Bataille de Praga

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La bataille de Praga, en banlieue est de Varsovie, se déroula le 4 novembre 1794 et donna lieu à l'un des plus terribles massacres de population de l'histoire de la Pologne.

Sommaire

[modifier] Contexte

Suite à un second partage de la Pologne entre la Prusse et la Russie, en septembre 1793, les Polonais se soulèvent sous la direction de Tadeusz Kosciuszko et Ignacy Potocki. Kosciuszko prend le commandement militaire de l'insurrection et remporte d'abord quelques succès contre les Russes, obligés d'évacuer Varsovie et Vilnius.

Les Autrichiens et les Prussiens viennent au secours des Russes et attaquent la Pologne par l'ouest. Kosciuszko doit se replier sur Varsovie et oblige, dans un premier temps, les assiégeants russes à dégager sa capitale. Le 10 octobre 1794, cependant, il est battu et blessé à la bataille de Maciejowice contre l'armée d'Alexandre Souvorov qui le fait prisonnier.

La lutte pour sa succession et la démoralisation de la population empêchent son successeur, le général Joseph Kajaczek, de terminer les fortifications à l'est et à l'ouest de la capitale. Au début novembre, les troupes russes sont de nouveau devant Varsovie.

[modifier] Forces en présence

La bataille, vue par  Aleksander Orłowski, 1797
La bataille, vue par Aleksander Orłowski, 1797

L'armée russe est composée de deux corps de bataille , l'une commandée par Alexandre Souvorov et l'autre par Ivan Fersen. Souvorov a maté la Confédération de Bar en 1768 et a joué un rôle déterminant dans la dernière guerre russo-turque, durant laquelle il s'est emparé des forteresses réputées imprenables d'Otchakov sur le Dniepr et d'Izmaïl sur le Danube. Plus récemment, c'est lui qui a remporté la bataille de Maciejowice.

Fersen, lui, connait bien la Pologne car il y combat depuis plusieurs mois.

Les forces polonaises sont formées des restes de l'armée de Kosciuszko ainsi que de milices non formées venant de Varsovie, Praga et Vilnius. S'y ajoute un régiment juif commandé par Berek Joselewicz.

Joseph Zajaczek, successeur de Kosciuszko, a organisé ses troupes en trois lignes de défense. Il dirige celle du centre, Jacob Jacsinski celle du nord et Vladislav Jablonovski celle du sud.

L'armée polonaise compte 20 000 hommes. Chez les Russes, Fersen et Souvorov commandent 11 000 hommes chacun.

[modifier] Déroulement de la bataille

Massacre de la population de Praga, Aleksander Orłowski, 1810
Massacre de la population de Praga, Aleksander Orłowski, 1810

Les Russes atteignent donc les périphéries de Varsovie le 3 novembre. Les Polonais tentent de les repousser par un barrage d'artillerie mais c'est un échec. Zajaczek et ses seconds croient que les troupes ennemies vont tenter de soutenir un long siège, ce en quoi ils se trompent. Souvorov préconise plutôt l'attaque surprise et l'assaut rapide, tactique qui a fait sa chance contre les Turcs.

À trois heures du matin, le 4 novembre, les forces russes s'installent tout près des fortifications. Deux heures plus tard, Souvorov ordonne l'assaut global. Les lignes polonaises sont vite enfoncées. Le général Zajaczek, blessé au début du combat, est évacué, et ses troupes, sans commandement, retraitent vers Praga et la Vistule.

Le combat continue dans la ville et dure quatre heures. Les soldats polonais sont tués ou fait prisonniers. Très peu d'entre eux réussissent à se réfugier de l'autre côté du fleuve.

Après la bataille, Souvorov laisse froidement ses hommes piller et brûler entièrement la ville de Varsovie, voulant ainsi venger le massacre de la garnison russe de la capitale, au début du soulèvement en avril 1794. C'est le faubourg de Praga, surtout, qui en subit les sévices. On croit que 20,000 civils y sont massacrés par des soldats ivres de carnage. Selon certaines sources, non seulement Souvorov n'a rien fait pour les arrêter mais il les aurait encouragés.

[modifier] Conséquences

Le 5 novembre, les troupes polonaises, complètement démoralisées, se retirent vers le sud. Pour elles, c'est la fin de la guerre.

Souvorov envoie un court rapport à la tsarine Catherine II: Hourrah - Praga - Souvorov. L'impératrice lui répond aussi brièvement: Bravo, feldmaréchal, Catherine. Dès son retour à Saint-Pétersbourg, le général est en effet aussitôt promu maréchal.

En 1795, d'âpres négociations ont lieu entre la Russie, la Prusse et l'Autriche pour un troisième partage de la Pologne, qui cesse d'exister comme territoire indépendant pendant plus de cent-vingt ans.

[modifier] Historiographie

Pendant le régime soviétique, le massacre de Praga devient un sujet tabou. Les références à l'événement sont censurées des manuels, les cours d'histoire n'en font plus mention et les recherches sur le sujet découragées. Le but est de ne pas nuire aux relations polono-soviétiques. Après la chute du communisme, la censure est levée mais, même aujourd'hui, il s'agit d'un sujet controversé et sensible.