Christian Boltanski

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Christian Boltanski est un plasticien français, né le 6 septembre 1944 à Paris. Photographe, sculpteur et cinéaste, connu avant tout pour ses installations, il se définit lui-même comme peintre, bien qu'il ait depuis longtemps abandonné ce médium.

Sommaire

[modifier] Biographie

Christian Boltanski est né à la fin de la Seconde Guerre mondiale dans une famille juive et il est resté marqué par le souvenir de l'Holocauste. Il commence à peindre en 1958, à l’âge de 14 ans, alors qu’il n’a jamais connu de véritable scolarité ni suivi de formation artistique au sens traditionnel du terme. La plupart des tableaux qu’il réalise alors sont en majeure partie de grands formats représentant des personnages dans des circonstances macabres ou bien encore des scènes d'histoire.

Boltanski s'éloigne de la peinture à partir de 1967 et expérimente l'écriture, par des lettres ou des dossiers qu'il envoie à des personnalités artistiques. Il intègre à son œuvre des éléments issus de son univers personnel, et sa propre biographie, réelle ou imaginaire, devient le thème principal de son œuvre.

Marié à l'artiste Annette Messager, Christian Boltanski est aujourd'hui reconnu comme l'un des principaux artistes contemporains français. Il enseigne à l'école nationale supérieure des beaux-arts de paris et vit à Malakoff.

[modifier] Œuvre

Boltanski cherche à communiquer de l’émotion dans toutes les expressions artistiques qu’il utilise : photos, cinéma, vidéo. Ses thèmes récurrents sont la mémoire, l’inconscient, l’enfance et la mort. Boltanski utilise une multitude de matériaux, que ce soit de la photographie, des objets trouvés, du carton ondulé, de la pâte à modeler, des luminaires, des bougies.

Une des particularités de Boltanski est sa capacité à reconstituer des instants de vie avec des objets qui ne lui ont jamais appartenu mais qu'il expose pourtant comme tels. Il raconte une vie qu’il prétend avoir vécu et tous les objets de ses dossiers, livres, collections et autres sont les dépositaires d’un souvenir auquel se rattache un pouvoir émotionnel fort, permettant à chaque individu de s’y reconnaître. Ces objets, il les met en scène non seulement dans l’espace mais également dans le temps, puisque chaque objet nous remémore un passé, un passé qui soit réel fictif ou encore personnel.
Ainsi les œuvres de Boltanski sont basées et font appel au souvenir, du souvenir d’enfance au souvenir des défunts, et d’une histoire personnelle à l’histoire commune de toutes et de tous. En 1972 lors d’une exposition il intitule une de ses sections « mythologie individuelle », ce qui caractérise et résume bien son œuvre.

Il travaille le thème de l’hallucination, là où absence et existence se confondent.

Il a mis en perspective dans certaines de ses vidéos les souffrances endurées par les juifs. Celles-ci expriment, sans aucun mot, l’horreur de la guerre. L’absence est un sujet récurrent dans son travail : la vidéo comme la photo sont des présences, des mémoires qui font revivre les absents.

Christian Boltanski est membre du Narrative Art. Ce mouvement revendique l'utilisation de la photographie ainsi que celle d'un texte. Ces deux utilisations sont bien séparées dans l'œuvre ; leur lien doit se faire par une relation mentale.

[modifier] Analyse d'œuvres

  • Christian Boltanski, L’homme qui tousse,(réalisé avec J.C Valesy),1969. Film 16 mm couleur, sonore. Durée : 3' (dans Les archives de C.B., enregistrement vidéo, Brigitte Cornard, Christian Boltanski, participant, 1998. )

Pour Boltanski, c’est le cinéma d’abord qui l’interpelle lorsqu’il réalise ce film. C’est la vérité amplifiée par le mouvement et le son. Mais il se rend compte que le côté spectaculaire d’un film arrive grossièrement au spectateur, (alors que l’immobilisme d’une photo se laisse interpréter avec des paramètres individuels, donc plus nuancés, selon l’individu qui le reçoit. Et en ce sens, la photo est plus proche de la vérité pour tout un chacun). Entrée dans une pièce vide et délabrée teintée de rouge et noir, ayant comme seule source de lumière celle du soleil en fin d’après midi, venant de la fenêtre au fond de la salle. La caméra filme en plongée, tremblante, un homme assis par terre, qui est en train de cracher du sang. Il est masqué par des bandelettes blanches, qui laissent seule la bouche visible.

