Castineta

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Castineta
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Pays
drapeau de la France
     France
Région Corse
Département Haute-Corse
Arrondissement Corte
Canton Castifao-Morosaglia
Code INSEE 2B082
Code postal 20218
Maire
Mandat en cours
Christian Chiaramonti
2008-2014
Intercommunalité sans
Latitude
Longitude
42° 25′ 24″ Nord
         9° 17′ 59″ Est
/ 42.4233333333, 9.29972222222
Altitudes moyenne : 800 m
minimale : 255 m
maximale : 1563 m
Superficie 915 ha = 9,15 km²
Population sans
doubles comptes
53 hab.
(1999)
Densité 5 hab./km²
Carte de localisation de Castineta
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Castineta, prononcé [ka∫tinε:da] (comme "kach'tinêê-da"), est une commune française, située dans le département de la Haute-Corse et la Collectivité Territoriale de Corse. Castineta est situé dans la pieve du Rustinu et en pleine Castagniccia.

Etymologie :

Le terme signifie, en corse, "lieu planté de châtaigniers". Appellation heureuse pour ce village situé au coeur du Rustinu et de la Castagniccia.

Le village est partagé en deux parties : U Suttanu et U Supranu ( en Français : le bas et le Haut ) [1] . C'est un village typique du centre de la Corse avec ses toits en Lauzes (en corse teghje).

Un hameau, A Mazza, situé en contrebas, dans les châtaigniers, a été presque entièrement restauré. Sur son piton rocheux, il domine toute la partie basse de la "conque" de la rivière Conca-Prunitacciu. Sa vieille tour verrouille le noeud des chemins muletiers qui, d'une part, relient tous les villages du Rustinu situés dans ce bassin, et d'autre part, relient tous ces villages à la basse vallée. Inquiétante et mystérieuse la tour a toujours intrigué les voyageurs qui traversaient ce village, autrefois désert.

Un quatrième hameau, U Vallu, minuscule mais sans doute chargé d'histoire, est situé au fond de la vallée, non loin du site préhistorique de Rusiuminò ("Castellu di Rusumini"), et comme lui, ce village verrouillait, vers le bas, l'accès de l'ensemble des deux pievi jumelles : les Vallerustie et le Rustinu.

Le village a obtenu en 2007, la distinction de village fleuri.

Sommaire

[modifier] Géographie

[modifier] Histoire

  • Préhistoire : cf. Lieux et monuments
  • XVIIIe siècle : cf. Personnalités liées à la commune

[modifier] Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
2008 Christian Chiaramonti Maire
Aout 1976 Jean Marc Gianmarchi Maire
Toutes les données ne sont pas encore connues.

[modifier] Démographie

Évolution démographique
(Source : INSEE[2])
1962 1968 1975 1982 1990 1999
74 63 45 37 31 53
Nombre retenu à partir de 1962 : population sans doubles comptes

[modifier] Lieux et monuments

  • A visiter: l'église et la fontaine situées à U Supranu mais aussi les "deux villages" en général pour le charme typique.
  • Site préhistorique Castellu di Rusumini ( ou Rusiuminò ) [3].

Ce site, signalé sur les cartes, a été fouillé par Jacques Magdeleine et Jean-Claude Ottaviani. Ses deux monuments turriformes, rappelant les monuments dits «torréens» du Sud, dominent la route D39, près du pont Pont'à Casaluna, sur la rivière du même nom. Proche du hameau "U Vallu", la forteresse de l'âge du bronze (en partie réaménagée à l’âge du fer), est le verrou commandant l'entrée inférieure de l’ensemble des vallées du bassin de la rivière Casaluna (pievi du Rustinu et des Vallerustie). Ce poste avancé des Rusinchi, au bas de leurs vallées, évoque, à l'extrémité supérieure sud, le Castellu de Rusiumaiò sur la commune de Rusiu, ou encore l’oppidum de Riscamone (même radical), dit U Turrione, qui en verrouille l’entrée nord, sur la commune de Valle di Rustinu. Contrairement aux autres importants oppida de Castagniccia qui ont été remplacés par des villages (par exemple A Cima, du Pughjale de Carticasi), Rusiuminò, se situe dans la basse vallée désertée (appelée U Fiuminale). Le petit hameau U Vallu, lui-même, a été construit plus haut. Grâce à l'abandon de Rusiuminò, et grâce à l’éloignement des nouveaux villages qui a évité qu'il serve de carrière (le proche hameau U Vallu est modeste), le site est presque resté en son état préhistorique. Fait rarissime en Castagniccia, où Rusiuminò est actuellement la seule forteresse du Bronze qui soit visitable. Il est dommage que ce joyau soit moins connu, moins restauré, et moins entretenu que ceux de Corse-du-Sud (Araghju, Cucuruzzu, etc.).

