Dordjé Shugden

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Dorjé Shugden, Shugden, Dholgyal ou Dhogyal, « foudre puissante », est une déité tantrique du bouddhisme tibétain qui a pris une grande importance au XIXe siècle dans une partie de l’école gelugpa, dans un contexte de luttes idéologiques et politiques qui persistent au XXIe siècle. Le XIVe Dalaï Lama, qui a été initié à sa pratique dans sa jeunesse, s’en est depuis distancié, la désapprouvant publiquement à partir de 1995, suivi par d'autres comme Kyabjé Ling Rinpoché ou Kachen Yéshé Gyaltsen.

Sommaire

[modifier] Origine

Comme de nombreuses déités bouddhiques, Shugden est une figure composite. Il semble avoir été à l’origine une divinité mineure connue d’ une partie de la tradition sakyapa. Le courant Shugden y voit l’émanation de Manjusri, qui se serait incarné au VIIe siècle en Drakpa Gyaltsen (1618-1655), rival évincé du Ve Dalaï Lama Lobsang Gyatso (1617-1682). Drakpa Gyaltsen fut reconnu comme la réincarnation de Duldzin Drakpa Gyeltsen, co-fondateur du monastère de Ganden, par le premier Panchen lama. Selon certains, il serait mort assassiné, ou se serait suicidé dans le but exprès de devenir protecteur de la lignée gelugpa.

Au XIXe siècle, alors que le mouvement œucuménique rimé faisait de plus en plus d'adeptes, une réaction se fit jour au sein de l’école gelugpa, cherchant au contraire à préserver sa pureté. Elle était menée par un lama très charismatique, Pabongkha (1878-1944), et ses disciples, dont Trijang Rinpoche (1901-1981), lama de Ganden et l'un des tuteurs du XIVe Dalaï Lama. Leur théorie était que les déités principales de l’école (Kalarupa, Vaijravana et Mahakala) avaient rejoint leurs terres pures et n’étaient plus actives dans le monde, et qu'elles étaient remplacées par Dorje Shugden (protecteur), Vajrayogini (yidam) et Pabongkha (guru).

[modifier] Protecteur du bouddhisme

Selon Trijang Rinpoche, tuteur junior du Dalai Lama et célèbre Gelugpa du siècle dernier :

"Dorje Shugden aide, guide et protège toujours les pratiquants purs et fidèles en accordant des bénédictions, augmentant leur sagesse, accomplissant leurs désirs et accordant du succès à toutes leurs activités vertueuses."


[modifier] Raison pour laquelle les pratiquants s'en remettent maintenant à Dorje Shugden en tant que leur protecteur

Beaucoup de bouddhistes s'en remettent à Dorje Shugden en tant que principal protecteur du dharma. Geshe Kelsang explique la raison de cela :

"Les bouddhas se sont manifestés sous la forme de divers protecteurs du dharma, tels que Mahakala, Kalarupa, Kalindewi et Dorje Shugden. De Je Tsongkhapa jusqu'au premier Panchen Lama, Losang Tchökyi Gyaltsen, c'est Kalarupa qui était le principal protecteur du dharma de la lignée de Je Tsongkhapa. Plus tard, cependant, beaucoup de grands lamas ont senti que c'était Dorje Shugden qui était devenu le principal protecteur du dharma de cette tradition.

Parmi tous les protecteurs du dharma, Mahakala à quatre visages, Kalarupa et Dorje Shugden en particulier ont la même nature parce qu'ils sont tous des émanations de Manjushri.

Toutefois. les êtres d'aujourd'hui ont un lien karmique plus fort avec Dorje Shugden qu'avec les autres protecteurs du dharma. C'est pour cela que Morchen Dorjechang Kunga Lhundrup, un maître très accompli de la tradition sakya, a dit à ses disciples : "Maintenant le temps est venu de s'en remettre à Dorje Shugden." Il a dit cela à de nombreuses reprises pour encourager ses disciples à faire grandir leur foi en la pratique de Dorje Shugden.

Ces dernières années, la personne qui a pris la plus grande responsabilité pour la propagation de la pratique de Dorje Shugden a été feu Trijang Dorjechang, le gourou racine de bon nombre de pratiquants gelougpas, depuis d'humbles novices jusqu'aux plus grands lamas. Il a encouragé tous ses disciples à s'en remettre à Dorje Shugden et a donné de nombreuses fois des transmissions de pouvoir de Dorje Shugden."

[modifier] Mandala du corps

A la différence des autres protecteurs du dharma, la pratique de Dorje Shugden a un mandala du corps. Cela indique qu'il est un être pleinement illuminé parce que seuls les bouddhas ont un mandala du corps. Le mandala du corps de Dorje Shugden est basé sur les trente-deux déités de Lama Losang Tubwang Dorjechang (Je Tsongkhapa), qui à son tour est basé sur le tantra de Guyasamaja, le "roi des enseignements tantriques de Bouddha". Les cinq agrégats du tulku Dragpa Gyeltsen deviennent les cinq familles de Dorje Shugden, qui sont de la même nature que les cinq familles de Bouddhas : Vairochana Shugden (Bouddha Vairochana, l'agrégat de la forme d'un bouddha), Ratna Shugden (Bouddha Ratnasambhava, l'agrégat de la sensation d'un bouddha), Pema Shugden (Bouddha Amitabha, l'agrégat de la discrimination d'un bouddha), Karma Shugden (Bouddha Amoghasiddhi, l'agrégat des facteurs composants d'un bouddha) et Duldzin Dorje Shugden (Bouddha Akshobya, l'agrégat de la conscience d'un bouddha). Comme dans Guyasamaha, les cinq familles de Dorje Shugden sont accompagnées par neuf déesses ou grandes mères, huit moines bodhisattvas et dix gardiens courroucés.

[modifier] Conflit et implication de la Chine

Dans les années 90, le Dalaï Lama ayant publiquement désapprouvé la pratique de Shugden, le mouvement New kadampa tradition (NKT), fondé en Grande-Bretagne par Geshe Kelsang Gyatso a crée le Shugden Supporter Community (SSC) et organisé une campagne accusant le chef du gouvernement du Tibet en exil de persécution religieuse, ainsi que des manifestations lors de sa visite au Royaume Uni en 1996. En représaille, Geshe kelsang a été radié du monastère de Sera. En février 1997, la police indienne a attribué le meurtre à Dharamsala de trois lamas anti-Shugden à des partisans du mouvement qui auraient trouvé refuge et protection en Chine. Leur participation à ce crime n'a cependant pu etre établie [1], [2]. Geshe kelsang a condamné les meurtres.

Le gouvernement tibétain en exil a déclaré le 3 Octobre 2007 que "dans le but de miner la paix et l'harmonie entre les Tibétains, la Chine fournit un soutien politique et financier aux fidèles de Shugden au Tibet, en Inde et au Népal en particulier, et en général, à travers le globe. "[3]

En France, l'Union Bouddhiste de France ne reconnaît pas le mouvement New Kadampa.

[modifier] Notes et références

  1. Les mouvements contestés dans le bouddhisme
  2. The Tibetan Administration on Controversy Surrounding Dorjee Shugden Practice
  3. Central Tibetan Administration issues statement on Shugden followers from Tibet

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe



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