Canon (film)

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Canon (film)
Titre original Canon
Réalisation Norman McLaren
Grant Munro
Musique Eldon Rathburn
Montage Norman McLaren
Producteur(s) Norman McLaren
Distribution Office national du film du Canada
Format 35 mm
Durée 9 minutes 13 secondes
Sortie 1964
Pays d'origine Canada
Fiche IMDb


Canon est un film expérimental canadien des réalisateurs Norman McLaren and Grant Munro réalisé en 1964. McLaren se propose d’illustrer visuellement et ainsi d’expliquer au spectateur le sens du mot canon dans le domaine musical, en neuf minutes et trois parties de plus en plus longues et complexes :

  • le déplacement de cubes sur un échiquier selon quatre lignes musicales décalées ;
  • la danse de personnages dessinés dont les mouvements s'enchevêtrent sans se gêner, grâce à la synchronisation musicale toujours ;
  • la superposition de captures vidéo des mouvements d'un même acteur, de sorte qu'il interagit avec lui-même.

[modifier] Analyse

La première partie de Canon consiste en une simple définition de la forme musicale ancienne du canon, c’est-à-dire la superposition de plusieurs voix jouant la même mélodie avec un décalage temporel persistant du début à la fin du morceau. La mélodie entendue est représentée visuellement par le trajet d’un cube se déplaçant sur un échiquier.

Puis ce sont des personnages dessinés qui prennent le relai : ils effectuent une suite de mouvements (toujours les mêmes) le long d’une ligne imaginaire traversant l’écran horizontalement. Quatre de ces bonshommes sont mis en scène sur la même ligne : le seul moyen d’éviter les collisions est de calculer et de caler les écarts entre les départs musicaux, de façon à ce que les danses qui les accompagnent soient parfaitement synchronisées. Les éléments chorégraphiques semblent alors justifiés par et pensés pour la présence des autres personnages. Les pas latéraux se font simultanément, le visage souriant tourné vers la droite est destiné au voisin, et les figures de ronde permettent de le contourner sans le bousculer.

La troisième et dernière partie est la plus longue : avec 4 minutes et 40 secondes, elle représente plus de la moitié du film entier. Il y a plusieurs personnages à l'écran mais un seul acteur en réalité : ses mouvements ont été filmés une unique fois, et cette séquence a été multipliée et superposée à elle-même sur l’image pour créer l’illusion des quatre hommes. Un certain effet comique est créé par les entrées successives dans l’image de sosies de l’acteur, et le détournement de l’idée d’interaction qu’elles entraînent : là où il paraissait nécessaire d’introduire une altérité pour justifier un geste (le salut, la moquerie, les coups), Norman Mclaren s’amuse à n’offrir à son personnage que des reflets de lui-même à l’infini. Le jeu continue avec des effets de renversement d’image, pause et rembobinage qui cassent le fonctionnement de cette chaîne.

Le seul élément de différenciation de ces quadruplés présents simultanément à l’écran reste bien sûr la musique (composée par Eldon Rathburn). Chaque entrée de personnage dans l’image est accompagnée d’une ligne musicale, rigoureusement identique dans les hauteurs de notes et les rythmes mais jouée à une octave différente. L’image et le son forment les deux moitiés de l’identité des personnages dansants ; on pourrait les reconnaître les yeux fermés (comme les protagonistes de Pierre et le Loup de Prokofiev), deviner ce qui se passe à l’image à la simple écoute des lignes mélodiques qui décrivent, elles aussi, l’action. L’acteur est toujours accompagné d’un piano, l’actrice d’un clavecin, et lorsqu’il fait son entrée en marchant au plafond, la ligne musicale qui l’accompagne est également renversée dans la hauteur des notes.

[modifier] Liens externes

Fiche du film sur le site de l'ONF