[modifier] Personnalités liées à la commune

  • Ghjuvan Ghjacumu Ambrosi (1696- ), alias Général Castineta.

Les assemblées de 1734 (Cunsulta d'Orezza, Cunsulta di San Antone) l'élurent général (de même que le général Salgetu (PF.Giovannoni, cf. u Salgetu). Ghjuvan Ghjacumu, sous le nom de Castineta, deviendra le meilleur des stratèges militaires corses. Après 1739, réfugié au service du Roi de Naples, il devint colonel du Regimento Corsica. Il est également resté célèbre pour une réplique devenue proverbiale, et dont les gens de Castineta sont fiers : « Eo sò di Castineta, è mi ritiru ! ». (En Castagniccia, le pronom tonique "eo" se prononce, assez ouvert). La première partie de cette réplique ( Eo sò di Castineta, i.e. Moi, je suis de Castineta ) évoque le fait (censé être connu par les interlocuteurs), que les gens de Castineta sont des hommes d'Honneur qui ne s'abaissent à aucune compromission. La seconde partie (è mi ritiru, i.e. et (i.e. donc), je m'en vais) annonce que l’on ne peut plus rester dans «ces conditions». Mais, les dites conditions, lesquelles étaient-ce ? Certains historiens [4] avancent l’hypothèse que «ces conditions», sont les exigences des percepteurs génois. Mais, à Castineta, il a été dit (et il n'a pas manqué d'érudits pour se pencher sur le passé du village) que le général Castineta s’adressait aux représentants des autres villages …apparemment moins scrupuleux dans le respect des engagements. Alors, souvenir dérangeant pour les autres villages de Corse ? Auraient-ils préféré faire "porter le chapeau" aux Génois, tout comme a été altérée cette réplique, dont on trouve de nombreuses variantes ? Quoiqu'il en soit, l'usage qui est fait de ce proverbe dans le Rustinu semble confirmer que c'est bien le respect des engagements qui est en cause. Cette réplique (qui a fait date en Corse), pourrait être rapprochée de celle qui fera date à la télévision française : «Messieurs les censeurs, bonsoir !», [5] de Maurice Clavel, quittant le plateau, le 20/12/1971, en accusant, lui aussi, ses interlocuteurs, de renier leur parole.

  • Nicudemu Pasqualini (1728-1792) (dit parfois Castineta) officier et fidèle compagnon de Pasquale Paoli.

On lui doit sans doute la mise sur pied, à Castineta, de la milice patriotique des "Pinuti", constituée de paolistes farouches, véritables "gardiens de la Révolution", dévoués, corps et âme, au "Babbu", et toujours prêts à intervenir partout (notamment dans le Rustinu) pour faire respecter les arrêts de justice.

  • Lisandru di u Rustinu ou "U Ziu Lisandru", alias Lisandru Ambrosi (1798-1842), génial poète satirique illettré.

Lui aussi loue, avec humour, le village et ses habitants (les Castinitinchi) :

A miò furtuna hè chi so natu qui (ma chance est d'être né ici à Castineta)
Duve a pura onesta si marito (où l'honnêteté la plus pure convola en justes noces)
è duve la virtu si sgrunchjuli (et où la Vertu prit son essor)
Qui di scenza ogni cosa hè stuffizzatu (de Science, à Castineta, toute chose est comble)
Qui di crianza hè pienu secchje è botti (de politesse/savoir vivre, à Castineta, seilles et barriques sont pleines)

Lisandru rappelait ainsi que, savoir, honnêteté, vertu, ou savoir vivre, peuvent atteindre des sommets, et ce, même dans une culture non scripturale. Et pourtant, ce savoir oral a trahi son meilleur chantre : malgré les inlassables recherches de Mathieu Ceccaldi [6] , la majeure partie de l’œuvre de Lisandru reste perdue.

  • Anghjulu Maria Tomasi (Ange Tomasi, 1883-1950), pionnier de la photographie.

Ce photographe aux quarante mille clichés sur plaque en verre, et au demi-siècle d'images de la Corse, le président du Conseil Général de la Haute-Corse, le présente ainsi : «Précurseur de la photographie en Corse, grâce à ses clichés d'une diversité thématique exceptionnelle, il nous livre une vision moderne sur le passé. Ce témoignage hors du temps, basé sur l'humanisme ainsi que sur la réalité d'une époque, démontre à la fois l'évolution des mentalités, ainsi que le changement radical du paysage insulaire. En utilisant un style de cadrage résolument différent, et un sens de l'esthétisme à nul autre pareil, l'artiste nous fait découvrir un demi siècle d'images en Corse.» [7] Contrairement aux dérives folkloristes de son époque, Anghjulu sut montrer la réalité de la Corse : « Ange Tomasi échappe à l'évidence et aux écueils photographique de son époque : loin de toute considération commerciale ou romantique, il dévoile une réalité faite de regards, de gestes d'attitudes, qui traduisent une autre identité... Il porte un regard qui restitue l'intemporalité d'une humanité qu'il capture sur la surface photographique.» Yves Sansonetti [8].

"Ziu Anghjulu" (Tonton Ange), comme on l'appelait tout simplement au village, venait se ressourcer à Castineta, berceau de sa famille. On l’y voyait planter son imposant appareil photographique, aidé de sa fille, la petite Antonia Tomasi, future Antoinette Léotard, épouse du maire de Fréjus, mère de François Léotard, écrivain, ministre d'Etat, et de Philippe Léotard, acteur, chanteur, poète (1940-2001). Pour rappeler son grand-père, "l'artiste au nez rouge" signait «Ange-Philipe Léotard Tomasi, dit Philippe Léotard»[9]. Et, sur scène, entre deux chansons, le grand artiste grommelait, à mi-voix, ses expressions corses favorites, et notamment celle qui évoquait le village : «eu sò di Castineeeta, è mi ritiiiiru ! ».

  • Petru Matteu Ceccaldi (Mathieu Ceccaldi) (1893-1993), auteur, lexicographe [10].

Cet érudit, marié à Castineta, et très attaché au village, en étudia et connut le passé, avant et mieux que personne. Il releva notamment toutes les personnalités liées à la commune (dont le poète Lisandru, déjà cité), ainsi que la généalogie des familles du village (dont celle d’Ange Tomasi, déjà cité, cousin de son épouse).

[modifier] Voir aussi

[modifier] Notes et références

  1. Cf. photos sur le site "Castineta" dans liens externes.
  2. Castineta sur le site de l'Insee
  3. Brochure "Promenades dans le Rustinu", éditée par l'Association "Pieve di Rustinu", 20235, Castellu di Rustinu.
  4. Antoine-Marie Graziani, Pascal Paoli, Tallandier, 2004.
  5. le site de l'INA à la rubrique «Les imprévus à la télévision», sous-rubrique «Irruption, abandon de plateau».
  6. Mathieu Ceccaldi, Anthologie de la littérature corse, Librairie Klincksieck, Paris, 1973.
  7. Paul Giacobbi, Exposition Ange Tomasi : un demi-siècle d'images en Corse.
  8. Exposition Ange Tomasi : un demi-siècle d'images en Corse.
  9. Ange-Philipe Léotard Tomasi, dit Philippe Léotard, Portrait de l'artiste au nez rouge, Balland/Egée, Paris, 1988.
  10. Mathieu Ceccaldi, Dictionnaire corse-français, pieve d’Evisa, Librairie Klincksieck, Paris, 1968, publié avec le concours du CNRS.

[modifier] Liens externes