Catoblépas

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Sommaire

[modifier] La bête fabuleuse

Le catoblépas (en grec ancien Κατοβλεπας / qui regarde vers le bas) est une bête fabuleuse (décrite par Pline l'Ancien) [1] dont la tête est très lourde ; elle est donc toujours inclinée vers le sol, car son cou est trop faible pour la porter, et c'est heureux car n'importe quel humain qui croise son regard meurt aussitôt.[2]

Paradoxalement, la lourdeur de sa tête ne provenait pas du volume de son cerveau, qui dépassait rarement celui d'un pois cassé. Il vivait sur les flancs du Mont Olympe où il se nourrissait de végétaux en déambulant de droite à gauche pour les mâles et de gauche à droite pour les femelles.

L'animal présentait un cas typique d'adaptation à l'environnement car les mâles avaient leurs jambes droites plus courtes que les jambes gauches, à l'inverse des femelles chez lesquelles cette disymétrie était inversée. Cela favorisait les rencontres en vue de la procréation de nouveaux catoblépas. Comme les flancs du Mont Olympe sont assez régulièrement pentus, pour brouter, il leur suffisait de tourner leur tête à gauche ou à droite, suivant leur sexe.

La lenteur des réactions de leur système nerveux faisait qu'ils ne se rendaient compte que trop tard quand ils mordaient leur propre queue. On pense que cela a provoqué l'extinction de l'espèce.

Cuvier a émis l'hypothèse que le gnou aurait inspiré aux Anciens une telle bête. La version moderne du catoblépas est le Dahu.

[modifier] Le catoblépas dans La Tentation de saint Antoine de Gustave Flaubert (version de 1874)

Première citation

Le Catoblépas, buffle noir, avec une tête de porc tombant jusqu'à terre, et rattachée à ses épaules par un cou mince, long et flasque comme un boyau vidé. Il est vautré tout à plat ; et ses pieds disparaissent sous l'énorme crinière à poils durs qui lui couvre le visage.

Gras, mélancolique, farouche, je reste continuellement à sentir sous mon ventre la chaleur de la boue. Mon crâne est tellement lourd qu'il m'est impossible de le porter. Je le roule autour de moi, lentement ; et la mâchoire entr'ouverte, j'arrache avec ma langue les herbes vénéneuses arrosées de mon haleine. Une fois, je me suis dévoré les pattes sans m'en apercevoir. Personne, Antoine, n'a jamais vu mes yeux, ou ceux qui les ont vus sont morts. Si je relevais mes paupières, - mes paupières roses et gonflées, - tout de suite, tu mourrais.

Seconde citation

Les Cynocéphales aboient, les Sciapodes se couchent, les Blemmyes travaillent, les Pygmées disputent, les Astomi sanglotent, la Licorne hennit, le Martichoras rugit, le Griffon piaffe, le Basilic siffle, le Phénix vole, le Sadhuzag pousse des sons, le Catoblépas soupire.

[modifier] Notes

  1. Histoire naturelle, (VIII,32)
  2. Jorge Luis Borges, Le livre des êtres imaginaires, p.183, L'Imaginaire, Gallimard, 1967

[modifier] Voir aussi

Le Catoblépas est un ennemi récurrent dans la série de jeu-vidéo Castlevania.