Discuter:Fomoires

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Sommaire

[modifier] Les Fomoires : peuple mythique ou historique ?

Peuple pirate pour certains, démons pour d’autres, les puissants Fomoires n’en demeurent pas moins des êtres maléfiques voués à accabler les peuples artisans des pires sévices. Cette réputation, ils la doivent tant à leur nature mythologique qu’à la réalité qui fut leur. Si l’on en croit le Lebor Gabála Érenn, les Fomoires, venus de Sliab Emoir (LGE, III, R2 et R3, p 11), s’étaient en partie installés dans une île se dressant au milieu des flots proches des côtes Irlandaises. Ce lieu, que Nennius mentionne sans le situer, est identifié par ses successeurs. L’île s’appelait alors Toirinis Cetne mais on la connaissait avant eux, selon leurs dires, sous le nom de Tor Conaind (« Ile de la Tour de Conaind »). Un nom qu’elle devait à la tour depuis laquelle régnait le roi des Fomoires, Conaind, et où mouillait la puissante flotte de ce peuple (LGE, III, R1, p 123, R2 et R3, p 139). Il s’agit d’une île aujourd’hui dénommée Tory Island (« Ile de la Tour »), un nom qu’elle doit à son apparence, et qui se situe au « Nord-Ouest face à l’Irlande » (plus précisément à 9 miles au large de Cnoc Fola , dans le comté du Donegal). Quelque soit l’étymologie que l’on applique pour expliquer le nom de l’île, le thème de la tour est omniprésent. La démonstration est intéressante, soit, et permet de situer avec précision la base d’où les assauts fomoriens étaient lancés, mais elle n’indique toujours rien sur la réalité historique ou mythique du peuple lui-même. Continuons néanmoins sur cette voie.

La population de ce lieu l’appelait Torach (« La Tour ») ou Oileán Thoraí (« L’Ile des Tors »), le premier nom dérivant du second. Mais cette filiation menant de Thoraí à Torach (« Tour ») est erronée. Car les deux termes, bien que proches, n’ont pas la même signification. Oileán Thoraí, pour les aborigènes, signifie l’Ile des Pirates (du terme torái, c’est à dire « voleur »). Historiquement, il est vrai, la population de l’île pratiquait la piraterie. Enfin, est dévoilé le lien qui unit les Fomoires aux pratiques pirates et aux exactions qu’on leur attribuait (LGE, III, R1, p 123), loin des explications peu convaincantes qui l’expliquaient par le souvenir traumatisant des incursions vikings sur les côtes européennes, en général, et irlandaises, en particulier. Même si les « Hommes du Nord » s’implantèrent sur cette île, la nommant même Thor Ey (« l’Ile de Thor »).

On aimerait croire, alors, aidés par cette histoire mouvementée des populations de Tor Inis et la toponymie du lieu, confortés par l’existence de nombreux lieux-dits « attestant » de leur présence ancienne, tels Dún Balor ou Balor’s Prison, à l’historicité de ce peuple. Mais si ces faits peuvent, dans une certaine mesure, souligner une influence réciproque entre les peuples historiques et mythiques de l’île, ils ne sont en rien des preuves formelles concluant à l’existence historique des Fomoires. Alors, à défaut de détenir, aujourd’hui, de tels éléments et confrontés à leur nature physique et à l’aura fantastique qui les enveloppe, ne les dépossédons pas de leur nature magique.

[modifier] Un peuple physiquement monstrueux.

Malgré les divergences d’opinions des auteurs, les Fomoires ne peuvent se défaire, dans les esprits, de leur apparence repoussante et inhumaine. Ce physique, décrit maintes et maintes fois, se décompose en 3 critères qui, selon les écrits, peuvent ou non se combiner. En premier lieu, ils sont cynocéphales (LGE, II, R3, p197). En second lieu, leur stature est gigantesque. Finalement, ces êtres n’ont qu’un bras et une jambe (LGE, II, R1, p 271, et LGE, III, R3, p 13). Cette apparence doit sa diversité à une évolution du mythe. Si l’on fait coïncider les différentes silhouettes des Fomoires avec la chronologie des manuscrits, on s’aperçoit que cette dernière influe sur celles-là.

