Château de Bois-Briand

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47°14′56.17″N 1°29′44.24″W / 47.2489361, -1.4956222

Château de Bois-Briand est une propriété située à Nantes. Le château de Bois-Briand, fondé au Moyen-Âge est apparu suffisamment légitime et agréable à ses voisins et occupants successifs que depuis 600 ans il ne s'en est pas trouvé un seul pour décider d'en détruire une seule partie. Ainsi, au cours des six derniers siècles, se sont ajoutés divers jardins et monuments pour aboutir, en 2008, à un ensemble composite classé « monument national ». Cette distinction fut acquise tant au titre de la guinguette du jardinier qu'à celui de l'histoire héroïque de ses propriétaires.

Au fil des siècles on retrouve la trace d'immigrants irlandais, de financiers de la Révolution Américaine, etc.

Sommaire

[modifier] Dénomination

Originellement, le château se nommait « Bois-Briant » ou « Bois-Brient ». On retrouve cette orthographe jusqu'au début du 20ème siècle. L'avenue qui menait au château se nommait, jusqu'en 1990 « Avenue de Bois-Briant ». Elle se nomme « rue du Bois-Briand » depuis qu'elle a pris le statut de voie communale.

[modifier] Situation géographique

Le château de Bois-Briand a été construit en 1405 sur les rives de la Loire, à l’embouchure de l’Aubinière. Depuis le XVe siècle la Loire a été repoussée jusqu’au port, actuel, de Bellevue.

Le château s’est trouvé, jusqu'en 1907, sur la paroisse, puis la commune de Doulon. Depuis le rattachement de Doulon à la ville de Nantes, Bois-Briand se trouve sur Nantes.

[modifier] Descriptif des lieux

Le château de Bois-Briand est au centre d'un domaine qui ne comporte plus qu'un hectare et demi de propriété privée. Il subsiste, par contre, un ensemble monumental et planté sur une surface d'environ dix hectares.

L'ensemble encore visible en 2008 comporte :

  • le manoir médiéval agrandi en maison de plaisance à la fin du XVIIème siècle
  • la ferme située au nord ouest du château
  • la maison du jardinier, située au sud-est du château
  • le miroir d'eau, canal construit à l'est du jardin à la française et du château. Ce miroir d'eau est flanqué de deux exèdres en banquette de pierre
  • les hauts murs fermant le jardin à la française, le mail de tilleul et la cour d'honneur du château
  • le bois situé au delà du ruisseau de l'Aubinière, sur la commune de Sainte-Luce sur Loire
  • la rue du Bois-Briand, nommée précédemment, avenue de Bois-Briant, menant de l'entrée nord (route de Paris) au Bois des Anses (rives de la Loire).

[modifier] Ouverture au public

Classé « monument national » en 1997, le domaine de Bois-Briand est ouvert au public les samedis et dimanches d'avril à septembre. La visite est assurée gratuitement par un guide-interprète-national en anglais et/ou en espagnol.

En dehors de ces périodes les visiteurs sont les bienvenus.

L'orangerie de Bois-Briand est ouverte tout au long de l'année pour des expositions de peinture, de sculpture, l'enregistrement de concerts, l'organisation de master classes de violon, l'enregistrement d'émissions de radio, de télévision et d'émissions pédagogiques de formation à distance. L'orangerie sert également d'enregistrement de réunions de travail pour des programmes de recherche et développement et des actions de coopération en association avec la Commission des Communautés Européennes et l'Unesco. Des ateliers sont à la disposition d'artistes pour des résidences dans le domaine musical, la littérature et les arts plastiques.

Les historiens et généalogistes sont invités à contribuer aux efforts des propriétaires de collecte d'informations sur l'histoire de la maison et de ses occupants successifs depuis le Moyen-Âge.

[modifier] Historique

Le château de Bois-Briand a été créé en 1405.

Il s'agissait, à l'origine, d'une maison construite sur les rives de la Loire. A l'occasion des inondations du 15ème siècle, les habitants se sont installés au premier étage en construisant une protection de terre autour de la maison.

