Daniel Thaly

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Daniel THALY

Daniel Thaly naquit en 1880 à la Dominique, d'un père français et d'une mère anglaise. Après des études à Fort-de-France, il partit en Angleterre et termina ses études en France à la faculté de médecine de Toulouse. Il exerça en Dominique puis fut un certain temps conservateur de la bibliothèque Schoelcher de Fort-de-France. Très influencé par les Parnassiens, par Léon Dierx, Leconte de Lisle et Heredia, il livra au public une poésie généralement descriptive et exotique excluant toute préoccupation humaine et sociale.

Il publia plusieurs recueils:

- en 1900 : Lucioles et Cantharides,

- en 1905 : La clarté du Sud,

- en 1911 : Le Jardin des Tropiques et Chansons de mer et d'outre mer,

- en 1913 : Nostalgies françaises,

- en 1923 : L'Ile et le Voyage,

- en 1928 : Chants de l'Atlantique,

- et en 1932 : Héliotrope ou les Amants inconnus .

Daniel THALY s'est éteint en 1952. Si belle soit-elle esthétiquement parlant, l'oeuvre de THALY laisse un certain malaise : elle évoque complaisamment la splendeur antillaise, la majesté des paysages tropicaux, la fierté des Caraïbes, mais à aucun moment, il n'est fait mention de la communauté nègre, de ses souffrances, de ses peines.

Nostalgie Antillaise

Je suis né dans une île amoureuse du vent

Où l'air a des senteurs de sucre et de vanille

Et que berce au soleil du tropique mouvant

Le flot tiède et bleu de la mer des Antilles.


Sous les brises, au chant des arbres familiers,

J'ai vu les horizons où planent les frégates

Et respiré l'encens sauvage des halliers

Dans ses forêts pleines de fleurs et d'aromates.


Cent fois je suis monté sur ses mornes en feu

Pour voir à l'infini la mer splendide et nue

Ainsi qu'un grand désert mouvant de sable bleu

Border la perspective immense de la nue.


Contre ces souvenirs en vain je me défends

Je me souviens des airs que les femmes créoles

Disent au crépuscule à leurs petits enfants,

Car ma mère autrefois m'en apprit les paroles.


Et c'est pourquoi toujours mes rêves reviendront

Vers ses plages en feu ceintes de coquillages

Vers les arbres heureux qui parfument ses monts

Dans le balancement des fleurs et des feuillages.


Et c'est pourquoi du temps des hivers lamentables

Où des orgues jouaient au fond des vieilles cours,

Dans les jardins de France où meurent les érables

J'ai chanté ses forêts qui verdissent toujours.


O charme d'évoquer sous le ciel de Paris

Le souvenir pieux d'une enfance sereine

Et dans un Luxembourg aux parterres flétris

De respirer l'odeur d'une Antille lointaine!


O charme d'aborder en rêve au sol natal

Où pleure la chanson des longs filaos tristes

Et de revoir au fond du soir occidental

Flotter la lune rose au faîte des palmistes!


                Daniel THALY, Le Jardin des Tropiques, Edition du Beffroi.
                                                     Paris, Novembre 1907. 


Sources : DE SEL ET D'AZUR, Textes d'explication antillo-guyannais, de J. CORZANI, Ancien élève de l'E.N.S. de Saint-Cloud, Assistant agrégé au Centre d'Enseignement Supérieur Littéraire de Pointe-à-Pitre, Guadeloupe. EDITION HACHETTE / ANTILLES.