Edwin Howard Armstrong

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Edwin Howard Armstrong

Edwin Howard Armstrong (18 décembre, New York City, 1890 - 31 janvier, 1954, New York City) était un ingénieur américain et inventeur. Il a été avant tout le "père malheureux" de la technique de diffusion radiophonique appelée "Modulation de fréquence" qui s'est développée d'abord aux Etats Unis puis progressivement dans le reste du Monde. Sa manière de travailler mettait en avant l'expérimentation et le raisonnement. Edwin Howard Armstrong se méfiait des déductions trop théoriques et trop abstraites. Ses combats et ses procès avec l'industrie de l'électronique eurent raison de lui.

[modifier] Biographie

Armstrong fut l'un des inventeurs les plus prolifiques de l'histoire de la radioélectricité doublé d'un visionnaire. Il déposa plusieurs brevets exceptionnels dans l'histoire de la radio:

  • le circuit à réaction (breveté en 1914),
  • la super réaction (breveté en 1922)
  • le récepteur Super hétérodyne qui définit la structure du récepteur moderne puisque toujours utilisée de nos jours (breveté en 1918).

Ce dernier brevet fut déposé alors que E. Armstrong était en France comme militaire au titre de la première guerre mondiale. Il a sous doute été influencé par des ingénieurs français comme Lucien Lévy, à l'époque chef de laboratoire de la radio militaire de la Tour Eiffel.

L'évolution des techniques est souvent un phénomène complexe où la part individuelle n'est pas toujours dissociable de celle de la communauté. Plusieurs inventions d'Armstrong furent finalement revendiquées par d'autres à travers de nombreuses poursuites judiciaires pour violations de brevets, en particulier le circuit à réaction. breveté en 1914, fut par la suite revendiqué par Lee De Forest en 1916; De Forest vendit ensuite les droits de son brevet à AT&T. Entre 1922 et 1934, Armstrong se trouva mêlé dans cette guerre des brevets, qui se disputait entre lui-même, RCA, et Westinghouse d'une part, De Forest et AT&T d'autre part. Ce procès qui dura 12 ans, se termina en concédant les droits à De Forest, mais cette décision est aujourd'hui remise en cause en raison d'une méprise de la Cour Suprême.

Durant les procédures du procès, Armstrong poursuivit son travail dans un autre domaine : la modulation de fréquence ou FM dans les laboratoires de la Columbia University. Cette technique étudiée dès 1922 notamment par Carson ne semblait pas présenter d'intérêt particulier par rapport à la technique en usage, la modulation d'amplitude ou AM. Cette dernière présentait cependant intrinsèquement une forte sensibilité aux parasites radioélectriques qui lorqu'ils se présentent modifient fortement l'amplitude du signal radioélectrique et donc la qualité du signal audio qu'il transporte. La FM, au contraire, s'appuie sur une variation de la fréquence radioélectrique pour transporter le signal sonore et de fait immunise jusqu'à une certaine limite celui-ci des parasites radioélectriques. En résumé, la FM apporte une qualité sonore très supérieure à l'AM notamment en termes de bande passante et de rapport signal sur bruit. Armstrong réalisa à New York en 1935 plusieurs expérimentations pour qualifier l'apport de cette technique et présenta les résultats lors d'une conférence restée célèbre à l'IEEE, société des ingénieurs électriciens américains.

Cependant, pour l'époque la FM représentait une rupture technologique importante. Elle exigeait une occupation du spectre radioélectrique supérieure à l'AM et donc devait émettre sur des ondes très courtes pour l'époque. De plus, elle impliquait une refonte complète des récepteurs qui devenaient plus complexes et donc plus chers à fabriquer. Armstrong avant obtenu de l'instance de régulation des radiocommunications américaines, la FCC l'utilisation d'une bande de fréquence (42 à 50 MHz) pour mener à bien ces expérimentations.

Comme toute rupture technologique, la FM a dû faire face à ses débuts aux freins mis en place par les acteurs industriels qui ne souhaitaient pas de bouleversement radicaux. En outre, la télévision alors émergeante dans les années 40 retenait l'attention des industriels comme RCA (Radio Corporation of America), chez qui Armstrong était alors employé. RCA exerça son influence auprès de la FCC, instance de régulation des radiocommunications pour limiter le développement des réseaux FM, jugé non prioritaire par rapport à la télévision alors naisssante. De plus, la RCA était propriétaire d'un important réseau de radios AM.

En juin 1945, la RCA exerça son influence auprès de la FCC pour que celle-ci alloue la bande 42-50 MHz à la télévision. David Sarnoff, président de RCA exerça une influence importante dans cette décision. La bande FM migra donc de 40-52 Mhz vers 88 – 108 MHz, aujourd'hui quasi universelle.

Cette action de la FCC rendit en une nuit le réseau de sites d'émission FM déployés par Armstrong caduc.

De plus, RCA revendiqua plusieurs innovations liées à la FM qui allait conduire à de multiples batailles de brevets contre Armstrong. Une importante victoire de RCA fit perdre à Armstrong les royalties lors de l'installation des premiers sites d'émission FM. Cette situation le conduisit progressivement à la ruine. Son combat devint une obsession difficile à vivre pour son entourage ; finalement la situation eut raison de son mariage.

Désespéré devant la débâcle où l'avait conduit son immense travail, Armstrong finit par se jeter de la fenêtre du treizième étage de son appartement de New York City le 31 janvier 1954.

Sa veuve Marion, qui avait été aussi la secrétaire de David Sarnoff avant son mariage avec Armstrong, reprendra le combat contre RCA et finalement gagnera le procès en 1967.

Le travail et le génie d'Armstrong s'est depuis révélé puisque la FM est aujourd'hui la technologie de radiodiffusion la plus largement utilisée à travers le monde.

A noter aussi que Armstrong fut médaillé de la Légion d'Honneur en 1919 suite à son travail sur la radio durant la première guerre mondiale.

[modifier] Liens externes

[modifier] Références

  • Lawrence Lessing, Man of High fidelity: Edwin Howard Armstrong, Philadelphia, J.B. Lipncott Company, 1956

Brevets