Dans l’œuvre de Nennius, le plus ancien témoignage que nous possédons, les Fomoires ont une apparence qui ne nous est pas dévoilée. En conséquence, on peut légitimement supposer qu’ils étaient, extérieurement du moins, tout à fait humains. S’il en avait été autrement, Nennius n’aurait pas manqué de nous le signaler. Il faut attendre le douzième siècle, lorsque le Lebor Gabála Érenn commence à être rédigé en détails, avec le Livre de Leinster, pour que les Fomoires entament leurs métamorphoses. Ils sont d’abord, de manière générale, marqués par l’incomplet, n’ayant qu’un bras et une jambe, tout en devenant cynocéphales, c’est à dire à tête de chien. Giraud de Cambrie, très tôt, dès le XIIIe siècle, leur ajoutera une corpulence gigantesque . Ce sont les deux batailles de Mag Tuired, écrits tardifs, qui rendront aux Fomoires leur forme humaine. La boucle est bouclée. Comment l’expliquer ? Au VIIIe siècle, à l’époque où l’Historia Britonum fut achevée par Nennius, l’influence chrétienne est encore peu importante en Irlande. Si le pays s’est christianisé et si les monastères se multiplient, la population reste attachée à ses croyances. Les Fomoires ne sont pas encore assimilés aux démons et gardent alors leur apparence humaine. C’est au cours du Moyen Age, avec l’influence croissante de la religion chrétienne que les Fomoires devenus emblèmes du mal vont, pour coller parfaitement à l’image démoniaque qu’ils véhiculent, s’enlaidir et perdre leur humanité.

[modifier] Des cynocéphales

La première description fantastique que l’on possède d’eux, qui est aussi leur première apparition dans les recensions officielles, les façonne selon un modèle cynocéphale. Cette mention, unique en son genre, est sûrement un substrat de l’imagination du copiste. Vraisemblablement, ce dernier fut impressionné par les offrandes qui devaient leur être faîtes chaque Samain à Mag Cetne (LGE, III , R1, p 123-125, R2 et R3, p 139). Frappé notamment par le fait que les Némédiens avaient pour obligation de leur abandonner 1/3 de leurs enfants, il assimila cela à de l’anthropophagie, car que pouvaient donc faire des démons avec des enfants si ce n’est les manger ? Il fit, par conséquent, des Fomoires des cynocéphales, marque des monstres anthropophages à l’époque médiévale . Ce n’est donc pas un trait celtique que celui-ci qui, d’ailleurs, contraste fortement avec la beauté d’Elatha mac Delbaíth aux cheveux d’or et celle légendaire de son fils, Bres, auquel toute belle chose d’Irlande était comparée .

[modifier] Des membres manquants

Lors de chacun de leurs débarquements en Irlande, on ne cesse de nous rappeler l’effroi qu’ils inspirent à ceux qui contemplent leurs corps difformes. Ils ne sont pourvus que d’un bras, une jambe et un œil. Balor, l’un de leurs chefs les plus célèbres, n’est-il pas souvent dépeint comme un cyclope ? Cette difformité atteint un paroxysme, repris par O'Cleirigh. Ce summum faisait de Lot Luaimnech, reine des Fomoires qui combattirent Partholon, un « spectre ténébreux » ayant sa bouche sur sa poitrine et 4 yeux dans le dos. Mais, ne soyons pas distrait par cette description incroyable. Cette apparence marquée par l’incomplet, exception faîte de Lot, n’est pas plus originelle que leur côté cynocéphale. Pour nous en assurer, il faut lire de plus près deux textes en particulier. La recension R2 est la seule à ne pas confirmer cette caractéristique dont les Fomoires semblent ne pas pouvoir se débarrasser. Il y est dit que la bataille de Slemne de Mag Itha, qui opposa Partholon à Cichol à la Jambe Torte, se joua sur une jambe, un bras et un œil et que nul ne fut blessé car c’était une bataille magique (LGE, II, R2, p13). L’unicité de chaque membre perd sa valeur biologique et physique pour devenir posture . Cela n’est pas sans rappeler la manière dont Lug, durant la seconde bataille de Mag Tuired, chanta des sortilèges. Il allait et venait au milieu de la mêlée « sur un pied avec un œil fermé » . Les Fomoires ne sont donc pas dépourvus de membres « jumeaux » dans l’esprit celtique. Ceci n’est qu’une interprétation médiévale erronée d’un rite ancien et devenu presque incompréhensible.

[modifier] Des géants

Seul Giraud de Cambrie associe les Fomoires aux géants et, dans la Cath Maige Tuired, seul Balor, l’un de leurs rois (celui des îles Hébrides, si grand qu’il fallait quatre hommes pour soulever sa paupière), possède une stature suffisante pour, en tombant mortellement blessé, écraser 27 de ses hommes . Que penser de ce gigantisme si répandu dans les esprits et si peu attesté dans les écrits ?

