Camille Lefebvre

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Camille Lefebvre (14 février 1831 - 28 janvier 1895) est un prêtre et un professeur canadien. Il a beaucoup contribué à l'éducation chrétienne et française dans les provinces atlantiques du Canada.

Né à Saint-Philippe-de-Laprairie, dans le Bas-Canada, il était le dixième enfant de son père et le troisième de sa mère. Il fut élevé dans la pauvreté au sein d'une famille nombreuse, avec huit enfants dans la maison familiale.

Sa mère lui apprit à lire et il fut instruit dans une école locale avant de devenir lui-même instituteur auprès des jeunes gens. La situation financière du pays était alors en piètre état et il voulut de tout son cœur améliorer le niveau d'instruction de ses confrères et consœurs canadiens.

En 1852, il entra dans la congrégation de Sainte-Croix dans la ville de Saint-Laurent, à proximité de Montréal. Lors de son scolasticat, il était décrit comme une jeune homme sérieux, déterminé, discipliné et obéissant. Les archives notent cependant qu'il obéissait aux règlements par intelligence de cœur plutôt qu'en vertu de l'obéissance pure et simple.

En 1855, il reçoit l'ordre de l'évêque de Montréal, Mgr Ignace Bourget. Il est ensuite nommé vicaire à Saint-Eustache. Vers le milieu de la vingtaine, il éprouve des difficultés face à sa vocation en se montrant irrité face à la bureaucratie paroissiale. L'évêque Bourget le prit de bon cœur et lui pardonna pour son excès de zèle et d'enthousiasme. Le père Lefebvre se montrait volontiers aimable avec ses compagnons de travail.

En 1860, il quitte Saint-Eustache et se rend à la paroisse voisine de Sainte-Rose. Il y donna des cours de catéchèse qui connurent un succès, ce qui lui garantit une place dans le cours commercial de la paroisse de Saint-Aimé dans le diocèse de Saint-Hyacinthe. Pendant cette période, il acquit une réputation d'habile économe et d'excellent prédicateur.

En 1863, alors qu'il séjourne dans l'état de New York, il rencontre Mgr John Sweeney, évêque de Saint-Jean, qui lui explique toutes les difficultés vécues par les catholiques de langue française du Nouveau-Brunswick. Ceux-ci, bien qu'ils pouvaient faire des études jusqu'à un certain âge, ne disposaient pas encore de collèges supérieurs nécessaires pour former les élites et les professionnels de la société. L'année suivante, il part vers le Nouveau-Brunswick avec Mgr Sweeney.

Le père Lefebvre fonde donc en 1864 le Collège Saint-Joseph, une institution qui gagnera d'importance avec le temps dans la province du Nouveau-Brunswick. En 1868, le bâtiment du collège fut détruit lors d'un incendie et Lefebvre dut recommencer son œuvre. En 1869, il est nommé vicaire général des Acadiens par Mgr Thomas Louis Connolly.

En 1871, on lui propose de devenir provincial de sa congrégation, et il finit par accepter la nomination suite à des pressions. Pour encourager la vie religieuse, il fonda les petites sœurs de la Sainte-Famille en 1874. Il demeura en poste jusqu'en 1880 et reçut entre-temps le titre de missionnaire apostolique des Maritimes. Il voyagea et raffermit les liens entre les différents établissements scolaires qu'il avait contribués à fonder.

En matière d'éducation, Lefebvre était partisan d'une approche commune entre les Québécois et les Acadiens, ce qui a fait polémique dans les cercles nationalistes acadiens. Il croyait que les francophones d'Amérique partageaient un destin commun et ne souhaitait pas exagérer les particularismes locaux. Par contre, il ne manquait jamais de patriotisme et s'employait à enseigner le poème Evangéline avec une ardeur remarquable.

En 1880, il célèbre le vingt-cinquième anniversaire de son sacerdoce devant une foule d'admirateurs au collège Saint-Joseph. Bien qu'il n'avait pas grandi parmi eux, il était beaucoup apprécié de la part des Acadiens parce qu'il leur avait donné des élites, parce qu'il leur avait donné de l'instruction mais surtout parce qu'il leur avait donné la confiance en eux-mêmes pour que ceux-ci puissent enfin dépasser le triste état de la survivance.

En 1889, il reçoit les félicitations du ministre fédéral John Costigan à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire du collège de Memramcook. Un buste de lui-même réalisé par le sculpteur Louis-Philippe Hébert et un doctorat honorifique de l'Université Laval lui sont remis alors qu'il demeure dans la vieillesse en 1894.

Décédé 28 janvier 1895, il a reçu les éloges de Rameau de Saint-Père et Pascal Poirier au moment de sa mort, qui lui rendirent hommage en écrivant qu'il était un bienfaiteur et un libérateur de son peuple.

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