Une coursière relie les chambres entre elles. Cette coursière, en bois, est démolie. Les portes sont bouchées. L'une d'entre elles sera ré-ouverte partiellement en 2006 dans « La chambre de Paul ». L'accès à la tour se fait par une porte ouvrant sur la cour d'honneur. Cette porte est murée. Elle sera ré-ouverte en 2008.

[modifier] XVIIe siècle

Au XVIIe siècle et au XVIIIe siècle, le manoir médiéval a été transformé en maison de plaisance et de rapport. Une façade classique et faussement symétrique fait oublier, côté Est, la base médiévale.

Dans le même temps, un jardin de carrée de 100 m² est construit. Une enceinte de hauts murs est bâtie sur laquelle sont plantés des poiriers en espalier.

Un bassin circulaire est installé au centre du jardin à la française tandis que l'un des côtés est aménagé en miroir d'eau de 19 mètres de largeur.

Un four est installé dans le bâtiment des communs pour y sécher les fruits. Les vignes sont exploitées entre le château et la Loire. Une partie de ces vignes subsiste, en bordure de l'Aubinière, près de la nouvelle maison de retraite de Sainte-Luce sur Loire.

A la cour médiévale succède une cour en pierres dressées chant contre chant. Cette cour présente en son milieu une allée de pavés de granite carrés. Cette allée mène au portail situé à un kilomètre, à la hauteur du périphérique actuel.

[modifier] XVIIIe siècle

Cette cour du XVIIe siècle est percée, au XVIIIe siècle par un caniveau de pavés de granite. Ce caniveau est destiné à approvisionner en eau du puits le bassin circulaire déplacé du jardin à la française (côté Est) vers la cour d'honneur élargie (côté Ouest).

1771, la chapelle du château est consacrée. Elle sera transformée en écurie au moment de la Révolution.

1789 - Pendant la période révolutionnaire, le propriétaire (Pierre-Léon Le Meneust) est réfugié dans sa propriété de Saint-Domingue. C'est un ancien militaire du Régiment de Normandie. Le Comité révolutionnaire local constate son absence depuis plus de 15 ans. Il décide l'évaluation et la vente de ses biens. Les portes de l'écurie et fenêtres de la chapelle sont bouchées. Les croisées de l'orangerie sont percées sur la façade sud du bâtiment édifié en 1771.

1906 - Rattachement de la commune de Doulon à la commune de Nantes.

1941-1945 - Occupation par l'armée allemande Le château est occupé par des officiers allemands tandis que les propriétaires doivent se réfugier dans les communs et sous les combles.

[modifier] Libération

Les anciens occupants allemands sont condamnés à refaire la toiture du bâtiment des communs (en ardoise au lieu de la tuile originelle). Ils sont aussi chargés de creuser un puits en aval du miroir d'eau. Ce puits sera comblé en 2006 lors des travaux d'aménagement de la promenade publique.

L'exploitation viticole et fructicole fait place, après la Deuxième Guerre Mondiale, à une exploitation maraîchère. En 1996, au moment du départ à la retraite du dernier maraîcher, la propriété est cédée à la famille Delalonde, propriétaires actuels.

En 1997, le Conseil Municipal de la Ville de Nantes vote la réalisation d'un lotissement dans le jardin à la française et la récupération par la Ville du Miroir d'eau et ses abords pour en faire un jardin public.

Depuis 1997, l'orangerie sert de cadre à l'enregistrement de disques, d'émissions de radio et à l'exposition de travaux d'artistes.

[modifier] Les familles de propriétaires

La liste de ses propriétaires successifs nous est connue. Elle permet de raconter l’histoire de Nantes à travers des personnages singuliers ayant contribué, même de façon modeste, à l'histoire de l’Europe et des États-Unis.

La famille de Charette a vécu longtemps à Bois-Briant. La branche Charette de Boisbriant s'est installée à Couffé où s'est développée la branche Charette de la Contrie (cf. le Général Athanase Charette de la Contrie, commandant de l’Armée Vendéenne).

