Forces françaises dans la guerre de Corée

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Suite à l'invasion sans avertissement du territoire de la République de Corée par le régime totalitaire du Nord le 25 juin 1950, la toute jeune Organisation des Nations unies, par un vote de neuf voix contre zéro (l'Union soviétique avait décidé de ne plus sièger), avait appelé ses membres à fournir «toute l'assistance nécessaire» («such assistance as may be necessary...») pour faire cesser l'agression. La France, co-fondatrice de l'O.N.U. le 26 juin 1945 est l'un des cinq membres permanents de son Conseil de sécurité. Fortement engagée dans la guerre d'Indochine à l'époque, elle ne pouvait fournir qu'une très faible participation. Cependant, le Président de la République Française Vincent Auriol, et le Président du Conseil Guy Mollet, estimèrent nécessaire une aide aux forces de l'O.N.U. en Corée. Le gouvernement décida de l'envoi immédiat d'un bâtiment de guerre prélevé sur l'escadre d'Extrême-Orient et de la formation d'un contingent de forces terrestres.

Sommaire

[modifier] Force navale

L'aviso colonial de 1re classe Classe Bougainville La Grandière A 01 (redésigné escorteur de 2e classe F731) de la marine nationale fut rappelé de mission début juillet 1950, alors qu'il était dans le golfe du Siam. Armé «guerre» à l'arsenal de Saïgon, il en appareilla le 22 juillet pour être intégré aux forces navales de l'O.N.U. principalement américaines, britanniques et du Commonwealth.

Il fut aussitôt affecté à des missions d'escorte et de protection, notamment anti-sous-marine et anti-aérienne, des innombrables convois qui déversaient hommes et matériels dans le réduit du périmètre de Pusan dans lequel étaient alors acculées les forces terrestres de l'O.N.U.

Au sein du "Task Group 90.4" de la 7e Flotte américaine et rattaché au Fourth Frigate Squadron (Commonwealth) dont le commandement était britannique, le "La Grandière" participa au sein d'une formidable force amphibie de 230 navires de guerre, au débarquement d'Inchon le 15 septembre 1950, fait d'armes décisif des troupes de l'O.N.U. commandées par le Général Douglas Mac Arthur, et à celui de Wonsan.

Il fut rappelé début décembre en Indochine Française par l'Amiral F.M.E.O. suite au désastre de Cao Bang.

Pour cette campagne, l'escorteur La Grandière a reçu une citation présidentielle de la République de Corée au titre de la TF 90.5 et a été cité une fois à l'Ordre de l'Armée de Mer.

L'escorteur "La Grandière" a perdu 2 hommes sur la rivière de Saïgon lors d'une attaque du Việt Minh, avant d'appareiller pour la Corée.

[modifier] Force terrestre

Le Bataillon Français de l'ONU est créé le 25 août 1950. Il fut formé de 1 017 volontaires venus tant de l'active que des réserves et placé sous le commandement du Lieutenant-Colonel Monclar. Compte tenu des relèves et des pertes, c'est un contingent de 3 421 hommes que la France fournit à la Force des Nations Unies en Corée (F.N.U.C.) entre 1950 et 1953.

Le 29 novembre 1950, le Bataillon Français débarqua à Pusan pour être intégré aux forces de l'O.N.U. Complété d'une compagnie de l'armée de la République de Corée, il rentra, aux côtés de deux bataillons américains, dans les effectifs du 23e régiment de la 2nd "Indianhead" Infantry Division, prestigieuse unité de l'United States Army, dont la particularité est d'avoir été formée en France, à Bourmont (Haute-Marne) en 1917. (Combats : Marne - Bataille du bois Belleau, Argonne...)

Il fut de tous les principaux combats à partir de janvier 1951 jusqu'à la cessation des hostilités en 1953.

En février 1951, le 23e R.I.US auquel appartient le BF/ONU, est encerclé à Twin Tunnel et à Chipyong Ni. Il résistera victorieusement à la 125e division de l'armée populaire de libération Chinoise tout entière et parviendra à se dégager, stoppant l'avancée ennemie.

En mars, on le voit à l'assaut de la côte 1037 et en mai il est à Putchaetul, intervenant efficacement pour enrayer l'offensive chinoise de printemps.

De septembre à octobre 1951, les opérations culminent pour le bataillon avec l'enlèvement de la côte 931 dite du Crève-Cœur (Heartbreak Ridge).

Le BF/ONU continua de prendre part à toutes les actions menées par la 2e division US du Triangle de Fer à Chungasan et au Fer de Lance jusqu'à l'armistice du 27 juillet 1953. En octobre, le bataillon quitte les Forces de l'O.N.U. pour rallier l'Indochine.

Le Bataillon Français de l'O.N.U. a reçu deux citations présidentielles de la République de Corée, trois citations présidentielles des États-Unis d'Amérique, et a été cité cinq fois à l'Ordre de l'Armée Française.

Le Bataillon Français de l'ONU en Corée a perdu : 287 tués, dont 18 Coréens - 1 350 blessés - 12 prisonniers - 7 disparus.

[modifier] Mémoire

En France, le devoir de Mémoire est perpétué par deux Associations :

  • Association Nationale des Forces Françaises de l'O.N.U. et du Régiment de Corée (A.N.A.F.F. ONU & R.C.), 18 rue de Vézelay, 75008 Paris (Association "régimentaire" regroupant des anciens du Bataillon Français de l'O.N.U. et des marins du "La Grandière" période 1950 à 1953, mais aussi des anciens du Régiment de Corée en Indochine (GM100) et en Algérie (156e RI, dissout en 1962).
  • Association Nationale des Anciens Combattants de la Seconde (Indian Head) Division des États-Unis et du Bataillon Français de l'O.N.U. en Corée, Siège Social : chez son président, 8, rue Molière, 92400 Courbevoie. Cette association regroupait exclusivement des anciens du Bataillon Français de l'ONU intégré au 23e RI U.S. de la 2nd Division US. Frappée par les lois de la démographie, elle s'est auto-dissoute en 2000.

[modifier] Ressources

[modifier] Origine du texte

[modifier] Bibliographie

  • Louis Tailhades, La Marine nationale dans la guerre de Corée, Revue historique des armées, juin 1990
  • Erwan Bergot, Bataillon de Corée, Les volontaires français 1950-1953, Presse de la Cité 1983

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes