Cordon sanitaire

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Le « cordon sanitaire » est le nom donné, en Belgique, au dispositif politique et médiatique visant à éviter que des partis politiques extrémistes (principalement d'extrême droite) ne se retrouvent dans une coalition au pouvoir.

Ce dispositif est mis en place en deux grands volets :

  1. le volet « politique » : il n'est basé sur aucun texte législatif, seuls des accords entre partis le maintiennent. Il consiste, pour les partis démocratiques, à éviter toute discussion ou coalition avec un parti extrémiste et à le maintenir dans l'opposition ;
  2. la volet « médiatique » : les médias doivent éviter de parler des partis extrémistes en termes positifs, ne pas donner la parole aux leaders extrémistes et mettre l'accent sur les éventuelles décisions judicaires à l'encontre de ces partis.

Le « cordon sanitaire » a ses partisans, pour qui ce dispositif évite de faire de la publicité à ces partis, partant du principe que certains d'entre eux sont déjà de suffisamment bon « communicants ». Une des mesures préconisées par les partisans de cette formule est d'ailleurs la suppression de la dotation publique des partis « liberticides ».Pour les opposants au cordon sanitaire,la censure qu'exercent les médias vis-a-vis de ces partis politiques est une atteinte à la liberté d'expression et de pensée.

Selon Jean-Marie Dedecker, le cordon sanitaire a l'effet pervers de victimiser l'extrême droite et par conséquent de la rendre plus populaire. Le cordon sanitaire a été rompu pour voter la loi de compétence universelle du 1er août 2003[1].

Mais il a aussi été rompu à d'autres reprises : médiatiquement, le cordon sanitaire est devenu quasi inexistant en Flandre (à l'exception du quotidien De Morgen). Politiquement, certaines brèches sont apparues il y a peu. En 2006, après les élections régionales et communautaires, le CD&V a négocié avec l'extrême droite flamande pour former un gouvernement.

Ainsi par exemple en fut-il lors d'un vote à la Chambre en juin 2006, vote portant sur une résolution du Vlaams Belang (extrême-droite flamande) demandant «de préparer le démembrement de la Belgique». Tous les partis flamands ont voté pour (voir article de La Libre Belgique à ce sujet).

En mars 2006, à Schoten, des libéraux flamands (VLD) ainsi que le CD&V (chrétiens-démocrates) ont affirmé ne pas refuser de gouverner avec le Vlaams Belang si cela s'avérait nécessaire pour conserver le maïorat. (voir article de La Libre Belgique à ce sujet).

Mais ce « cordon » a aussi ses opposants pour qui c'est un déni de démocratie (car cela revient selon eux à ne pas écouter les électeurs qui votent pour ces partis) de même qu'une diabolisation de ces mêmes partis.

En Belgique, le « cordon sanitaire » envers l'extrême droite est très présent en Wallonie, là où la Flandre a choisi de ne pas appliquer ce système sur le plan médiatique. Et le monde politique se demande si cette « non-gouvernance » de la part des partis flamands avec l'extrême droite flamande sera encore en place après les prochaines élections communales d'octobre 2006.

[modifier] Notes

  1. LeMonde.fr : « Pour arriver à leurs fins, les partis libéraux ont dû rechercher le soutien de l'opposition sociale-chrétienne flamande et des extrémistes de droite du Vlaams Blok (VB), une formation qu'un “cordon sanitaire” tentait, depuis des années, d'isoler. »