La famille Le Meneust des Treilles a, également, longtemps vécu à Bois-Briant. Le président de la Cour des Comptes de Bretagne, en tant que propriétaire de Bois-Briant, est, peut-être, à l'origine des travaux d'extension du manoir médiéval et de construction du miroir d'eau.

La famille Gaigneron de Marolles s'est illustrée sous les traits de Laure, née en « Amérique Septemtrionale », décédée à Bois-Briant et inhumée au bout du parc du Grand Blottereau, dans le cimetière actuel de Doulon.

[modifier] Personnages importants

[modifier] Laure Gaigneron de Marolles

« 

Le 13 septembre 1829, à neuf heures du matin,
sont comparus devant nous,Monsieur Charles de Kersabiec, propriétaire, demeurant à Nantes, rue Malherbe (31 ans) et Joseph Millet, laboureur (42 ans),
demeurant au Bois-Briand en cette commune.
Ils ont déclaré qu’hier, à 5 heures du soir, est décédée au château du Boisbriand, demoiselle Rose-Louise Césarine Laure Gaigneron de Marolles, fille de Monsieur Joseph Nicolas Michel Gaigneron de Marolles et Dame Rose Anne Budan, propriétaire, née en 1801 à Elisabeth Town dans létat de la Nouvelle Jersey, Amérique Septentrionale et les comparants ont signé avec nous.

 »
    — Registre d’État Civil de Doulon

Charles de Kersabiec est le propriétaire du Grand-Blottereau.

En l’An VIII (1800), le Grand-Blottereau appartient à Siochan de Kersabiec, anobli aux USA (Cincinatus).

Le Grand-Blottereau sera vendu en 1823 à Law de Lauriston.

Camille Mellinet, dans son Histoire de la Musique, à Nantes, fait, ainsi, l’éloge funèbre de la jeune harpiste : « La mort l’arrêta dans une carrière dont nul ne pouvait prévoir l’avenir : elle mourût ! Elle qui alliait la noblesse de l’âme à la noblesse de famille, la pureté d’un ange au génie de l’homme ; elle, riche de tout ce qui devrait rendre heureux dans la vie: les dons de la fortune et ceux de l’intelligence, la tendresse inquiète de la famille et la bienfaisance discrète pour le pauvre, le culte pieux et la douce tolérance qui font pardonner la croyance par l’incrédulité même... Elle mourut; elle qui avait de si beaux jours devant ses regards... Lettres, sciences, beaux-arts, elle semblait avoir tout deviné plutôt que tout appris... C’était trop pour une femme si jeune encore, et Dieu sembla l’appeler à lui comme pour donner une mission divine à cette âme supérieure qu’il trouvait trop pure pour ce monde... ».

L’origine de la famille Jollimon Gaigneron de Marolles est tourangelle. Elle remonte à Jean Gaigneron, sieur de la Grandière, lieutenant particulier à Loches en 1454. Donc une famille originaire du Lochois, établie à la Martinique, semble-t’il avant 1650, dans le quartier du Lamentin, dont les alliances se font aussi bien avec la noblesse qu’avec la bourgeoisie commerçante, comme il arrivait souvent aux Antilles. Par ces alliances dans le milieu du négoce, cette famille tourangelle acquiert des attaches avec notre pays. Familles alliées : le Chevalier de Montespin (en Martinique), les Maupertuis, de Labbadie (oncle bordelais de Laure). Joseph Nicolas de Marolles a épousé Rose-Anne Budan, d’une famille de marchands nantais habitant la Fosse, qui a acheté vers 1750, une charge anoblissante de Conseiller du Roi - famille bourgeoise d’origine ancienne et qui fournit au XVIIIe siècle (1733) un échevin, juge-consul à la Ville de Nantes - une branche de cette famille est implantée à la Guadeloupe, d’où l’origine probable des biens du ménage - une autre branche, les Budan de Russé, habite le Saumurois. Une dame de Marolles a donné une grosse somme d’argent au Duc de Bouillé, gouverneur de la Martinique à l’intention des insurgés américains et pour financer une expédition pour leur venir en aide. Gilles Perrault a écrit un livre La revanche américaine sur cette époque. En remerciement, le roi Louis XVI a offert une pendule et un service de table (nappe) représentant la bataille de Fontenoy. Ce service est toujours chez Alain de Marolles. La famille avait servi Franklin et la cause de l’indépendance des Etats-Unis avec les Budan du Vivier, Leray de Chaumont, Gruel, Tessier, Peltier du Doyer, Monthieu, Penet, Dacosta de La Closille, Lincoln, Linsens, Poydras. Toutes ces familles se fréquentaient à Nantes et une grande solidarité les reliait. Des Marolles sont rentrés de Martinique du temps de Louis XVIII et se sont établis place du Palais Bourbon à Paris. Une soeur d’Hortense de Beauharnais a épousé un Marolles. Napoléon III est venu à Nantes à l’occasion de la communion de sa filleule. Une généalogie très détaillée se trouve à Fercé dans la propriété des Marolles (Sarthe).

