Cougnou

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Le pain de Jésus ou cougnou est une viennoiserie typique de la Belgique et du nord de la France. On la consomme durant la période de la Saint-Nicolas et de Noël.

Un cougnou
Un cougnou

Le pain de Jésus est un pain brioché dont la forme rappelle celle de l'enfant Jésus emmailloté. Parfois, on ajoute à la pâte des raisins secs, des pépites de chocolat ou des grains de sucre. Il est habituellement donné aux enfants au matin de Noël mais aussi à la fête de la Saint-Martin. On l'accompagne souvent d'un bol ou d'une tasse de chocolat chaud. Ce pain semble être originaire de l'ancien Hainaut mais son usage se répandit dans toutes les provinces du sud des Pays-Bas bourguignons et en Principauté de Liège.

Sommaire

[modifier] Noms

L'expression pain de Jésus est largement inconnue, on préfère utiliser le nom local qui varie selon la région :

  • coquille dans la Flandre romane,
  • cougnole ou cugnole dans le Hainaut belge (Cognolle à Mons),
  • cougnou dans les provinces wallonophones et à Bruxelles,
  • quéniole ou cuniole dans le Hainaut français et le Cambraisis,
  • quénieu en Champagne, avec une forme un peu différente
    Un quénieu champenois
    Un quénieu champenois
  • volaeren ou folarts dans la Flandre flamingante (Dunkerque).

Le terme cougnou est le plus largement utilisé en Belgique, il est considéré avec cougnole comme des belgicismes par différents dictionnaires :

« Cougnou n.m. Wallon central, méridional et oriental. Bruxelles. Brioche de Noël.[1] »

Une quéniole du Valenciennois
Une quéniole du Valenciennois

Dans le Dictionnaire du patois de Lille de Pierre Legrand :

« Coquille, s. f. Gâteau de forme oblongue que petit Jésus met, le jour de Noël, sous l'oreiller des enfants qui ont été bien sages. J'ignore pourquoi l'on a donné ce nom à ce gâteau, mieux désigné à Cambrai, où on l'appelle quéniole ou cuniole, du latin cunæ, berceau, maillot, cunalis.[2] »

Dans le Dictionnaire rouchi-français de Gabriel Hécart

« Quéniole. V. kéniole. Dans le département de la Meurthe, ces gâteaux se nomment côgnés ; ils y ont la même figure qu'à Valenciennes et se donnent le jour de l'an.[3] »

[modifier] Décoration

Ronds de plâtre
Ronds de plâtre

Le pain de Jésus est souvent décoré, différemment selon la région. La tradition de la décoration vient par contre du pays flamand. On le décore dans de nombreux endroits avec des ronds en terre cuite comme dans le Hainaut, le Namurois et le Pays de Liège, ... En Flandre romane, particulièrement à Tournai, on le décore avec un "petit Jésus" en plâtre. On fait des incisions à la quéniole dans le Cambraisis. On trouve également des pains de Jésus décorés avec des fleurs, des morceaux de sucre quelques fois disposés en croix, des rubans, un enfant Jésus en sucre, ...

Le rond est traditionnellement fabriqué avec de la glaise de Baudour mais cette matière a progressivement été remplacée par le plâtre. Il a un nom particulier dans les parlers locaux, que ce soit dans les parlers wallons ou dans les parlers picards. On peut citer pour le wallon la botroûle à Charleroi, la mastele à Sombreffe, le fayu dans le pays de Liège mais aussi pour le picard la corone à Aubechies, le macaron à Boussu.

[modifier] Usage locaux

À Andenne, un jeu de cartes traditionnel appellé trairies permet de gagner des cougnous ainsi que des bûches de Noël. Ces trairies se déroulent la nuit de la Nativité, après la messe de minuit, dans les cafés et les boulangeries de la cité mosane, dans lesquels se rassemblent la population andennaise.

À Jodoigne, on dit que les cougnous sont distribués aux enfants par le « Petit Noël » (Ptit Noyé) durant la nuit de Noël.

[modifier] Proverbe

Dans la province de Liège, le mot cougnou est utilisé dans un proverbe déclarant que s'il fait doux à la Noël, il fera froid à Pâques : «Quand on mange les cougnous au soleil, on mange les cocognes [œufs de pâques] derrière le poêle[4]». Il existe également un proverbe similaire en wallon liégeois, mais avec des bouquettes : «Qwand on magne les bouquettes à l'houhe, on magne les cocognes ès 'l couleie.» (Quand on mange les crêpes à la porte [sur le seuil], on mange les œufs de Pâques au coin du feu).[5]

[modifier] Notes et références

  1. Willy Bal, Belgicismes: Inventaire des particularités lexicales du français en Belgique, De Boeck Université, Bruxelles, 1994, p. 50.
  2. Pierre Legrand, Dictionnaire du patois de Lille, Éd. Vanackere, Lille, 1856, 2e édition [lire en ligne]
  3. Gabriel Antoine Joseph Hécart, Dictionnaire rouchi-français, Éd. Lemaître, Valenciennes, 1834, 3e édition [lire en ligne]
  4. Robert Lartigue, Les Dictons météorologiques de nos campagnes, Éd. J.-P. Delarge, 1978, 127 p.
  5. Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne, Éd. J.-G. Carmanne, 1860, t. 4, p. 422.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

[modifier] Bibliographie

  • Philippe Saenen & Chantal van Gelderen, Les Trésors Gourmands de Wallonie, Éd. Renaissance Du Livre, Coll. "Saveurs gourmandes & art de vivre", 1999, p. 63-65 (ISBN 978-2804603199)
  • Jean-Pierre Ducastelle, Au pays des cougnous, cougnoles et coquilles La patisserie traditionnelle de noël et les ronds de cougnoles, Éd. Céfal, Coll. Tradition wallonne, 1990, 63 p.
  • Walter Ravez, Folklore de Tournai et du Tournaisis, Éd. Casterman, Tournai, 2e édition (1re édition en 1949), 1975.