Si l’on se permet une comparaison entre la mythologie celtique et la mythologie nordique, le gigantisme des Fomoires et leur inimitié avec les Tuatha Dé Danann, les dieux, trouvent leurs échos dans le conflit permanent entre les Ases et les Géants. Mais cette comparaison, séduisante, peut-elle être applicable ? Les allusions directes au gigantisme fomorien se réduisent à celles d’un seul auteur et celles d’un de leurs rois. Quant aux allusions indirectes, rien n’indique, voire ne sous-entend, que les Celtes les imaginaient ainsi. Leurs liens familiaux avec les Tuatha Dé Danann, la taille titanesque rappelée par la mort de 27 guerriers fomoires lors de la chute de Balor, les différents combats qu’ils livrent contre les humains sans que ne soit mentionnée une certaine gêne pour ces derniers en raison d’une taille gigantesque de leurs ennemis suggèrent que les Fomoires n’étaient nullement des géants. Toutefois, les preuves ne manquent pas pour suggérer que Giraud de Cambrie semble être dans le vrai.

[modifier] Les hypothèses étymologiques

Appliquer une étude étymologique au nom des Fomoires ne doit pas être perçu comme l’affirmation ou l’infirmation de leur étude morphologique. Si les deux approches peuvent se croiser (comme c’est le cas pour le gigantisme), elles n’ont aucun point commun. Le but de ces recherches est davantage de travailler sur leur nature et si elle n’apporte en soi aucune certitude quand à ce point, avouons le, elle a le mérite de lancer des pistes de réflexions.

[modifier] Un peuple de la mer

A l’instar des « merriens », ces êtres aquatiques des légendes bretonnes, les Fomoires sont intimement liés à la mer. Une fois rejetée la fausse preuve qui corrobore cette idée en déclarant qu’ils attaquaient toujours par la mer tels des pirates (comment pouvaient-ils venir autrement ?), il n’en reste pas moins que l’eau est leur élément. Sont-ils venus de terres lointaines comme l’Afrique ou l’étrange pays de Sliab Emoir ou sont-ils des aborigènes des eaux qui baignent l’Irlande ? Peu importe, le fait est que la forteresse, source de tous les raids, se tient sur une petite île au Nord-Ouest de l’Irlande. Un habitat qui les oblige à se satisfaire des ressources marines (poisson et oiseaux). La première hypothèse que nous privilégions conforte ces observations. Charles Squire , puis Davidson H.R. Ellis à sa suite, a choisi de décomposer le mot « Fomoire » en deux éléments : « fo » et « môr ». Le premier terme se traduit par « sous » et le second par « mer ». Logiquement, il fait des Fomoires « ceux qui vivent sous la mer ». Cependant, si cette analyse lie les Fomoires à la mer, rien dans les textes ne se rapporte à une quelconque existence sous-marine qui leur soit propre.

[modifier] Des démons

Il est surprenant de voir que les écrits associent les dieux païens à des démons et que les Fomoires, véritable fléau s’abattant sur la race humaine, ne soient jamais perçus comme tels. Malgré tout, leurs actions appuyées par une seconde hypothèse étymologique les classent dans cette catégorie de créatures.

Marie-Louise Sjoestedt , Miranda J. Green et d’autres n’ont pas décomposé le terme « Fomoires » comme leurs précédents pairs. Celles-là rapprochent « fo » de « sous » mais préfèrent le radical « moîre » (qu’ils perçoivent dans le radical « mar » de « cauchemar ») et sa traduction de « démons ». Le Fomoire est le « sous-démon » ou un « démon inférieur ». Outre que l’explication implique une hiérarchie encore inconnue dans le monde des peuples magiques, la présence de démons inférieurs nécessite celle de démons supérieurs (à moins qu’il ne faille en déduire qu’ils soient inférieurs aux dieux), elle conforte l’idée que ce peuple est le mal, la manifestation du chaos. Le principe de voir les Fomoires comme des démons est une possibilité qu’il faut étudier avec attention, car les événements la confortent sous certains aspects, cependant, la thèse du gigantisme n’en reste pas moins une explication plausible de leur nom.

[modifier] Des géants

La dernière hypothèse étymologique qui se présente résout en partie le problème posé par Giraud de Cambrie. Rhys , lors de ses recherches, a choisi de ne pas décomposer le terme « Fomoire ». Le gardant entier, il l’a comparé au gaélique « famhair » et au gallois « foawr » qui désignent tous deux les géants et conclut au gigantisme des Fomoires. Zimmer va rejoindre la même conclusion en décomposant le terme et en aboutissant ainsi au radical « mor » qui signifie « grand ». Il est difficile d’aller plus loin dans la démonstration et il est seulement possible de déclarer, pour l’instant, que les Fomoires peuvent, étymologiquement, revendiquer une stature gigantesque.