Les Gaigneron de Marolles auraient vendu Bois-Briant aux Olivier Mairy.

[modifier] Monsieur de Chassiron

En 1800, Monsieur de Chassiron (époux de Julie Cossin qui décède à Bois-Briand en 1820) serait propriétaire du Bois-Briant (hypothèse à vérifier).

Le Marquis de Maubreuil défraya la chronique par ses exploits sous l'Empire et la Restauration. A l'occasion des travaux de réhabilitation du château de Maubreuil, en 2008, l'architecte Yves Steff découvrit divers documents attestant que Bois-Briand servit de modèle à la conception du château de Maubreuil. L'un des concepteurs de Maubreuil servit le roi de France comme corsaire.

Le marquis de Maubreuil emprunta beaucoup d'argent à ses amis de Chassiron-Murat. Ceux-ci devinrent peu à peu propriétaires de Maubreuil (à Carquefou), du Bois-Briant et des Thébaudières en Sainte-Luce.

Leur ami le négociant Sallentin, gros fournisseur de blé sous le Premier Empire, acquit la Barre de Riou et la Filonière. En 1815, Maubreuil devait 180 000 Francs à Félix Cossin.

Bien que lié à l'aristocratie par ses ancêtres, le marquis de Maubreuil fut un temps impérialiste et reçut Jérôme Bonaparte et ses amis Cossin et de Chassiron-Murat.

Maubreuil devint ensuite la propriété de marquis de Dion qui fut un des inventeurs de l'automobile.

Les biens des Le Meneust auraient été vendus au moment de la révolution après avoir été évalués par Ganuchaud et Pierre Loyen. Le 28 fructidor : « L'inscription sur une liste d'émigrés est-elle justifiée pour Pierre-Léon Meneust, ancien officier au régiment de Normandie, propriétaire à Saint-Domingue et domicilié à Paris"? Le 8 vendémiaire, réponse: "Pierre-Léon Meneust dit Bois-Briand, ancien officier au régiment de Normandie, possédant la terre de Bois-Briand n'a point eu de domicile en la commune depuis plus de 15 ans ». [1]. Le 29 fructidor an 7 (1799), le ministre de la police générale de la République au commissaire du Directoire exécutif du département de la Loire-Inférieure : « L'inscription de Pierre Jean Marie Meneust (ancien lieutenant de vaisseau) sur une liste d'émigrés propriétaires à Saint-Domingue et propriétaire à Paris correspond-t'elle bien à la réalité ? » [2]. Le 8 vendémiaire an 7 (1799). Réponse : « La notoriété publique est qu'il n'a point eu de domicile en la commune depuis plus de 15 ans. Ainsi, son inscription sur la dite liste tombe de droit ».

[modifier] Notes et références

  1. Source : Archive départementale D 44 Q 443
  2. Source : Archive départementale 44 Q 443

[modifier] Bibliographie

  • Histoire de la musique à Nantes de Camille Mellinet.

[modifier] Liens externes