Crises frontalières et dépeçage de la Chine

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Les années 1860 à 1899 suivant les guerres de l’opium vont être marquées par la pénétration des puissances étrangères en Chine sur les côtes, mais aussi plus profondément à l’intérieur. On assiste à l'émergence d’une nouvelle puissance : le Japon.

Sommaire

[modifier] Les crises des régions frontalières : le rôle du Japon, du Royaume-Uni et de la Russie

le territoire de l'empire est attaqué sur la façade maritime du Sud-est ainsi qu'aux confins du Sud-ouest, du Nord-ouest et du Nord-est.

[modifier] La façade maritime du Sud-est et le Japon

On parle de l’île de Taïwan, objet de la convoitise des USA vers 1847 puisque des marins en avaient évalué les richesses en charbon pour les bateaux. Ils avaient en 1867 essayé de débarquer en force sur l'île, mais avaient été repoussés par les autochtones. Les Japonais s’y intéressaient depuis longtemps du fait de la proximité géographique : en mai 1874, les aborigènes résistèrent aux Japonais avec l’aide de marins chinois du continent. Les Britanniques et les Américains s'étant posés en médiateurs, le gouvernement chinois ne poussa pas plus avant son avantage et accepta de faire une concession aux Japonais pourtant défaits, leur versant selon les termes du traité de Beijing (octobre 1874) 500 000 liang afin qu'ils renoncent à Taïwan et repartent. Les Japonais modifièrent la vassalité des îles Ryūkyū.

[modifier] Les confins du Sud-ouest et le Royaume-Uni

En 1852, les Britanniques avaient effectué dans le Sud-est des reconnaissances de terrain afin de déterminer comment acheminer au mieux les marchandises dans la province du Yunnan. En 1874, quand le Japon s’attaque à Taïwan, une unité britannique en provenance de Birmanie (200 hommes) tente de pénétrer dans la province. Un représentant britannique en place à Beijing envoie une délégation à sa rencontre. En février 1875, l’interprète de cette délégation est trucidé. Les Britanniques réagissent à cet affront et menacent la Chine de représailles. En septembre 1876, les Chinois signent le traité de Yantai dont voici les principaux points :

  • Le Royaume-Uni obtient le droit d’envoyer des émissaires qui seront chargés d’établir sur place des contrats.
  • 4 localités supplémentaires somt ouvertes au commerce international (Wuhan, Wenzhou, Bohai, Yizhang)
  • Le Royaume-Uni est autorisée à envoyer des agents en Inde et au Tibet en passant par la Chine.

[modifier] Les confins du Nord-ouest et du Nord-est et la Russie

Dans le cadre de sa politique d’expansionnisme, la Russie impériale veut mettre la main sur le Xinjiang qu’ils possèdent déjà en partie en 1864 ainsi que sur la région de l'Amour, laissée à l'empire chinois au Traité de Nertchinsk. En 1860, au Traité d'Aigun, la Russie fait main basse sur la rive gauche de l'Amour, et sur l'île de Sakhaline, accédant ainsi à la mer d'Okhotsk, et à la mer du Japon. En 1870, ils continuent de s’étendre au Nord-ouest et, de fil en aiguille, s’adjugent encore 500 000 km² en 1892. En 1881 le Traité de St Petersbourg leur assure d’importantes prérogatives économiques et politiques.

[modifier] La guerre franco-chinoise

Icône de détail Article détaillé : guerre franco-chinoise.

Deux régions intéressent les Français : le Tonkin et l’Annam qui font partie du Vietnam.

[modifier] Première tentative d'annexion française du Tonkin

Les Français s’y intéressent depuis 1866 parce que via le fleuve Rouge, ils peuvent accéder directement à l’intérieur de la Chine. En 1873, une tentative d’annexion échoue et la France renonce. Les choses changent avec la Troisième République (1879-1889). Avec Gambetta, puis Jules Ferry, les Français lorgnent de nouveau sur le Tonkin avec une volonté d’expansion.

[modifier] L’annexion du Tonkin par la France

En 1883, les Français cherchent de nouveau à s’emparer du Tonkin alors sous contrôle de l'empereur d’Annam. Le conflit tourne à l’avantage de la France, l’Annam et le Tonkin passent ainsi sous protectorat français, qui maintient le principe de la souveraineté indigène. Or, les Chinois prétendent à une suzeraineté sur l’Annam. La Chine refuse donc la convention, d’où un conflit franco-chinois qui devient en juin 1884 un affrontement armé.

[modifier] La guerre franco-chinoise et ses conséquences

Tout d'abord, les Français ont l'avantage total :

  • Attaque de Taïwan et débarquement à Taïpei
  • Sous les ordres de Courbet, attaque de l’arsenal de Fuzhou

Forte de son succès, la France réclame le Tonkin au cours de négociations secrètes et renonce à l’indemnité. Mais un petit incident remet le feu aux poudres.
Une petite bataille à Lang Son au Nord du Tonkin se solde par une victoire chinoise, mais les Français reprennent l'avantage le 30 mars 1885. Les Chinois acceptent toutes les conditions. Le 4 avril, le traité de Tianjin est signé, stipulant que la Chine renonce à l’Annam.
La France était déjà présente en Cochinchine et au Cambodge. Avec l’Annam (et le Laos), elle contrôle tout l’Est de la péninsule indochinoise. En 1891-93 est créée la Confédération indochinoise, composée de la Cochinchine et des quatre protectorats.

[modifier] La Guerre sino-japonaise (1894-1895)

Dix ans après ces évènements, un conflit similaire oppose la Chine et le Japon.

