Couloir de Gaube

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Le couloir de Gaube est la faille profonde qui divise la face nord du Vignemale, dans les Pyrénées.

La face nord du Vignemale en hiver
La face nord du Vignemale en hiver

Le Couloir de Gaube est une fascinante et provocante cheminée de neige et de glace, ouverte dans la paroi nord du Vignemale, vertigineuse et haute de 600 mètres. Ainsi le définit Henri Brulle. Le couloir de Gaube sépare la Pique-Longue (sommet principal du Vignemale) du Piton carré. Un couloir divergent s'en détache, formant la barre gauche d'un Y et appelé pour cela couloir du Y, entre le Piton carré et la pointe Chausenque.

Le couloir part du glacier des Oulettes. Étant donné sa position en face nord et son encaissement, il est en permanence gelé, et sa pente, très forte, va en s'accentuant.

[modifier] Première ascension

La première ascension du Vignemale par le couloir de Gaube est donc un exploit, le plus grand sans doute dans l'histoire du pyrénéisme naissant. Le 1889, Henri Brulle décide de relever ce défi. Avec ses amis Jean Bazillac, Roger de Monts, et les guides de Gavarnie Célestin Passet et François Bernat-Salles, ils attaquent l'ascension, qui multiplie les embûches, à commencer par le franchissement de la rimaye du glacier des Oulettes. Célestin Passet, en tête, taille des marches dans la glace avec son piolet, pendant des heures. En arrivant presque au débouché du couloir, ils se heurtent à un obstacle redoutable : un bloc coincé, haut de 5 à 6 mètres, couvert de glace, leur oppose une muraille apparemment infranchissable. À ce stade, redescendre représenterait une entreprise désespérée. Célestin s'attaque donc au bloc, taillant des marches dans une glace extrêmement dure. Brulle lui passe son piolet (le désormais historique Fleur de Gaube) qui facilite la tâche de Célestin. Il lui faudra pourtant deux heures d'efforts pour franchir ce passage. De Monts lâche prise et se retrouve suspendu à sa corde. Au-dessus, un mur de glace profondément entaillé par des cascades ne leur présente que peu de difficultés, et ils débouchent enfin dans l'entonnoir final, avec l'aide d'une corde lancée par les sentinelles qui étaient postées là (dans le but d'empêcher d'éventuels touristes de s'amuser à jeter des rochers, divertissement souvent pratiqué à l'époque). Célestin a taillé plus de 1300 marches. Il garde de cet exploit une légitime fierté et répète volontiers, quand on évoque devant lui une nouvelle tentative d'ascension du couloir, que personne après lui n'y réussira : « J'ai gardé la clé », dit-il. De là, ils gagnent le sommet de la Pique-Longue (3298 m), et redescendent par la voie normale du glacier d'Ossoue, jusqu'aux grottes Bellevue où Henry Russell les attend avec un grog bien chaud. Le comte apprécie modérément ces exploits d'acrobates : La prochaine fois, leur dit-il, il faudra le faire à reculons.

C'est ce qui se passe la prochaine fois : le 6 juin 1927, Jean Arlaud et Charles Laffont avaient franchi aisément le bloc coincé, mais furent arrêtés par un mur de glace infranchissable et durent, sinon reculer, du moins redescendre. Quarante-quatre ans après la première, la seconde ascension réussie fut celle de H. Barrio, J. Aussat et J. Loustaunau, le 13 juillet 1933, suivie le 15 par F. Cazalet, H. Lamathe, R. Ollivier et J. Senmartin. Les conditions de l'ascension dépendent donc étroitement de l'état de la glace dans la partie supérieure du couloir.

[modifier] Sources et bibliographie

  • Henri Béraldi, Cent ans aux Pyrénées, Paris, 1898-1904, sept volumes in-8°. Rééditions par « Les Amis du Livre Pyrénéen », Pau, 1977, puis par la « Librairie des Pyrénées et de Gascogne », Pau, 2001.
  • Robert Ollivier, Pyrénées centrales : Cauterets, Vignemale, Gavarnie, Guides Ollivier, FFM, GPHM, édition 1978.