Déficit de l'attention

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Au Québec, le syndrome du déficit de l'attention représente le trouble neurodéveloppemental le plus fréquent chez les enfants d’âge scolaire. De 3% à 5% des enfants présenteraient des manifestations liées aux critères diagnostiques du DSM-IV. De plus, on compte six à neuf garçons pour une fille présentant ce trouble. Le diagnostic est passablement contesté du point de vue psychopathologique. Le méthylphénidate (Ritalin) et la dextroamphétamine (Dexedrine), sont les principaux stimulants du système nerveux central utilisés dans le traitement de ce syndrome en Amérique du Nord. Le nombre d’ordonnances est passé de 68 000 en 1993 à 215 000 en 1999. L’ordonnance de ces médicaments est un phénomène controversé qui inquiète les intervenants des milieux de la santé et de l’éducation. En effet, certains estiment que ces prescriptions servent à pallier le manque de ressources aux plans scolaire et médical pour assurer les interventions que nécessitent ces jeunes. Le traitement aux amphétamines est très controversé chez les pédo-psychiatres. Donner ainsi sans trop de discernement un stupéfiant à des enfants sur une durée qui va jusqu'à plusieurs années est un pari risqué qu'on aurait des raisons de faire avec les précautions minimum qui sont de mise pour n'importe quel autre psychotrope.

Selon l’ordre des psychologues du Québec et le Collège des médecins du Québec (2001), l’évaluation et le suivi de ces élèves devraient se faire selon une approche multidisciplinaire. Le psychologue scolaire est un intervenant de première ligne dans le processus d’évaluation et d’intervention auprès de ces jeunes. Il aurait intérêt à être formé en psychopathologie avant d'évaluer, d'encourager ou d'indiquer un psychotrope ce qui en principe n'est pas de son ressort.

Sommaire

[modifier] Rôle du psychologue dans l’Évaluation de l’élève présentant un TDA / H

Afin d’élaborer son impression diagnostique et le plan d’intervention adapté au jeune, le psychologue doit se faire une image assez précise de la situation de l’élève à l’école et à la maison. Afin d’y parvenir, il rencontre :

[modifier] Rencontre avec les parents

La rencontre avec les parents sert à identifier leurs préoccupations au sujet de leur enfant, leur perception de l’histoire scolaire de leur enfant, les comportements les plus dérangeants à la maison et les moyens utilisés pour y mettre un terme, la façon dont les devoirs et les leçons sont faits à la maison. Le système familial et la place de l’enfant au sein de celui-ci.

[modifier] Rencontre avec l’enseignant

Il est de plus en plus fréquent que l’enseignant réfère le jeune pour une évaluation de ce syndrome. Le psychologue doit donc établir un lien de confiance avec celui-ci et identifier ses besoins de soutien. Lors de leur rencontre, les thèmes abordés peuvent couvrir les notions de base sur la gestion d’élèves en trouble de comportement, les pratiques pédagogiques favorisant la prévention des troubles de comportements, le bulletin de l’enfant, les symptômes que présente l’élève et la distinction entre les symptômes reliés au TDA/H et d’autres troubles. Les comportements les plus dérangeants de l’élève et les moyens pris pour y mettre un terme sont établis. L’intégration sociale du jeune passe par la modification de l'environnement du jeune pour compenser en partie ses déficits.

[modifier] Rencontre avec l’élève

Un processus en trois étapes avec le jeune permet de compléter l’évaluation.

Lors d'une entrevue, le psychologue vérifie la présence d’indice de troubles de l'humeur ou anxieux, de problèmes familiaux ou de situation d’abus.

  • La conscience qu’a le jeune de ses difficultés et sa motivation à améliorer sa situation.
  • La part de contrôle sur ses comportements que se reconnaît le jeune.
  • Les personnes significatives dans l’entourage du jeune, ses intérêts (pouvant servir de renforcements positifs.)

Une évaluation psychométrique permet d'obtenir des échelles spécifiques basées sur les manifestations de troubles décrits dans le DSM-IV (par exemple, l’échelle d’Asselin et de Poulin) et spécifiques à l’identification du TDA/H (par exemple, l’échelle de Conner’s). Les échelles non spécifiques sont celles d'Achenback, l'EDC de Bullock et Wilson, l'indice de stress parental (ISP)

Les mesures de l'attention passent par un bilan neuropsychologique de l'enfant (Nepsy): mesures de l'inattention et de l'impulsivité (Stroop, CCPT Et KCPT de Conners, Visual Motor Integration Test de Beery). Dans certains cas, le psychologue peut aussi avoir à évaluer les capacités intellectuelles ou les troubles d’apprentissage de l’élève.

