Barrage de Nam Theun 2

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Au Laos, le projet de centrale hydraulique Nam Theun 2, d’une capacité de production de 1070 MW est porté par la société de projet Nam Theun 2 Power Company (NTPC), dont le groupe EDF est le premier actionnaire avec 35 % des parts. Le projet a franchi en 2005 l’étape clé de son financement en obtenant en particulier le soutien de la Banque Mondiale : une première pour la grande hydraulique dans le monde depuis plus d’une décennie.

Situé sur un affluent du Mékong, ce projet hydroélectrique, qui prévoit la construction d’un barrage permettant une retenue d’eau de près de 450 km², constitue un atout majeur pour le développement du Laos ainsi que pour l’approvisionnement énergétique du quart nord-est de la Thaïlande. Cette région devrait être le bénéficiaire principal de l’électricité produite par la future centrale.

Sommaire

[modifier] Le projet

EDF intervient à double titre dans ce projet d’aménagement de la rivière Nam Theun : - comme premier investisseur avec une participation de 35 % dans Nam Theun 2 Power Company (NTPC), société propriétaire et futur exploitant de la centrale hydraulique ; - comme « architecte », constructeur clé en main et pilote du chantier de réalisation du plus grand ouvrage hydroélectrique transfrontalier au monde financé par des fonds privés.

La construction de la centrale hydroélectrique de Nam Theun 2, d’une puissance de 1070 MW, a commencé en 2005 pour une mise en exploitation prévue fin 2009.

La construction de l’ouvrage et les travaux annexes (routes, villages, ouvrages d’art) font l’objet d’un contrat clefs en main de 720 millions de dollars attribués à EDF. Le Groupe fournira également une assistance technique dans le cadre de l’exploitation de la centrale.

[modifier] Un projet de développement local et régional

95 % de l’électricité produite par l’aménagement de Nam Theun, plus grand ouvrage hydroélectrique transfrontalier d’Asie, sera exportée en Thaïlande, générant d’importants revenus pour le Laos (représentant plus du tiers du budget actuel de l’Etat) et les entreprises du pays (plus de 200 millions USD d’activité).

Une composante essentielle du développement économique du Laos

Le projet Nam Theun 2 est le plus important investissement étranger jamais réalisé dans le pays. Il représente plus de 50 % du PIB annuel du pays.

L’Etat laotien détient 25 % des parts du projet. A ce titre, il bénéficiera de dividendes en tant qu’actionnaire et de royalties en tant qu’autorité concédante pendant les 25 années d’exploitation. Ces revenus atteindront en moyenne 80 millions USD par an et seront essentiellement affectés au financement de programmes de développement socio-économique. L’utilisation de ces fonds sera auditée par des organismes de contrôle.

A la fin de la période de concession, l’installation sera transférée gratuitement à l’Etat laotien. Après lui avoir rapporté plus de 2 milliards de USD pendant ses 25 premières années d’exploitation, il bénéficiera d’une centrale qui permettra de générer des recettes d’exportation pendant encore plusieurs décennies.

Le projet, qui fournira également 300 GWh par an à Electricité du Laos, permettra ainsi de répondre aux nouveaux besoins de ce pays, de l’ordre de 3 000 GWh.

• Une contribution majeure au mix énergétique thailandais

Le projet fournira 5 700 GWh d’électricité par an à la Thaïlande, qui consomme aujourd’hui environ 122 700 GWh par an mais dont les besoins électriques devraient croître de l’ordre de 5 % par an pendant les 10 prochaines années.

Le projet Nam Theun 2 contribuera à la limitation des émissions de gaz à effet de serre, puisque l’hydroélectricité ainsi produite se substituera à une ou plusieurs centrales thermiques. Il permettra également à la Thaïlande de disposer d’une électricité sûre et compétitive, et de diversifier ses sources d’approvisionnement.

[modifier] Un engagement exemplaire en matière sociale et environnementale

Les engagements contractuels pris par NTPC en matière de prévention, de réduction ou de compensation des impacts environnementaux et sociaux ont été définis conjointement par les institutions financières, les actionnaires du projet et le gouvernement du Laos. Leur exemplarité a permis d’obtenir les garanties financières de la Banque Mondiale, la Banque Asiatique de développement, l’Agence Française de Développement, la Banque Européenne d’Investissement et de sociétés de crédit export.

La mise en œuvre de ces engagements repose sur une collaboration de long terme entre NTPC, les populations, le gouvernement du Laos et les bailleurs de fonds.

• Accompagner les populations

En amont du barrage, sur le plateau, la mise en eau du réservoir, prévue à partir de 2008, nécessitera le déplacement de près de 1 200 familles (soit 6 200 personnes réparties sur 13 villages). En aval du barrage, le stockage des crues de la Nam Theun dans le réservoir puis leur acheminement vers la rivière Xe Bang Fai permettra l’irrigation de zones importantes en saison sèche.

