Discuter:Culpabilité

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'article me semble à la limite scandaleux, il témoigne à tout le moins d'un désastre conceptuel. La culpabilité est l'état de celui (ou celle) qui est coupable, pas de ce celui qui se sent coupable, ni du reste forcément de celui qui est reconnu coupable.

La très grande part attribuée à la psychanalyse dans la rédaction explique peut-être le désastre.

On peut comprendre que les psychologues s'intéressent davantage aux émotions qu'à la réalité : un malade imaginaire ne souffre sans doute pas tellement moins qu'un vrai malade. Mais à gommer la distinction entre les deux, on ne facilite pas le travail du médecin. Le sentiment de quelque chose n'est pas cette chose, pas plus que le concept d'une chose ou que le nom d'une chose ; le mot "chien" n'aboie pas, on ne peut pas s'asseoir sur le concept de chaise, et le sentiment d'insécurité n'est que faiblement corrélé avec l'insécurité réelle.

Qu'on mette "sentiment de culpabilité" pour ce dont parle la psychanalyse, et je n'aurai pas d'objections autres que celles que j'ai de façon générale vis-à-vis de cette discipline ; nous pourrons discuter tranquillement. Tel que c'est, ça me semble limite nouvlangue d'Orwell. Vous ne trouverez pas un seul dictionnaire d'usage général qui ne distingue "sentiment de culpabilité" et "culpabilité" tout court. Même le Laplache et Pontalis fait la différence : il ne comporte pas d'article "culpabilité", en quoi il a raison puisque ce n'est pas par lui-même un terme psychanalytique. Je veux bien que la langue évolue, mais ni dans le sens d'un appauvrissement, ni dans celui d'une confiscation au profit d'un point de vue particulier.

On peut faire une remarque analogue pour la partie "droit pénal" : l'auteur mélange là la culpabilité et sa constatation par un tribunal, le jugement. Assimiler les deux, c'est s'interdire de même penser la notion d'erreur judiciaire : est vrai ce que décide la cour, point barre. Il se peut du reste que ce soit là une tendance, les affaires d'Outreau et de Montmirail vont dans ce sens. La présomption d'innocence est à ce point méconnue que les journalistes parlent régulièrement de "présumé coupable" pour dire "suspect". Personne n'est ni vraiment innocent ni vraiment coupable, n'est-ce pas ; jugeons donc de façon à ce que le public se sente en sécurité, et tant pis pour le bouc émissaire.

On voit bien là le danger d'un point de vue subjectiviste extrême genre Protagoras, pour qui l'homme est la mesure de toutes choses. Hélas, la réalité n'a pas toujours le bon goût de se conformer à nos désirs ; le psychanalystes devraient le savoir, me semble-t-il... À réduire ainsi le réel au ressenti, le subjectivisme risque de mener au totalitarisme, puisqu'il s'agira de réaliser l'accord des sentiments y compris intimes.

La version anglaise de l'article contient des traces d'une mise en garde analogue à la mienne. Quant à la version allemande, elle me semble exemplaire ; je suggère de s'en inspirer.

--Jbaagoe 10 octobre 2006 à 08:21 (CEST)

En en faisant une page d'homonymie (disambiguation) on résoud le problème. Maintenant, on peut s'inspirer des articles anglais correspondants pour développer les deux sous articles. Ca me semble honnête, comme "tranchage de noeud gordien" ! --AuxNoisettes 10 décembre 2006 à 17:54 (CET)