La caméra fait un travelling avant et arrière sur ce personnage. On l’entend tousser fortement comme s'il allait vomir, et il se met à cracher des jets de sang sur lui-même, sang qui se déverse sur ses jambes allongées sur le sol. Il a l’air d’être séquestré ; un emprisonnement, une souffrance qui donne un sentiment de claustrophobie également pour le spectateur. Le caméraman qui bouge devant l’homme en gardant comme seul sujet celui-ci pendant trois minutes rend le film inquiétant, perturbateur, et met mal à l’aise le spectateur.

Boltanski veut donner l’impression que le personnage est un souffre-douleur, sur qui convergent les mauvais traitements, non seulement comme ici physiques, mais aussi psychologiques, peut-être en relation avec la mémoire de la guerre, ses aberrations, le dégoût qu’elle engendre. Il nous livre par ce film un sentiment de rejet d’évènements qui ont marqué l’histoire, et qui l’ont touché personnellement.

  • Christian Boltanski, Réserve, 1990.Installation, tissus, lampes, dimensions variables.

Cette œuvre représente une salle entièrement retapissée de vieux vêtements usagés, qui dégagent une odeur semblable à celle des vieux greniers, car cette œuvre a la particularité d'être aussi visuelle qu'olfactive. C'est en 1988 que commence le cheminement de cette œuvre ; au tout début Boltanski crée une œuvre intitulée Réserve Canada, qui n'est autre qu'une pièce faisant référence aux entrepôts dans lesquels les nazis entreposaient les affaires et autres objets des personnes déportées. L'usage qu'il fait des vêtements est donc directement lié au thème de la mort, comme l'est déjà la plupart de ses autres œuvres. C'est un moyen de signifier qu'il y a eu une vie, une histoire, un passage mais que ceci n'est plus et fait donc partie du passé. C'est à cet effet que Boltanski utilise les vêtements, dans la série des Réserves qu'il réalise précédemment à son oeuvre, Réserve Canada.

[modifier] Sélection d'œuvres

  • La chambre ovale, 1967
  • L'Homme qui tousse, 1969
  • Essai de reconstitution (Trois tiroirs), 1970-1971
  • Vitrine de référence, 1971
  • Saynètes comiques, 1974
  • Composition théâtrale, 1981
  • Enfants de Dijon [1], 1986
  • Les archives de C.B. 1965-1988, 1989
  • Réserve, 1990
  • Les Abonnés du téléphone , 2000

[modifier] Ecrits et témoignages

  • Christian Boltanski, La Vie impossible, Cologne, Walther König éditeur, 2001
  • Christian Boltanski, Kaddish, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, 1998

[modifier] Références

[modifier] Liens externes

  • Entretien avec Élisabeth Lebovici paru dans Libération daté des 1er-2 novembre 2003 et publié sur le site paris-art.com

[modifier] Bibliographie

[modifier] Essais

  • Gilbert Lascault, Boltanski : souvenance, Paris, L'Echoppe, 1998
  • Lynn Gumpert, Christian Boltanski, Paris, Flammarion, 1992
  • Didier Semin, Christian Boltanski, Paris, Editions Art Press, 1989
  • Alain Fleischer et Didier Semin, Christian Boltanski : la revanche de la maladresse, Art Press n°128, septembre 1988.
  • Eliane Burnet, Dépouilles et reliques, Les Réserves de Christian Boltanski, Les Cahiers du Musée National d'Art Moderne, n°62, hiver 1997-1998.
  • Catherine Grenier (avec Christian Boltanski), La vie possible de Christian Boltanski, Seuil, coll. Fiction & Cie, 2007

[modifier] Expositions

[modifier] Catalogues d'exposition

  • Christian Boltanski, Dernières années, Musée d'art moderne de la Ville de Paris, 1998
  • Christian Boltanski, Les Suisses morts, Musée cantonal des beaux-arts de Lausanne, 1993
  • Boltanski, Centre Pompidou, 1984
  • Christian Boltanski, Compositions, ARC-Musée d'art moderne de la Ville de Paris, 1981