Dominique Sels

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Dominique Sels (née le 15 octobre 1959 à Paris) est un écrivain français.

Diplômée de mathématiques, de lettres classiques, d’histoire des sciences et d’épistémologie, elle vit de sa plume en écrivant pour de grandes entreprises.

Elle vit à Paris et poursuit son œuvre littéraire.

Les uns ont pensé que ces simples lignes suffisaient, les autres ont jugé qu’elles formaient « un article orphelin », c’est une invitation à le remplumer, en citant des noms de personnes. Voici donc : Dominique Sels est la petite-fille d’un constructeur d’avions de combat, Antoine Sels – compagnon d’études et de travail de Marcel Dassault, tous deux de la première promotion de l’Ecole Supérieure d’Aéronautique de Toulouse – et petite-fille aussi d’un professeur de médecine, gastro-entérologue, Roger Cattan, dont l’épouse était Suzanne Cattan, peintre et graveur. Elle est la fille de Michel Sels, chirurgien emporté par une leucémie trois ans après sa thèse, et de Nicole Sels, une Science-po qui a ensuite préféré les sciences humaines et a été, une dizaine d’années, bibliothécaire de l’École freudienne de Paris, l’institution fondée puis dissoute par Jacques Lacan ; Nicole a été ensuite bibliothécaire du Centre Louis Gernet (d’études sur les sociétés anciennes), auquel sont associés les noms de Jean-Pierre Vernant, Pierre Vidal-Naquet, Jeannie Carlier, Florence Dupont…

Enfant, Dominique regrette que sa mère, une fois de retour de la bibliothèque, continue de taper les séminaires de Lacan qui tapissent la maison, et de traduire pour celui-ci les choses qu’il lui a demandées. Et le cliquetis de l’Underwood de résonner dans les étages. Se sentant délaissée, Dominique finit par elle-même acheter une machine à écrire pour s’adresser à ce lecteur omnipotent qui exagère, c’est la structure d’Eden en friche, récit d’enfance et essai. Dans Les plus Beaux Diamants du monde (Notes de nuit), dont ce n’est pas le thème, elle donne pourtant - elle s’attache beaucoup à la poésie des personnes - un portrait sensible de Jacques Lacan venant de dissoudre son École, sous les traits du professeur Jacques Humbert.

Eden en friche (1990) est remarqué par Michel Crépu dans La Croix. Pierre Vidal-Naquet, grand orphelin, ayant perdu ses parents enfant, pendant la guerre, aime ce livre où il retrouve la chaleur et le réconfort d’une famille amie. Dominique Sels a beaucoup aimé l’école et l’université, qu’elle a fréquentée par périodes quand il valait mieux laisser reposer certains manuscrits. Dans la postface des Mots de l’amour arrivent d’Athènes, qui est une étude du vocabulaire de l’amour dans Le Banquet de Platon, elle rend hommage à ses professeurs de grec (Annick Lallemand et Anne Lebeau), mais aussi de chimie (Olivier Kahn) et de français (Anne Grandsenne). Pour elle « ces quatre personnes incarnent la joie de la pensée ».

Dominique Sels aime la musique. C’est un concert de free jazz en 1979 qui la décide à se consacrer à la littérature. Passion, free jazz et cruauté des amours libres, cette période a inspiré le roman Camarillo (Adios les seventies). Elle l’a écrit en partie hors de Paris, chez Anne-Lise Stern, qui a saisi que dans cette période critique Dominique avait nécessité de se mettre au vert. Ensuite, au début des années 80, elle rencontrera Steve Lacy, et pour longtemps se liera d'amitié avec lui. Amoureux de peinture et de littérature, ce musicien, qui traversa pendant une trentaine d'années la nuit de Paris, entraînait ses amis artistes dans son souffle créateur, les encourageant avec force, lors de spirituelles causeries qui enjambaient tous les arts - il en émanait l'injonction de créer des formes vivantes.

Dominique Sels s’avise ensuite qu’en peinture il existe un genre, peut-être non majeur mais nécessaire, qui consiste à se représenter le marchand d’art, l’individu qui est le lien de l’artiste avec la société (Ambroise Vollard, Alfred Bruyas…).. Elle est intriguée par le trou noir qu’on trouve à cette place en littérature, ça lui fait penser à ce roi de France qui appelait ses courtisans des carpes. Elle représente alors son éditeur et ami Michel Bernard, auteur de La Négresse muette et de Brouage) dans le personnage de Raphaël (dans Les plus Beaux Diamants du monde), un séducteur extraordinaire, baroque.

Camarillo (roman) forme avec Les plus beaux diamants du monde (notes de nuit) un diptyque de littérature amoureuse. Si c'était de la peinture, on parlerait de nu masculin, à propos de ce diptyque. Alors bien sûr, Les Mots de l'amour arrivent d’Athènes peuvent être rangés à côté. Sur la couverture de chacun de ces trois livres figure un taureau, symbole en Méditerranée de la fertilité masculine, civilisatrice (illustrations de couverture, respectivement : Picasso, Harunobu et Michèle Pierret). Un thème commun à ces trois livres est une certaine rivalité entre désir charnel et désir de parler. Dominique Sels est de ceux, ils doivent être plusieurs, qui se sont posé la question : « Qu’est-ce qu’on fait après Nathalie Sarraute ? ». On dirait que sa réponse à cette œuvre sans corps en est pour le moment un net contrepied.


[modifier] Bibliographie

  • Eden en friche, roman, Denoël, 1990.
  • Chère Indolente, roman, Denoël, 1991.
  • Ecrire pour conquérir, l’Atelier de Dauphine, propos tenus dans l’atelier de rédaction de l’université de Paris 9-Dauphine, Le Banquet de Frazé éditeur, 2004.
  • Camarillo, Adios les Seventies, roman, éditions de La Chambre au Loup, 2007.
  • Les plus Beaux Diamants du monde, notes de nuit, éditions de La Chambre au Loup, 2007.
  • Les Mots de l'amour arrivent d'Athènes (vocabulaire de l'amour dans Le Banquet de Platon, suivi du Portrait de Socrate), éditions de la Chambre au Loup, 2008.

[modifier] Lien externe