Un programme d’accompagnement, qui inclut des mesures sanitaires, agricoles, piscicoles et de protection contre les crues, atteint 16 millions USD. Il est mis en œuvre auprès des familles d’environ 200 villages le long de la rivière Xe Bang Fai et à l’intérieur des terres.

Sur le plateau, les villageois réinstallés sur les rives du réservoir connaîtront une amélioration sensible de leurs conditions de vie. Chaque village disposera de l’électricité, de l’alimentation en eau, de routes d’accès, d’écoles et autres infrastructures communautaires. Des systèmes d’irrigation permettront de développer les cultures, auxquels s’ajouteront des programmes de pêche, d’élevage et d’exploitation forestière. Les familles seront accompagnées dans leur choix de mode de vie : agriculture, sylviculture, pisciculture… L’objectif est de leur permettre de multiplier leurs revenus par deux d’ici 2010, et d’atteindre ainsi le niveau de vie moyen de la population rurale au Laos.

Le village pilote mis en place à partir de 2002 a permis de mieux anticiper les difficultés que pourront rencontrer les familles. Les déplacements des populations du plateau ont commencé en 2006. La moitié des familles a désormais rejoint les nouvelles zones mises à leur disposition ; elles participent actuellement à la préparation des nouveaux champs et à la construction des maisons définitives. Pendant cette phase transitoire, les villageois reçoivent un soutien matériel et technique de la part de NTPC et du gouvernement laotien.

En aval de la centrale, le débit de la rivière Xe Bang Fai sera progressivement modifié, avec un certain nombre d’impacts sur les modes de vie. Un programme de développement est prévu pour accompagner les populations dans l’adaptation à ce nouvel environnement.

La plus grande régularité et l’importance du débit de la rivière après la mise en service du barrage permettront : -la navigation des bateaux tout au long de l’année, favorisant ainsi les échanges commerciaux ; -l’irrigation des cultures, qui rendra alors possible l’agriculture au cours de la saison sèche.

Néanmoins, l’augmentation du débit de la rivière pourrait provoquer, pendant la saison sèche, une érosion supplémentaire, une certaine dégradation de la qualité de l’eau, ou encore une baisse du nombre de poissons dans les premières années.

Ces impacts ont été soigneusement étudiés et anticipés dès les premières phases du projet. Un programme de développement régional est ainsi mis en oeuvre par NTPC, en coordination avec le gouvernement du Laos. Le projet a intégré dans sa conception des aménagements lourds qui permettront de réduire au maximum ces effets (bassin de régulation afin de « lisser » les débits relâchés, canal aval de 27 km pour préserver la petite rivière située à la sortie de l’usine, dispositif d’oxygénation pour améliorer la qualité de l’eau relâchée…)

En collaboration avec le ministère de la Santé laotien, un programme sanitaire pluriannuel d’un montant totale de 3 millions d’USD est déployé sur la région ; il comprend des réhabilitations d’infrastructures médicales, la fourniture de matériel, des formations, des dépistages, des traitements...

L’ensemble de ces mesures de compensation et de soutien est défini en relation étroite avec les populations concernées et le gouvernement laotien, dans le cadre d’un processus participatif mis en place dès 1996. Certaines seront mises en œuvre sur plusieurs années, de manière à assurer une évolution progressive et durable des modes de vie. La mise en œuvre de ces actions fait l’objet d’un suivi attentif. Par exemple, un accord de partenariat est mis en place avec l’association « Care Laos » pour effectuer le suivi des habitants concernés par les zones de chantier.

• Créer une zone naturelle protégée

NTPC s’est engagé à financer, à hauteur de 1 million USD par an à partir de 2004, pendant les 30 ans de construction puis d’exploitation de la centrale, le fonctionnement de l’agence gouvernementale, chargée de la gestion et de la protection de l’aire nationale protégée (NPA) de Nam Theun, zone de biodiversité exceptionnelle qui s’étend sur près de 4000 km².

La faune et la flore

La faune du plateau a fait l’objet de recensement dès les années 1990, avec l’aide d’ONG spécialisées (Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) et Wildlife Conservation Society (WCS)). Le bassin versant abrite une exceptionnelle diversité de mammifères (le « Saola », nouvelle espèce de mammifère, y a été découvert), plus de 1 000 espèces d’oiseaux, 400 de reptiles et 200 d’amphibiens. On y trouve également la plus grande diversité de tortues d’eau douce du monde.

Des plans de gestion et de protection spécifique de la faune et de la flore sont développés. Certaines espèces sauvages, comme les éléphants ou les tigres, sont menacés par le développement humain et l’exploitation intensive des ressources forestières. Les fonds consacrés à la protection de la zone permettront à la fois de conserver cette biodiversité remarquable et d’accompagner le développement des villageois.

