Biens rivaux

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La notion - ou du moins l'expression - de biens rivaux est due à Lawrence Lessig, professeur de droit à l'Université de Stanford et créateur du projet Creative Commons.

Lessig constate qu'une partie du malaise observé autour des biens immatériels en général et de la distribution de contenu sur Internet provient de la disparité de nature entre biens matériels et immatériels : quand on vend le bien matériel, on ne l'a plus. Quand on vend le bien immatériel, on le possède encore : pour un des intervenants au moins, il n'y a pas eu échange, mais duplication; Or l'économie a jusque là essentiellement travaillé sur un paradigme unique qui était celui de l'échange.

Sommaire

[modifier] L'expérience de pensée

Il se livre à une expérience de pensée : C et C' (consommateurs) s'intéressent aux produits immatériels P et P' vendus respectivement par les producteurs V et V' (vendeurs). Supposons pour l'exemple que ces produits soient au même prix de vente x, et que cette somme soit précisément le budget de C et C'.

En commerce classique, C achètera par exemple P, pendant que C' achètera P'. Le revenu de V, comme de V', sera de x. Cette solution s'avère déjà satisfaisante : le producteur a vendu, le consommateur a acheté, chacun a obtenu ce qu'il voulait.

Pourtant, observe-t-il, la satisfaction des producteurs et des consommateurs n'est pas encore optimale. Il fait état de deux points :

[modifier] Solution optimale hors d'atteinte

A budget égal, en supposant que l'obsolescence des produits soit très rapide et qu'il n'y ait aucune chance qu'un consommateur achète l'an prochain le produit exact qu'il n'a pas acheté cette année, producteurs et consommateurs auraient pu trouver intérêt à s'entendre sur un arrangement plus complexe : C et C' fournissent leurs budgets à V et V' en échange d'un droit d'utiliser, l'un comme l'autre P et P'. En un tel cas :

  • Le revenu des vendeurs n'a pas diminué
  • La satisfaction des consommateurs a augmenté

[modifier] Instabilité

Plus grave : si les deux consommateurs optent en fin de compte pour le même produit (dont la duplication ne pose pas de problème ni n'engendre de coût), l'un des producteurs va être en fâcheuse posture : le système peut conduire à une instabilité alors même que le but de l'économie est en principe de réguler le commerce, et non de le déstabiliser.

[modifier] Biens rivaux et non rivaux

Lessig propose de distinguer alors biens rivaux (entre lesquels il faut choisir car la duplication est la production) et biens non rivaux (qu'on pourrait envisager de distribuer plus largement - avec l'accord du vendeur - car la duplication n'est pas la production). Dans la pratique, il y a bien entendu continuum entre ces deux extrêmes, presque aucun bien n'étant totalement immatériel, ni totalement matériel (la production d'une automobile, par exemple, se compose de 30% d'immatériel).

Les Creative Commons représentent un cas extrême de biens non rivaux : chacun y met ses créations sous le régime de la gratuité et de l'abandon d'une partie au moins de ses droits, et récupére par ailleurs de la communauté - en principe - largement plus qu'il n'y a mis, parce que cette communauté est plus nombreuse que lui.

[modifier] Antécédents

  • Free Press dans les années 70 : cette mouvance, à laquelle se rattachaient entre autres le dessinateur Ron Cobb et le magazine Actuel, se fondait sur une idée de droits de reproduction gratuits entre les membres de l'alliance.
  • Mode de production asiatique (MPA). Voir : Marxisme
  • La recherche universitaire a fonctionné plusieurs siècles sur ce système sans le savoir

[modifier] Sujets liés

[modifier] Ouvrage

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