Collège de Montaigu

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Le Collège de Montaigu fut l’un des collèges constituants de la Faculté des Arts de l’Université de Paris. Le Collège (originalement, le « Collège des Aicels ») fut fondé en 1314 par Gilles I Aycelin de Montaigut, l’archevêque de Rouen, et, ruiné, fut restauré par son petit-neveu Pierre Aycelin de Montaigut, évêque de Nevers et évêque-duc de Laon et fut appelé en conséquence Collège de Montaigu. Il était situé rue des Sept-Voies.

En 1483 Jan Standonck prit charge d’un Collège encore ruiné et le fit prospérer. Fut l’un des centres les plus célèbres du préréforme catholique du XV siècle. Parmi les étudiants furent Erasme de Rotterdam, Jean Calvin et Ignace de Loyola (avant de partir pour le Collège Sainte-Barbe). Noël Beda en était principal en 1522. Standonck prescrivit un régime très sévère à la façon des Minimes de François de Paule.

Erasme, dans ses Colloques, se souvint du régime :

« Voici trente ans, écrivit-il dans les Colloques, j'ai vécu a Paris dans un collège... ou régnait Jean Standonck, homme d'intentions louables, mais tout a fait dépourvu de jugement. Se rappelant sa jeunesse, qu'il avait passée dans une extrême pauvreté, il ne négligeait pas les pauvres : on doit l’en approuver hautement. Et s'il s'était contenté d'alléger leur misère, de procurer à des jeunes gens les modestes ressources nécessaires à leurs études, il aurait mérite des louanges. Mais il se mit à son entreprise avec une autorité si dure, il les contraignit à un régime si rude, à de telles abstinences, à des veilles et des travaux si pénibles, que plusieurs d'entre eux, heureusement doués et qui donnaient les plus belles espérances, moururent ou devinrent, par sa faute, aveugles, fous ou lépreux, dès la première année d'essai : aucun ne resta sans courir quelque danger. N'est-ce pas de la barbarie envers le prochain ? Non content de ces rigueurs il leur fit porter la chape et la cagoule ; il leur interdit absolument l'usage de la viande... Au cœur de l'hiver, on les nourrissait d'un peu de pain, on leur faisait boire l'eau du puits, corrompue et dangereuse, quand le froid du matin ne l'avait pas gelée. J'en connais beaucoup qui, même aujourd'hui, ne peuvent se guérir des infirmités contractées à Montaigu. Il y avait quelques chambres basses dont le plâtre était moisi, et qu'empestait le voisinage des latrines. Personne ne les habita jamais sans y mourir ou prendre quelque maladie grave. Je ne parle pas de la cruauté avec laquelle on fouettait les écoliers, même innocents. On prétendait abattre ainsi l'orgueil; entendez par orgueil toute noblesse de nature, que l'on s'ingéniait à ruiner, pour rendre les adolescents aptes à la vie monastique... Combien on y dévorait d'oeufs pourris ! Combien on y buvait du vin gâté !»

  • Erasmi Opera, 426, I, Colloquia : ; p. 806 et suiv. trd par Augustin Renaudet Préréforme et Humanisme à Paris pp267-8
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