Discuter:Bloc national (France)

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Le Bloc national est trop souvent "présenté comme l'expression d'une droite monolithique" (J-M Mayeur dans La vie politique sous la IIIème République). Or il faudrait plutôt insister sur le caractère hétéroclite de cette majorité, qu'on voit généralement aujourd'hui comme une simple droite réactionnaire.

Parmi les députés du Bloc national, on trouve en effet quelques radicaux et républicains socialistes. Au-delà de ces députés indépendants, on peut diviser la majorité en quatre groupes: Gauche républicaine démocratique (96 sièges), Républicains de gauche (61 sièges), Action républicaine et sociale (46 sièges), enfin Entente républicaine démocratique (183 sièges). C'est au sein de cette Entente qu'apparaissent les clivages le plus forts: certains élus aspirent à un réformisme social à la manière de l'Action républicaine et sociale tandis que la majorité de l'Entente est conservatrice. Une partie de l'Entente est évidemment sensible aux idées de la droite traditionnaliste intransigeante, représentée par l'Action française.

L'élection du Bloc national porte dans un premier temps Millerand à la présidence du Conseil, et celui-ci est soucieux de représenter le radicalisme: Théodore Steeg est à l'Intérieur et Albert Sarraut aux Colonies. De plus, seul un ministre est catholique: Auguste Isaac au Commerce et à l'Industrie. Le troisième président du Conseil sous le Bloc national (après Millerand et Leygues), Poincaré, ne se coupe pas non plus des radicaux: l'Intérieur est toujours à un radical, Maurice Maunoury.

Enfin, le Sénat reste aux mains des radicaux avec le renouvellement des deux tiers en janvier 1920, malgré un léger recul. Le Sénat se trouve donc à gauche de la Chambre et va entrer en relative discordance avec elle.

Il faut donc toujours garder à l'esprit que le Bloc national n'est pas une droite réactionnaire mais un centre-droit au sein duquel les dissenssions sont nombreuses et les orientations politiques variées, et que le Sénat et le gouvernement, pendant la même période, n'étaient pas représentatifs de la majorité à la Chambre des députés. Le vieux mot d'ordre lors de la campagne pour les législatives restait en effet "ni réaction, ni révolution": lutte contre le bolchevisme, soit, mais aussi acceptation de certaines réformes sociales et souci d'éviter la reprise de la querelle religieuse.

Source: La vie politique sous la IIIème République de Jean-Marie Mayeur.