Un programme spécifique est par ailleurs développé en partenariat avec WCS pour mieux connaître les populations d’éléphants sauvages de la zone et comprendre leur transhumance entre le bassin versant et le plateau. Ces études ont pour objectif d’améliorer la cohabitation entre villageois et éléphants en protégeant, par exemple, mieux les cultures.

La qualité de l’eau

Un programme de suivi systématique de la qualité des eaux de surface et des eaux profondes dans la zone a été mis en place dès la fin 2004. Une attention particulière est portée à la gestion des particules très fines de sédiments issus du chantier. Les peuplements piscicoles ont été étudiés sur les deux bassins, et leur évolution sera suivie sur plusieurs années, à l’aval, dans le réservoir, et à l’amont. Certains paramètres de gestion du réservoir pourront ainsi être modifiés, en fonction du résultat de ces suivis.

L’exploitation forestière

Un programme d’exploitation forestière du plateau avant la mise en eau est en cours de lancement par l’Etat laotien. Il générera des revenus additionnels pour le Laos, tout en réduisant la biomasse inondée.

[modifier] Historique du projet Nam Theun 2

Le projet Nam Theun 2 a été lancé en 1993, avec la création de NTEC (Nam Theun Electricity Consortium), en charge de l’étude de faisabilité de l’aménagement hydroélectrique sur la rivière Nam Theun.

Dès 1995, EDF participe au développement du projet, en plaçant au rang de ses priorités la protection de l’environnement et la gestion des impacts sociaux. En raison de la crise économique en Asie à partir de juin 1997, le projet marque une pause et n’est relancé qu’à la fin de 1999.

Une nouvelle étape est franchie en 2002, avec la création de NTPC (Nam Theun 2 Power Company), dont EDF, actionnaire principal avec 35 % du capital, préside le Conseil d’Administration. Depuis, un véritable partenariat s’est établi entre la Banque Mondiale, les autres bailleurs de fonds internationaux (Banque Asiatique de Développement, Agence Française de Développement, Agences de crédit export) et les promoteurs du projet. Le chantier a été inauguré officiellement le 27 novembre 2005.

• Octobre 2002 : signature de l’Accord de concession

• Novembre 2003 : signature des PPA (contrats de vente d’électricité) avec EGAT et EDL

• Juin 2004 : lancement des travaux préliminaires

• Mars-Avril 2005 : accords de financement par la Banque Mondiale, la Banque Asiatique de Développement et les autres bailleurs

• Juin 2005 : clôture financière - démarrage de la construction

• 27 novembre 2005 : inauguration officielle du chantier

• Mars 2006 : dérivation de la rivière Nam Theun

• 2006-2008 : déplacement des villages sur le plateau

• 2008 : mise en eau du réservoir à la saison des pluies

• Fin 2009 : mise en service commerciale

• 2034 : fin de la concession et transfert au GOL

[modifier] Le projet Nam Theun 2 en quelques chiffres

• Puissance nette installée de 1070 MW

• 95 % de l’électricité produite soit 5 700 GWh exportée annuellement vers la Thaïlande dont les besoins augmentent de 6 % par an. 300 GWh sont destinés à la consommation locale au Laos

• Un coût d’investissement global de près de 1,25 milliard de dollars

• Jusqu’à 10 000 personnes sur le chantier au plus fort de l’activité (80 % de Laotiens)

• Barrage de 39 m de haut, créant un réservoir de 450 km2, sur le plateau de Nakai (à titre de comparaison, le Lac Léman a une surface de 582 km²)

• Hauteur de chute : 350 mètres ; une usine située au pied de l’escarpement de Nakai

• 6 turbines produisant 6 000 GWh par an

[modifier] Les chantiers en cours sur le site de Nam Theun

• le barrage de retenue (436 m de long en crête pour une hauteur de 39 m), pour lequel le détournement de la rivière Nam Theun a permis de franchir une étape-clé. Celle-ci est intervenue en mars 2006, 9 mois après le début des activités de construction du projet.

• les 13 digues de col : ces digues sont nécessaires à la fermeture de la retenue, autour du plateau, en plus du barrage.

• le canal d’amenée, la prise d’eau et le chenal aval : le chantier représente un volume d’excavation de plus de 14 millions de m3.

• les souterrains (galerie souterraine, puits vertical et conduite forcée) : près de 5 km de tunnels sont actuellement creusés.

• l’usine et le poste électrique.

• le barrage et le bassin de démodulation, destinés à amortir les variations de débit en sortie d’usine.

• le canal de restitution des eaux turbinées vers la rivière Xe Bang Fai (27 km)

• les lignes électriques d’évacuation de l’énergie : une ligne 500 kV de 138 km vers la Thaïlande et une ligne 115 kV de 70 km à l’intérieur du Laos.

• routes et ponts : le projet prévoit la construction de 140 km de routes, qui vont permettre les accès en toutes saisons. De nombreux ponts vont également être construits, le plus long d’entre eux atteindra 400 m.

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