Disputatio

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Dans la scholastique médiévale, la disputatio était, avec la lectio, une des méthodes essentielle et omniprésente d'enseignement et de recherche, ainsi qu'une technique d'examen dans les universités à partir du début du XIIIe siècle. Le terme désignera progressivement ensuite les débats sur les sujets de théologie particulièrement à l'époque de la Réforme.

Sommaire

[modifier] La disputatio universitaire

A l'origine, la disputatio consistait en une discussion organisée selon un schéma dialectique sous la forme d'un débat oral entre plusieurs interlocuteurs, en général devant un auditoire et parfois en public. Le jour où une disputatio devait se tenir, les cours étaient suspendus. Les bacheliers de la faculté ainsi que les étudiants du maître devaient y assister.

Ce débat se déroulait en plusieurs étapes codifiées : la questio formulée sur un texte par le maître, un "opponens" y formulait des objections, auquel un "respondens" (en général un bachelier) était chargé d'opposer des contre-arguments de manière à créer un débat d'arguments. Une fois l'ensemble des arguments épuisés, le maître avançait une solution argumentée appelée la "determinatio" que pouvait suivre la réfutation des arguments avancés auparavant contre cette determinatio. Le maître concluait plusieurs jours plus tard par un determinatio magistralis qui donnait lieu à un rapport écrit (la questio disputatio) dans lequel n'était pas exposé les débats précédents.

La méthode de la disputatio ne dépendait pas des disciplines enseignées et « il apparaît qu’elle jou[ait] aussi un rôle important dans la recherche universitaire, soit au niveau d’un véritable débat autour d’une question nouvelle, soit par un échange écrit [1]». Les disputatio auxquelles prenaient part tous les maîtres et étudiants d'une faculté s'appelaient disputatio magistrorum. Il pouvait exister des "disputatio" plus solennelles, notamment pour sanctionner l'accession d'un étudiant au statut de maître.

Néanmoins, c'était les disputatio de quolibet qui en étaient la forme la plus solennelle. Elles ne se tenaient qu'exceptionnellement dans l'année, voire tous les deux ou trois ans. Les maîtres d'une université se proposaient de répondre à toute question[2] publique posée par l'assistance (quaestiones quodlibetales) dépassant pour la cause le cadre des seuls étudiants auxquels pouvaient se joindre des clercs de tous ordres ou des maîtres d'autres universités.

La disputatio orale disparaitra progressivement au profit d'une domination absolue de l’écrit sur l’oral, la place du maître devenant écrasante par rapport à celle des étudiants tels qu’ils participaient aux disputes.

[modifier] Évolution

[modifier] Notes et références

  1. Bernard Ribémont, «La ‘disputatio’ dans les Facultés des arts au Moyen Âge», Cahiers de recherches médiévales
  2. Le sujet pouvait être « n'importe quoi » : de quolibet ad voluntatem cuiiuslibet

[modifier] Bibliographie

[modifier] Ouvrages

  • B. C. Bazàn, G. Fransen, J. Wippel, D. Jacquart, Les questions disputées et les questions quodlibétiques dans les Facultés de théologie, de droit et de médecine, éd. Brepols, Turnhout, 1985.
  • Olga Weijers, "La ‘disputatio’ à la Faculté des arts de Paris (1200-1350 environ)", éd. Brepols, Turnhout, 1995
  • Olga Weijers, La ‘disputatio’ dans les Facultés des arts au Moyen Âge, éd. Brepols, Turnhout, 2002

[modifier] Articles

  • Olga Weijers, Quelques observations sur les divers emplois du terme disputatio, in Itinéraires de la raison, Louvain-la-Neuve, 2005, p. 35-48
  • Olga Weijers, De la joute dialectique à la dispute scolastique, in Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, Comptes rendus des séances de l’année 1999, Paris,

2000, p. 508-518

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources