Cerf Berr

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Cerf Berr, né en 1726 à Medelsheim (Allemagne) et mort à Strasbourg en 1793 fut le « préposé général » des Juifs d'Alsace et à ce titre un des grands acteurs de l'émancipation des Juifs de France. Il s'appelait Hirtz (ou Hirsch) Baer francisé en Cerf Berr lors de son établissement en France[1].

Il s'établit à Bischheim en Alsace et eut de sa femme Jüdel Weil 8 enfants dont Théodore qui joua un rôle lors des États Généraux et lors du Grand Sanhédrin convoqué par Napoléon.

Marchand de chevaux, il devient fournisseur aux armées pendant la guerre de 7 ans (1756-1763) et entre en contact avec le duc de Choiseul secrétaire d'état aux affaires étrangères. Dépositaire de sommes importantes appartenant à l'état, il obtient sur l'insistance de Choiseul et malgré l'opposition des magistrats, de pouvoir résider à Strasbourg dans une maison mieux protégée qu'à Bischheim, à une époque où les Juifs devaient quitter la ville au crépuscule. Ses droits de propriété y furent contestés par la ville jusqu'à la Révolution.

En 1765, il devient « préposé général » des Juifs d'Alsace, donc un de leurs quatre représentants vis-à-vis des autorités.

En 1775, en reconnaissance des services rendus, il obtient des lettres de naturalité (c'est-à-dire la naturalisation française).

Un de ses grands combats fut l'abrogation du péage corporel (leibzoll) qui frappait les Juifs d'Alsace. Il en obtint d'abord le fermage puis réussit à le faire abolir en 1784 moyennant le versement de 48000 livres à la ville de Strasbourg.

En 1786, il fonde la yechiva de Bischheim dont le premier directeur est son beau-frère le rabbin David Sintzheim, qui deviendra le premier grand rabbin du Consistoire central.

En relation avec Moïse Mendelssohn, il lui demande d'écrire un mémoire en faveur des Juifs. Celui-ci préfère que ce mémoire soit écrit par un non-juif, et s'adresse à J. Ch. Dohm qui publie « Uber die Bürgerlische Verbesserung der Juden » (De la réforme politique des juifs). Dohm influença énormément Mirabeau qui fait paraître « Sur Moses Mendelssohn, sur la réforme politique des Juifs »[2].

Il fut aussi en liaison avec Malesherbes quand celui-ci fit publier l'édit de 1787 qui généralisait l'état civil aux non-catholiques, mais qui ne put être enregistré tel quel pour les Juifs de Lorraine et d'Alsace (voir Le chemin vers l'émancipation des Juifs).

[modifier] Notes et références

  1. Grand Rabbin Warschawski, « Hirtz de Medelsheim dit CERF BERR, représentant de la « nation juive » d’Alsace (1726 - 1793) », Site internet du judaïsme d'Alsace et de Lorraine. Consulté le 19 janvier 2008
  2. Mirabeau, « Sur Moses Mendelssohn, sur la réforme politique des Juifs », 1787