[modifier] Raisons et prétexte du conflit

Les Japonais s’intéressent à la Corée pour des raisons géostratégiques (menace potentielle de la part des coréens et des russes) et aussi pour ses ressources en minerai de fer. Une première tentative d'annexion avait échoué en 1882.

Au printemps 1894, un soulèvement paysan à lieu en Corée. Les dirigeants appellent la Chine à la rescousse. Trois mille hommes sont envoyés, mais quelques années avant un traité avait été conclu, selon lequel la Chine devait prévenir le Japon de toute action militaire en Corée. Le Japon envoie donc 18 000 hommes. Lorsque les Chinois arrivent, le soulèvement a déjà tourné court, mais les Japonais refusent de partir sous prétexte d’aider les Coréens. En juillet 1894, ils installent un gouvernement à leur solde et déclarent la guerre aux Chinois le 1er août.

[modifier] Le conflit

Il va durer six mois. Confrontés à une armée sophistiquée, les Chinois sont battus. En février 1895, les forces japonaises pénètrent sur le territoire chinois et entrent à Beijing. Le traité de Shimonoseki (nom d’un port Japonais) est signé. Cette victoire japonaise est une surprise pour les diplomaties européeennes qui voyaient encore le Japon comme un pays médiéval, plus petit et donc moins puissant que la Chine. L'Occident découvre qu'il devra compter avec la puissance Japonaise.

[modifier] Le règlement du conflit et la paix de Shimonoseki

Selon le traité de Shimonoseki signé le 17 avril 1895, la Chine accepte les conditions suivantes :

  1. Elle renonce à toute influence en Corée.
  2. Elle cède au Japon plusieurs territoires : péninsule de Liaodong, Lüshun (Port-Arthur), Taiwan et les îles Penghu
  3. Elle s’engage à verser au Japon sur 8 ans une indemnité de 200 millions de liangs ; les Japonais occupent Weihaiwei dans le Shandong jusqu'au versement intégral.
  4. Elle accepte d’ouvrir au commerce extérieur plusieurs de ses villes : Shashi dans le Hubei, Chongqing, Suzhou dans le Jiangsu, Hangzhou dans le Zhejiang.
  5. Elle concède aux Japonais le droit de construire des usines commerciales dans les villes.

Vis-à-vis des autres puissances étrangères, le Japon, tout en se hissant au rang de l'Occident, apparait comme un nouveau concurrent économique.

[modifier] Le dépeçage de la Chine

Les puissances étrangères se partagent l'empire et acquièrent chacune une zone d’influence.

[modifier] Les puissances étrangères modèrent le traité de Shimonoseki

L’occupation de la péninsule du Liaodong par le Japon contrarie les Russes, qui ont des visées sur le Nord-est de la Chine. Depuis 1891 ils ont commencé à construire le Trans-sibérien et espèrent mettre la main sur Port-Arthur, mais le traité de Shimonoseki les oblige à y renoncer. Leurs troupes sont insuffisantes pour envisager une guerre avec les Japonais, aussi ont-ils recours à une solution diplomatique : convaincre les autres puissances de la nécessité d’une intervention commune pour limiter les ambitions japonaises en leur reprenant la péninsule. Les allemands et les français se rallient aux russes, mais les britanniques refusent d’intervenir contre le Japon. En avril 1895, les 3 pays demandent officiellement au Japon de renoncer au Liaodong. Le 7 mai 1895, le Japon accepte avec une condition : que les Chinois le leur rachètent 30 millions de liangs. Dès 1898, les Russes s’emparent de Port-Arthur, mais la Japon reprendra à la Russie ses possessions du Nord-Est après sa victoire dans la guerre russo-japonaise de 1904-1905.

[modifier] Les avantages économiques

En juillet 1895, un groupement de banques russes et françaises accordent un prêt de 100 millions de liangs à la Chine pour le rachat du Liaodong, des banques britanniques et allemandes également. En échange, la France obtient le droit de construire une voie ferrée reliant le Tonkin au Yunnan, d’exploiter des mines en Chine du Sud, et un régime préférentiel pour les droits de douane des marchandises en provenance du Tonkin. Le Royaume-Uni obtient la promesse de garder l’administration des douanes maritimes.

[modifier] Les avantages territoriaux

En 1898, les puissances étrangères passent des accords pour la répartition des zones d’influence :

  • l’Allemagne s’empare du Shandong et de la basse vallée du Fleuve jaune.
  • la Russie obtiennent la Chine du Nord-est et la Mongolie.
  • la France et le Royaume-Uni obtiennent la Chine du sud-ouest
  • le Royaume-Uni ajoute à sa zone d'influence le Tibet et le bassin du Yang Tse.
  • le Japon contrôle la province du Fujian.

[modifier] La politique américaine de la « porte ouverte »

Les États-Unis ne sont pas là au moment du partage. En 1898, ils font la guerre à l’Espagne à propos de Cuba. Cuba deviendra indépendant et les Espagnols cèdent les Philippines aux États-Unis, qui deviennent donc une puissance asiatique. A ce titre, le 6 septembre 1899, ils adressent une note aux puissances occupant la Chine, dans laquelle ils exposent la politique de la porte ouverte, c’est-à-dire que l'intégrité territoriale et administrative de la Chine doit être préservée et que leur accès aux ports de traité ne doit pas être compromis. Les Américains veulent lutter contre les tarifs préférentiels, pour les voies ferrées et les ports par exemple. Les puissances étrangères vont tout d'abord atermoyer en répondant chacune qu'elles ne peuvent accéder à la demande américaine sans avoir consulté les autres. Finalement, en mars 1900, les États-Unis proclament unilatéralement l'acceptation de leurs demandes. Seul le Japon conteste ce fait, la "politique de la porte ouverte" entre donc en application.