Combat des îles Cocos

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Bataille livrée le 9 novembre 1914, pendant la Première Guerre mondiale, dans l'Océan Indien, au large des îles Cocos, entre le croiseur australien Sydney, commandée par le capitaine John C.T. Glossop, et le croiseur léger allemand Emden, commandé par le capitaine (korvettenKapitän) Karl von Müller.

C'est le premier combat, dans ce conflit, de la jeune Marine australienne.

Sommaire

[modifier] Le film des événements

Le corsaire Emden menait depuis le début de la guerre une brillante guerre de corsaire dans l'océan Indien, coulant 18 navires marchands ainsi qu'un croiseur et un destroyer. L'amirauté britannique voulut mettre un terme aux exploits de ce fléau, lançant plusieurs navires aux trousses du corsaire.

Celui-ci atteint les îles Cocos dans l'intention de faire du charbon auprès d'un ravitailleur et de détruire la station télégraphique de l'Eastern Telegraph Company qui s'y trouve. Cette station était reliée à trois câbles sous-marins, vers l'Australie, l'Île Maurice et la Malaisie, justifiant son intérêt pour les Allemands. L'Emden envoie à terre un détachement, 47 hommes et 3 officiers sous la direction du commandant en second, le lieutenant de vaisseau H. von Mücke. La station n'a pas de moyens de défense, mais a cependant le temps d'envoyer un court SOS[1]. Par chance, pour les Britanniques, un convoi se trouve non loin, au nord. L'un des 4 croiseurs qui l'escortent, HMAS Sydney, est dérouté pour voir.

Il découvre l'insaisissable corsaire, dans le lagon, occupé à essayer de récupérer la troupe qu'il avait mis à terre.

Les vigies de l'allemand ont d'abord cru que l'arrivant était leur navire-ravitailleur[2]. La méprise reconnue, il appareille, abandonnant à terre ses marins[3]. Le combat s'engage à une distance d'environ 3000 mètres, favorisant d'entrée de jeu l'australien.

C'est l'Emden qui met les premiers coups au but, en détruisant un canon et le télémètre du Sidney. Mais l'artillerie du Sydney surpasse largement celle du corsaire. Celui-ci porte du 105 mm quand celui-là dispose de 152 mm. Il faut douze salves à l'australien pour régler son tir et en deux heures de combat, l'Emden sera touché près d'une centaine de fois.

L'Allemand désemparé finit par s'échouer pour éviter le naufrage. Constatant que le pavillon allemand n'a pas été amené bas, le capitaine Glossop, qui commande le Sidney, ordonne la réouverture du feu. Rapidement l'allemand hisse le drapeau blanc. Glossop dira par la suite qu'il s'est senti comme un meurtrier suite à cet ordre.

131 marins allemands perdirent la vie dans l'engagement et 65 furent blessés ; les Australiens déplorèrent la mort de trois d'entre eux et eurent huit blessés.

Le capitaine de corvette Müller, qui survécut à la bataille, quitta en dernier le pont ravagé de son navire et demeura prisonnier de guerre jusqu'à la fin du conflit.

Cet officier avait accompli sa tâche non seulement avec compétence mais aussi et surtout avec la plus grande humanité : les navires marchands attaqués n'étaient coulés qu'après que leurs équipages aient été transportés sains et saufs à bord de l'Emden pour être libérés ensuite dans les ports où ce dernier faisait relâche. Ce comportement lui valut le respect et l'estime de ses adversaires.

[modifier] Notes

  1. Ce qui n'empêche pas le directeur de la station de féliciter le lieutenant allemand pour la décoration à lui attribuée et dont il a déjà eu connaissance par une dépêche de l'agence Reuters. Signalons que les Anglais comme les Allemands louent chacun la courtoisie de l'autre partie
  2. Il s'agit d'une prise précédente, un navire charbonnier affrêté par l'Amirauté britannique, le Buresk, capturé le 27 septembre, avec 4 300 tonnes de charbon. Il arrivera sur les lieux, mais à la fin du combat et n'aura plus qu'à se saborder pour éviter la capture !
  3. Ceux-ci échapperont à la capture en fuyant sur une vieille goëlette de 123 tonnes à trois mâts, l'Ayesha. Leur odyssée durera près de 7 mois, mais ils finiront par rejoindre l'Allemagne en passant par l'Arabie et la Turquie. Von Mücke soulignera l'aide précieuse que les anglais de la station télégraphique lui auront apporté pour fuir au plus vite. Mais quand on découvre que les Anglais avaient enterré toutes les pièces de rechange nécessaires pour remettre en état les installations, on comprend mieux leur empressement à voir partir au plus vite les Allemands !...

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

  • Emden

http://www.worldwar1.co.uk/emden.html

Le rapport de von Muller sur le combat peut être consulté (en anglais) à l'adresse : http://www.gwpda.org/naval/emden.htm

  • Sydney

http://www.awm.gov.au/units/unit_12593.asp

[modifier] Sources

Outres celles données en bibliographie, les sources suivantes ont été utilisées :

  • Official history of Australia in the war of 1914-1918, vol 9, the Royal Australian navy; en particulier les chapitres VI & VII, ainsi que les annexes 17 & 18 (ces documents sont consultables ici [1])
  • H. von Mücke, L'équipage de l'Ayesha, Paris, 1929, Payot
    Aussi captivant qu'un roman d'aventures

[modifier] Bibliographie

  • Y. Buffetaut, La Grande Guerre sur mer, Nantes, Marine-Editions, 1999
  • P. Chack et J. J. Antier, Histoire maritime de la 1re Guerre mondiale, Paris, France-Empire, 1992
  • François-Emmanuel Brezet, La bataille des Falklands, Marines-Editions, 2002 (ISBN 2-909675-87-4)
    Contrairement à ce qu'annonce son titre, ce livre couvre tout le début de la Première Guerre mondiale