconstituteurs nouvellement formé.


[modifier] Couleurs

La couleur la Reine, ou la première couleur, est le Great Union.

La deuxième couleur est celle du Régiment, avec le Union dans le canton supérieur. Au centre de la couleur est brodé, en caractères romains dorés, le numéro du rang du régiment, dans une guirlande de roses Tudor, de chardons et de trèfles sur une même tige. La taille des couleurs doit être de six pieds six pouces volant (de haut) et six pieds de profond (de large). La longueur du mât, incluant la pointe, doit être de neuf pieds dix pouces. Les cordes et les glands doivent être d'or et de cramoisi mélangés.

[modifier] Soldat

L'uniforme présenté est celui du 24th Regiment of foot de 1839.