Coacoachou

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Coacoachou est le nom d'une baie et d'un lac de la Basse-Côte-Nord du Québec.

Le lac Coacoachou, octobre 1992
Le lac Coacoachou, octobre 1992

Située à 16 milles nautiques au sud-ouest du village de La Romaine et à 28 milles au nord-ouest de celui de Chevery, la baie Coacoachou s’ouvre au milieu de la zone la plus sauvage de la Basse-Côte-Nord du Québec. Excepté l’hydravion, le seul moyen de transport pour y accéder est le bateau, en suivant la côte. « Défendue des houles du large par de nombreux îlots » (Henry de Puyjalon), la baie Coacoachou s’enfonce profondément dans les terres et communique avec la chaîne des lacs du même nom qui donne accès, beaucoup plus au nord, à Goose Bay, dans la baie de Melville. En montagnais, son nom signifie « le lac de la demeure du carcajou » (Kuekuâtsheunakâp Nipi), un animal mythique pour les Amérindiens, disparu de ces régions depuis de longues années (Gulo luscus, le glouton, un Mustélidé).

Porte majestueuse qui fait communiquer le golfe du Saint-Laurent (uînipekut) avec les immensités forestières et lacustres de la péninsule du Québec – Labrador (nûtshîmit), la baie et la chaîne des lacs Coacoachou offrent au naturaliste un panorama complet de la végétation et de la faune de ces régions complémentaires.

Ce chemin qui passe par les lacs, les rivières, les forêts et la toundra porte aussi, pour celui qui a le goût et la patience de les découvrir, les traces d’une présence humaine très ancienne. C’est en quelque sorte le monument secret, inscrit dans le paysage, des peuples migrateurs qui arrivèrent dans la péninsule il y a près de 10.000 ans, après la fonte des glaciers quaternaires. Ce réseau de sentiers, de chemins de portage et d’itinéraires à travers les lacs et les rivières, ne figure pas sur les cartes et il est invisible au voyageur moderne qui survole le pays en avion, à 8.000 mètres d’altitude.

Un canot ne laisse qu’une trace éphémère sur l’eau et la végétation repousse lentement sur les chemins de portage depuis la sédentarisation des dernières bandes amérindiennes, vers 1950. Ces itinéraires aux toponymes précis, qui ont permis aux hommes d’habiter et d’exploiter ces contrées sauvages durant des millénaires, s’effaceront un jour de la mémoire des plus âgés d’entre eux et le Québec – Labrador redeviendra alors ce qu’il était auparavant : un immense désert, solitaire et abandonné.

[modifier] Aperçu géographique

Baie Coacoachou

L’entrée de la baie Coacoachou est située au 50º 13’ de latitude Nord et au 60º 18’ de longitude Ouest. Mesurant environ 2,4 km de large, elle est peu visible du large, le relief ne dépassant pas 100 m au bord et 250 m plus en arrière. Lorsqu’on vient de La Romaine en chaloupe, on y pénètre habituellement en passant par les îlots Audubon. La houle ne tarde pas à s’affaiblir et les bord de la côte se rapprochent insensiblement. A tribord, au nord-est, se profilent les rochers et l’île Emery, nommés par Bayfield en mémoire du capitaine de la Ripley, la goélette d’Audubon. Entrant dans la baie Coacoachou, une première île, l’île du Crocodile (Kâ-nâhuâunuakâht, l’île aux foins jaunâtres), de petite taille, se présente à bâbord. Puis, à environ 4 km de l’entrée, une île plate, dénudée, l’île des Esquimaux. La baie s’élargit soudain et des anses s’enfoncent profondément à l’ouest et à l’est : c’est le lac à l’Ours. Au fond de la baie se dresse alors une île haute et grande, boisée, l’île du Cimetière (ou île du Fantôme), où l’on devine des restes de campements amérindiens. Puis le fond de la baie se rétrécit et se transforme en un rapide d’une centaine de mètres de large, qui communique avec le lac Salé (Atauînipeku Nipi : « le lac où vient la mer »), situé en amont. Le courant s’y renverse à chaque marée.

Lac Coacoachou

Situé dans le prolongement de la baie Coacoachou, le lac Coacoachou appartient à une chaîne de lacs qui conduit à la rivière Étamamiou, au nord. C’est l’antique voie d’accès des Montagnais de La Romaine à leurs territoires de chasse d’hiver. On accède au lac Coacoachou en suivant un chemin de portage (patakan) qui longe les rapides Uînipeku, au fond du lac Salé. Ce chemin débouche sur un lac rond, d’environ 1,1 km de diamètre, le lac Tshipitnauman (« lac bouché »). Longeant la rivière Coacoachou, un autre chemin de portage mène au lac Coacoachou. Le lac Coacoachou a une forme très allongée et mesure 14,4 km de long sur environ 1,2 km de large dans sa partie centrale. Son orientation sud-ouest – nord-est correspond à l’orientation générale du relief sur la Basse-Côte-Nord. Dans sa partie méridionale s’étendent la presqu’île Mahtihantskuapistatakuahk (« là où était la tente de suerie ») et l’île Hapeuiat (« l’île que l’on contourne en canot »). Les vents dominants soufflant généralement du nord-est, la route que suivent les canots longe la rive est du lac, là où le clapot est moindre. Derrière l’île Hapeuiat se trouvent les chutes de la rivière à la Martre qui communique avec la rivière Olomane, située à l’ouest, par l’intermédiaire du lac Mukuman kauatan (« le lac où il a perdu le couteau croche ») et le lac Maigret.


[modifier] Bibliographie

  • Pierre-Olivier Combelles. Introduction à l'histoire naturelle de la baie et du lac Coacoachou. Première partie: Le Naturaliste canadien, Vol. 125, N°1 (hiver 2001),deuxième partie: Vol. 125, N°2 (été 2001).
  • Commission de Toponymie du Québec. Noms et lieux du Québec - Dictionnaire illustré. Les Publications du Québec, 1994.