Erwin Wurm

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Erwin Wurm, né en 1954 à Bruck an der Mur (Autriche), est un artiste autrichien. Il vit et travaille à Vienne.

Sommaire

[modifier] Biographie

À l'origine, Erwin Wurm souhaite devenir peintre mais sa candidature est refusée pour l'atelier de peinture de la Kunstakademie de Vienne et il s'inscrit à l'atelier de sculpture. Il suit un enseignement encore très marqué, au milieu des années 1970 par l'art conceptuel et l'art minimal. Ses premiers travaux s'inscrivent dans cette filiation et développent une réflexion sur la définition même de la sculpture autour de notions comme « le volume, les trois dimensions, le rapport à l'espace, l'enveloppe »[1].

À cette époque, les dust pieces sont constituées de panneaux de bois posés au sol, recouverts de peinture blanche et de poussière ; des chandails de laine pliés et façonnés sont accrochés au mur comme des reliefs monochromes tandis que des vestes, manteaux ou imperméables habillent des volumes cubiques, faisant déjà apparaître la notion d'objet quotidien et le rapport au corps et à l'intime.

Après la mort de ses deux parents et sa séparation d'avec la mère de ses enfants, Erwin Wurm donne à son travail un tour entièrement nouveau. À partir de 1996 apparaissent les célèbres One minute sculptures qui prennent la forme d'un protocole rédigé en termes laconiques invitant à prendre diverses postures comme « se tenir debout sur deux melons le plus longtemps possible, rester cinq minutes les pieds dans un seau avec un autre sur la tête, garder deux champignons fichés dans les narines ou se coucher sur des balles de tennis »[2]. « J'avais gardé jusqu'alors séparés par une paroi étanche les problématiques de l'art et de la vie. C'est alors que j'ai brisé cette frontière. J'ai également donné une place et une valeur à ce que l'on rejette ou ce que l'on cache habituellement : le ridicule, l'échec. Le jeu possède à mon sens une grande force, un vrai pouvoir de subversion. L'humour et le jeu permettent vraiment de soulever beaucoup de questions, de faire passer beaucoup de choses sans se montrer blessant ou doctrinaire. »[3]

À partir de 1999, le travail d'Erwin Wurm sort des musées et des galeries d'art pour investir la rue. En cette même année au Printemps de Cahors, il recrute par voie de presse des volontaires qui exécutent, sous sa direction, diverses facéties. Le résultat est enregistré par la photographie et présenté dans la ville sur des caissons publicitaires lumineux. Lors de la Biennale de Bienne en Suisse en 2000, il place un socle en pleine rue avec l'inscription Be a dog for one minute.

Il présente ensuite la série des Instructions on how to be “politically incorrect”, indiquant photographies à l'appui comment « cracher dans la soupe du voisin à table, faire pipi sur le tapis du salon au beau milieu d'une réunion mondaine ou cacher une bombe dans son pantalon »[4]. En 2006, la série Be nice to your curator ironise sur le rapport entre l'artiste et le monde des musées.

Ses derniers travaux interrogent la société de consommation, montrant des personnages difformes, des voitures ou des maisons boursouflées. La Fat House (2003) filmée en vidéo s'interroge : « Suis-je de l'art parce que je suis grosse ? ». « Malgré une apparence de démocratie, déclare l'artiste, nous vivons sous une forme de dictature économique de plus en plus forte. Les inégalités se creusent et nous vivons les uns les autres dans des réalités de plus en plus éloignées. Mon travail est très lié à ce constat. J'ai été élevé dans les années 1960-1970 et le monde d'aujourd'hui est de plus en plus dominé par l'argent, que ce soit le monde du travail, celui de la mode ou même de l'art... J'en fais partie et par conséquent je pose des questions. »[5]

[modifier] Œuvre

L'œuvre d'Erwin Wurm utilise de nombreux supports : photographie, vidéo, dessin, sculpture, installation, performance. « Mon travail, dit-il, traite de l'identité complète de l'être humain : le physique, le spirituel, le psychologique, le politique. De questions de société. L'artiste et le philosophe ont en commun de tenter d'interpréter les modes de vie liés à leur époque. Bien entendu, ils échouent en permanence puisque cette réalité est constamment changeante. »[6]

Si Erwin Wurm utilise la vidéo depuis 1990, c’est à partir de 1997 qu’il entreprend ce processus associant une personne et un objet d’usage courant, dans une position déterminée et limitée dans le temps qu’il a baptisé « One Minute Sculptures ». La sculpture continue d’exister par la suite à travers les photos ou les vidéos. Les pieds joints et la tête dans un sac, la tête contre un mur ou encore allongées sur des oranges, les personnes photographiées vivent des situations incongrues et absurdes. L’éphémère et l’immatérialité, contre-pieds manifestes à la sculpture, sont des préoccupations majeures de l’artiste, qu’il considère de notre époque. Des interrogations, assurément liées à la condition humaine.

[modifier] Clins d'œil

  • Le groupe américain Red Hot Chili Peppers, s'inspire de l'exposition « One Minute Sculptures » d'Erwin Wurm pour leur clip "Can't stop", extrait de l'album "By the way en 2002.

[modifier] Notes et références

  1. Véronique Bouruet-Aubertot, art. cit., p. 81
  2. Véronique Bouruet-Aubertot, art. cit., p. 82
  3. Erwin Wurm cité in : Véronique Bouruet-Aubertot, art. cit., p. 82
  4. Véronique Bouruet-Aubertot, art. cit., p. 84
  5. Erwin Wurm cité in : Véronique Bouruet-Aubertot, art. cit., p. 84
  6. Erwin Wurm cité in : Véronique Bouruet-Aubertot, art. cit., p. 84

[modifier] Expos

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Véronique Bouruet-Aubertot, « Les provocations gonflées d'Erwin Wurm », Connaissance des Arts, n° 651, juillet-août 2007
  • Erwin Wurm, The Artist who Swallowed the World, 2007, Hatje Cantz.
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