[modifier] Observation de l’élève à l’école

Cette étape permet d’identifier la fréquence, la persistance et l’intensité des comportements problématiques ainsi que les circonstances dans lesquelles ils apparaissent et les conditions qui les renforcent.

L’évaluation se termine par une synthèse des éléments recueillis lors de ces différentes étapes et une concertation entre le psychologue, le médecin et les autres intervenants, s’il y a lieu.

[modifier] Interventions auprès de l'élève présentant un TDA / H

Selon Sattler (2002), il existe plusieurs formes d'interventions conçues pour les enfants atteints de ce trouble.

[modifier] Interventions pharmacologiques

Les stimulants comme le Ritalin, le Dexedrine et le Cylert sont souvent utilisés dans le traitement du TDA/H. Ces médicaments comportent plusieurs bénéfices dont l'augmentation de l'attention, mais entraînent également certains effets secondaires (ex : perte d'appétit). La médication permet d'équilibrer les niveaux d'excitation et d'inhibition dans le système nerveux central et donne à l'enfant un meilleur contrôle sur ses comportements d'attention. Environ 60 % à 90 % des enfants atteints d'un TDA/H répondent positivement à l'utilisation de stimulants.

[modifier] Interventions behaviorales

L'utilisation de médication peut avoir des effets favorables dans plusieurs cas, mais ne peut pas être utilisée comme seule forme de traitement pour le TDA/H. Les interventions behaviorales peuvent être complémentaires à l'approche pharmacologique. Ces interventions consistent principalement à donner des renforcements positifs pour augmenter l'apparition de comportements appropriés et à retirer ces renforcements pour réduire les comportements inappropriés. L'attention accordée par l'enseignant ainsi que l'encouragement verbal peuvent améliorer les comportements de l'enfant en classe. De plus, une intervention basée sur un système de points peut également être très efficace pour diminuer les comportements inappropriés. L'aménagement de l'environnement fait aussi partie de ces interventions, on réduit les stimuli pouvant distraire l'enfant des tâches scolaires. Par exemple, on peut placer le pupitre de l'enfant à côté de l'enseignant, dos à une fenêtre.

[modifier] Interventions cognitives-behaviorales

Le but principal de l'intervention cognitive-behaviorale est d'aider l'enfant à augmenter sa capacité de penser avant d'agir et de tolérer un certain délai avant une gratification. Cependant, l'efficacité de ce type d'intervention, utilisée de façon isolée, n'a pas été démontrée.

[modifier] Interventions en milieu scolaire
  • Techniques de modification du comportement

Ces techniques sont aussi utilisées pour les élèves ayant des troubles de la conduite ou des troubles oppositionnels. Elles sont la base des interventions faites par l’enseignant. Un soutien doit être prévu pour aider ces derniers à encadrer l’élève.

  • Aide pédagogique

Cette intervention vise à aider l’élève dans les problèmes d’apprentissage qui surviennent souvent à cause de l’inattention et du rythme d’apprentissage lent accompagnant le TDA/H.

  • Organisation du travail

Des problèmes d’organisation du travail se retrouvent chez plusieurs élèves TDA/H. L’enseignement de séquences présentées sous forme de routine aide l’élève à devenir autonome dans son travail.

  • Organisation physique de la classe

Organiser l’environnement immédiat du jeune et de la classe selon ses forces et ses faiblesses favorise le bon fonctionnement de celui-ci.

  • Adaptation du matériel et du mode de présentation

Certaines façons de présenter le travail, de donner des explications et de faire les évaluations sont particulièrement aidantes pour ces jeunes.

  • Stimulation directe des capacités d’attention

Différents programmes de rééducation ou de stimulation de l’attention existent. Certains sont informatisés, comme le logiciel "l'attentionnel", d’autres font appel à l’entraînement des habiletés cognitives ou comportementales. Certains programmes s'adressant aux plus jeunes sont de type sensori-moteur. Le choix du programme devrait reposer sur l’évaluation des déficits de l’enfant selon le Collège des médecins et l’Ordre des psychologues du Québec (2001).

[modifier] Interventions familiales

Les parents d'un enfant ayant un TDA/H peuvent s'inscrire à des programmes d'entraînement qui les aideront à augmenter les comportements appropriés de leur enfant et à diminuer ses comportements inappropriés. Par exemple, les parents apprendront à identifier les facteurs annonçant un comportement inapproprié, comment gérer ce comportement et comment renforcer les comportements positifs. De plus, il est important pour les parents de choisir un programme de modification du comportement qui est identique ou très semblable à celui utilisé en classe pour assurer une continuité dans les demandes auxquelles l'enfant doit répondre.