Clinique de La Borde

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La clinique de Cour-Cheverny (Loir-et-Cher) dite Clinique de La Borde est une clinique psychiatrique fondée en 1953 par le Dr Jean Oury qui a fortement contribué à développer la psychothérapie institutionnelle. Toujours dirigée par son fondateur ce lieu continue a recevoir des patients selon des mêmes principes et il est considéré comme une référence dans ce domaine.

Sommaire

[modifier] Éléments historiques

Jean Oury a raconté lui-même, dans une interview au journal Libération, les circonstances mémorables de la création de La Borde. Il dirigeait alors une autre clinique psychiatrique dans le même département, l'administration de l'établissement refusant de faire les travaux qui s'imposaient dans ce lieu, il part avec 33 malades, les sept restant n'étant pas en état de marcher, et ils errent : «À dormir à droite, à gauche dans des hôtels. Trouvant quelques jours refuge dans une maternité. Puis sur les routes. Jean Oury et ses malades ont erré deux semaines. Les infirmiers avec lui. Et, le 3 avril, ils débarquent dans le vieux château en ruine de La Borde.»

Les débuts furent particulièrement difficiles car l'équipe manquait cruellement de moyens matériel. Dans le numéro 21 de la revue Recherches consacré aux dix premières années de La Borde, on apprend que, les premiers temps, il n'y avait que deux voitures (privées) pour l'ensemble des transports des soignants et des patients alors que le village le plus proche est à quatre kilomètres et la ville à treize kilomètres.

Mais de cette pénurie le fondateur de La Borde et son équipe vont réussir à en faire un moteur. Appliquant complètement les principes de la psychothérapie institutionnelle les patients et les soignants se constituent en commissions chargées des divers aspects matériels de la vie collective.

Pour échapper au statut de clinique privée de luxe, Oury demande d'emblée à ce que l'établissement soit agréé par la sécurité sociale, ce qui est obtenu en juin. Les démarches sont également entreprises auprès de l'aide médicale gratuite de la SNCF, et autres grands organismes subventionneurs pour permettre aux patients de toutes les catégories sociales d'être pris en charge. Ce qui sera possible dans la mesure où l'activité de Jean Oury dans le département avait déjà été reconnu. Un agrément pour 29 lits lui est bientôt accordé alors que 30 patients sont déjà pris en charge.

Dans les dix mois suivants, les huit infirmiers de l'équipe fondatrice recevront l'appui d'une dizaine de personnes (cuisiniers, femmes de ménage, veilleuse de nuit, etc.) qu'il faudra former aux principes de la psychothérapie institutionnelle.

[modifier] Un lieu exemplaire de psychothérapie institutionnelle

Les principes de la psychothérapie institutionnelle sont exposés ailleurs, nous ne les reprenons pas ici. En accord avec ces principes La Borde fonctionne dès sa fondation sur la création de commissions où, ensemble, soignants et patients prennent en charge les problèmes matériels et décisionnels concernant le lieu de soin.

Selon les principes de la psychothérapie institutionnelle cette prise en charge commune a des effets thérapeutiques car les patients voient leur activité psychique déportée sur d'autres problèmes que leur mal de vivre et les échanges dans les commissions favorisent la réinsertion sociale, l'apprentissage de la vie en commun, l'acceptation de l'autre, l'apprentissage de la frustration.

Très vite La Borde connut une renommée nationale puis internationale. Attirant les meilleurs éléments chez les psychiatres ou les infirmiers en formation, l'établissement a connu une période d'essaimage :

  • C'est à La Borde que Félix Guattari qui y est arrivé jeune homme a travaillé toute sa vie.
  • C'est de cette clinique que Fernand Deligny est parti pour les Cévennes vivre avec des enfants autistes.
  • C'est de La Borde que le Dr Claude Jeangirard a créé la clinique de La Chesnaie et que, plus tard, le Dr René Bidault a fondé la clinique de Freschines.

Il existe en France 160 cliniques psychiatriques privées de type libéral. Toutes ne pratiquent pas la psychothérapie institutionnelle de façon systématique. Les prises en charge sont plus diversifiées notamment pour les dépressions, l'anorexie, la gérontopsychiatrie, etc. mais toutes ont subi l'influence de La Borde. Les cliniques psychiatriques de France sont représentées par l'UNCPSY, elle-même affiliée à la fédération de l'hospitalisation privée (FHP).

[modifier] La Borde aujourd'hui

La clinique de La Borde est toujours dirigée par Jean Oury. Sa capacité d'accueil est de 107 lits.

Par ailleurs la clinique comporte une structure dite hôpital de jour de 15 places.

La Borde est également fameuse pour les pièces de théâtre choisies parmi les grands classiques et montées tous les étés, aussi bien par des pensionnaires que par des soignants, Nicolas Phillibert en a fait un film, La moindre des choses.

[modifier] Bibliographie

  • Jean-Claude Polack, Danielle Sivadon, La Borde ou le Droit à la folie, Calmann-Lévy, Paris, 1976
  • Ginette Michaud La Borde… un pari nécessaire, Gaulthier-Villars, Paris, 1977
  • Recherches N° 21 Histoires de La Borde, mars-avril 1976
  • Antonella Santacroce, « La souffrance sans partage », Les Temps Modernes, n°582, 1995
  • Libération N° du 27 juin 1998, portrait de Jean Oury par Éric Favereau

[modifier] Filmographie

[modifier] Lien externe


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