Château de Salm

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Du château comtal de Salm, ne subsiste plus que des ruines assises dans la vallée de la Bruche, commune de La Broque, Bas-Rhin, Alsace (département des Vosges avant 1870).

Sommaire

[modifier] Histoire

Détail des ruines du château
Détail des ruines du château

Le château de Salm a été élevé entre 1205 et 1225 par Henri III, comte de Salm, sur le territoire de l'abbaye de Senones dont il était l'avoué. La famille de Salm était en ce début de XIIIe siècle l'une des plus puissantes de Lorraine. Son petit-fils Henri IV réorganisa les salines de Morhange ainsi que les forges de Framont situées à proximité du château, mais sa politique industrielle provoqua vers 1259 la réaction militaire de l'évêque de Metz qui occupe ses installations, obligeant le comte à lui vendre ses châteaux de Salm et de Pierre-Percée et à lui rendre ensuite hommage. En 1285, le trouvère lorrain Jacques Bretel passa plusieurs jours au château où il rencontra le comte Henri IV. Il consigna dans son œuvre le Tournoi de Chauvency son passage au château.

Le site connaît encore une occupation importante tout au long du XIVe siècle (activités de fonderie, de métallurgie et de poterie) et semble devoir être ensuite progressivement abandonné pour tomber en ruine après 1500. Il est cité ruiné en 1564. Le prince de Salm-Salm, descendant des comtes, est venu en visite au château en 1779, ainsi qu’en témoigne l’épitaphe d’un bas-relief. La ruine sert de "carrière" peu après l'annexion de la Principauté de Salm-Salm par la République et est bombardé par l'artillerie française lors des combats de 1914.

La ruine a été classée Monument Historique par l'Administration Impériale d'Alsace-Lorraine le 6 décembre 1898.

[modifier] Description

[modifier] Plan de la ruine

Construit à 809 m d’altitude sur une barre rocheuse de grès rouge d’orientation NE-SO, le château s’étend sur différents niveaux sur environ 120 m de long et sur 50 m de large. Le château primitif du XIIIe siècle constituant la Kernburg[1] était doté au SO d’un mur bouclier faisant face à l’attaque, derrière lequel s’abritait des bâtiments d’habitation et la citerne. Un palais (que signale la remarquable qualité architecturale des éléments ayant composés les baies) reposait contre la courtine NO que dominait sans doute le Bergfried [1] (tour refuge) construit sur le plus haut point du rocher (extrémité N). Au cours du XIVe siècle sans doute, le mur bouclier a été renforcé par une (ou deux ?) tour de flanquement avant qu’une tour-bouclier et une poterne ne soient construites à l’avant, peut-être au début du XVe siècle.

[modifier] Description de la ruine

Depuis 2004 les travaux de nettoyage et de réhabilitation du site par l’association des Veilleurs de Salm[2] — association placée sous l'égide des Services des Monuments Historiques (Région Alsace) — ont permis de mettre à jour des murs qu’on ne soupçonnait plus et de mieux comprendre localement la chronologie des constructions.

La lecture du plan de la ruine reste néanmoins très malaisée au regard de la pauvreté des vestiges subsistant où n’apparaissent que quelques éléments significatifs dont le donjon-bouclier, la chambre d’une citerne voûtée sur doubleau (cas rares en Alsace) et une poterne. L’analyse minutieuse de la ruine montre cependant la présence de larges basses-cours réalisées sans doute à partir du XIVe siècle, d’une barbacane et de plusieurs bâtiments intérieurs avec portes et fentes d’éclairage.

La tour-bouclier qui est arasée au niveau du premier étage comporte une large brèche artificielle (destruction ?). Elle est ainsi dénommée parce qu’elle était non seulement destinée à faire face aux canons de siège (l’épaisseur de mur s’élargissant progressivement pour atteindre 3 m d’épaisseur), mais aussi parce qu’elle cachait par sa masse le château construit en enfilade derrière elle.

Même si le plan et la chronologie de construction du château restent encore du domaine du tâtonnement et de la spéculation, l’assemblage des données et l’analyse du mobilier architectural gothique place ce château parmi les plus belles réalisations comtales subsistantes du XIIIe siècle de Lorraine et d’Alsace.

[modifier] Notes et références

  1. Wapedia : Kernburg (de)
  2. Site officiel du Château de Salm : L'Association Les Veilleurs de Salm

[modifier] Liens

[modifier] Bibliographie

  • Marc Brignon, La fin du château de Salm, Revue Lorraine (56), 1984.
  • Pierre de la Condamine, Salm en Vosges, nouvelle édition augmentée, Ed. du Palais Royal, Paris, 1974.
  • Dominique Dantan , Les châteaux de Salm et Pierre-Percée, maîtrise d’histoire, Université de Nancy II, 1984.
  • Danièle Erpelding, Actes des princes lorrains, 1re série, Actes des comtes de Salm, Université de Nancy II, UER de Recherche Régionale, 1979.
  • Gérard et Marie-Thérèse Fischer, La Broque, ancienne terre de Salm, 1988.
  • Denis Leypold, Contribution à la connaissance du château de Salm, données historiques et architecturales, L'Essor (139), 1988.
  • Denis Leypold, Nouvelles données historiques sur la château de Salm : le point sur sa construction, L'Essor (151), 1991.
  • Jean-Luc Pupier et collaborateurs, Senones à travers les âges, Bulletin des Amis de la Bibliothèque de Senones, n° 3, Senones, 1983.
  • Frédéric Seillière, Document pour servir à l'histoire de la Principauté de Salm en Vosges et de la Ville de Senones, sa capitale, réédition par les Editions Jean-Pierre Gyss, Strasbourg, 1982.
  • Histoire des terres de Salm, Société Philomatique Vosgienne, Saint Dié-des-Vosges, 1994.

48°27′11″N 7°8′24″E / 48.45306, 7.14