Barebacking

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Le barebacking, littéralement « chevauchée à cru », désigne la pratique de rapports sexuels non protégés, et par extension un courant polymorphe pronant le culte et la revendication de cette forme de pratique sexuelle, ainsi que le culte du sperme.

Née en tant que pratique revendiquée et voulue à l'intérieur d'une partie de la communauté gay américaine, cette pratique tend à se propager en Europe et trouve de plus en plus d'adeptes, à une époque où le SIDA fait encore des ravages. Aujourd'hui, ce phénomène est très présent en France et notamment chez les jeunes.

Sommaire

[modifier] Les figures françaises du courant

Parmi les figures du mouvement homosexuel revendiquant publiquement cette pratique, on trouve Erik Rémès, auteur d'un livre conspué par une partie du public : Serial Fucker, journal d’un barebacker. L'opposant le plus connu au bareback est Didier Lestrade, qui a consacré une partie de son essai The End à ce phénomène. D'autres contributeurs et opposants trouvent tribune active sur des sites internet à destination de communautés spécifiques, telles que la communauté hard et sadomasochiste : cette communauté est en effet très concernée car il existe communément une confusion de genres entre les pratiques hard et SM et la pratique du barebacking, pratiques qui ne sont pourtant absolument pas liées.

[modifier] Aspects du phénomène

Le barebacking consiste à ne pas se protéger volontairement, et avec un partenaire qui ne se protège pas non plus. Il est un acte voulu, assumé, revendiqué par un certain nombre d'homosexuels. Il n'existe pas à proprement parler de revendications en faveur du barebacking parmi les hétérosexuels. Certes, on a bien vu en 1987, dans une émission de Mireille Dumas, " Bas les masques ", une enseignante expliquer qu'elle était devenue séropositive après avoir eu sciemment des rapports non protégés avec son compagnon, et en réalité les relations non protégées sont bien plus fréquentes chez les hétérosexuels que chez les homosexuels en raison des risques moindres, mais le mot bareback est apparu dans la sous culture gay pour répondre, pour adapter les pratiques de sexe collectif non protégées de cette communauté, et non pour désigner des relations amoureuses classiques. Par la suite, les études sur le bareback chercheront toutes les causes qui amènent n'importe quel individu à ne pas se protéger. Le relapse désignera alors les comportements irresponsables sous emprise de stupéfiants, les " négligences " (si elles existent ...), le barebacking représentera par opposition non seulement la pratique à risque mais aussi la culture et l'engagement de type politique (au sens action collective réfléchie et argumentée) pour justifier voire promouvoir les pratiques à risque (barebacking prosélyte). L'origine américaine du mot bareback ne doit pas faire du phénomène une nouveauté d'origine américaine. Il convient aussi d'expliquer pourquoi le mot est apparu aux Etats-Unis. Dans les milieux homosexuels, le refus de la capote a été très fort au début de l'épidémie, dans la période de flou entourant la maladie, et la règle de la responsabilité partagée s'est imposée de façon tacite. Puis, avec les procès du sang contaminé et la judiciarisation des transmissions, ceux qui voulaient continuer et revendiquer leurs pratiques sans capote en dépit des risques ont dû s'adapter au risque judiciaire en visibilisant leur pratique ouvertement au lieu de la laisser tacite et restreinte au " milieu " gay : le bareback est ainsi apparu aux Etats-Unis, là où le sida a frappé en premier dans les pays occidentaux, et là où la loi a puni les rapports à risques non " éclairés ". Le barebacker affiché a ainsi en théorie un statut clair, militant, irréprochable aux yeux de la justice, ce qui explique que le bareback est plus développé dans les pays qui pénalisent le sida (Etats-Unis) que dans ceux où la législation est restée inchangée sans création de délit spécifique au sida (France).

[modifier] Réactions

Le barebacking est condamné par certaines associations de luttes contre le SIDA, certaines associations homosexuelles. Mais le sida touche en priorité les barebackers, et ils ont fui depuis longtemps les associations qui les dénoncent, c'est à dire que le milieu associatif préventif est aujourd'hui sans aucune prise et sans dialogue avec les personnes les plus concernées. D'où les refontes globales des politiques à suivre désormais, comme on observe aujourd'hui aux Etats-Unis. En France, la division et les revirements des stratégies des associations se révèlent par exemple dans le retrait de Didier Lestrade d'Act-up ou la désolidarisation de la plateforme préventive " Warning ".

[modifier] La polémique - Résumé

Les barebackers soutiennent que le port de la « capote » les empêche d'être en érection et/ou nuit à la qualité des sensations. Ils associent aux pratiques non protégées le sentiment de se donner complètement à leur(s) partenaire(s) et ont un grande érotisation du rapport non protégé. Ils partent du principe que chacun est libre de pratiquer la sexualité comme il l'entend et qu'il est responsable de sa santé à commencer par lui-même. Tandis que leurs opposants leur reprochent de promouvoir une conception jouissive du sexe et de mettre en danger la vie des autres avec les risques de transmissions de maladies telles que le Sida. Les barebackers ont alors beau jeu de leur rétorquer qu'un tel reproche implique de leur part une appréciation très négative de la sexualité.

Selon les « porte-parole » du barebacking en France, l'hostilité des associations de revendications en faveur des homosexuels serait essentiellement motivée par la volonté de donner une image lisse de la communauté homosexuelle afin que les revendications en faveur du mariage homosexuel et de la possibilité d'adoption d'enfants puisse aboutir plus aisément. Ils objectent que si le phénomène de l'homosexualité perdait tout caractère subversif, la chose ne présenterait plus guère d'intérêt.

Cette motivation est évidemment contestée par l'ensemble des associations concernées, l'argument employée paraissant très largement trompeur (le " mariage homosexeuel " évoqué, notion largement polémique, ne jouant que le rôle de rideau de fumée) : les seules motivations fondamentales étant celles d'endiguer la pandémie au sein de la communauté, de limiter le nombre de nouvelles contaminations par le virus du VIH et les autres IST et MST qui sont elles aussi en forte recrudescence, de réduire le nombre de surcontaminations de séropositifs qui conduisent à des mutations incontrôlées et immaitrisables des différentes souches du virus, le tout dans un aspect sanitaire et salvateur évident. Ce à quoi les barebackers répondent que leur visibilité est libératrice et leur interdiction aussi inutile et sans effet que celle de l'homosexualité, sauf à gâcher la vie des personnes concernées sans modifier celle des autres : pourquoi les personnes qui ne mettent pas de préservatif poseraient-elles un problème à ceux qui en mettent un ? La rencontre n'aura pas lieu, tout simplement ! S'ils espèrent changer la sexualité des barebackers, que ces homosexuels commencent par apprendre à devenir hétéro ! Enfin, les barebackers rétorquent aussi que si les MST ont augmenté entre 1995 et 2005, les séroconversions au VIH ont, au contraire, regressé malgré le renouveau du bareback, sous l'effet préventif des trithérapies qui ne font pas disparaitre le risque de transmission mais le réduisent très sensiblement. Les charges virales sont un élément clef de l'évolution de l'épidémie, et les cas de transmission proviennent plus souvent des individus non suivis médicalement, sans traitement, que des barebackers prosélytes parfaitement au fait des traitements. Stigmatiser le bareback ou pire, le diffamer, conduit alors à éloigner du dépistage les personnes à risques, et provoque le silence, l'occultation, et donc la tromperie : au total, une mauvaise gestion préventive qui ne change rien aux pratiques mais dégrade la qualité de vie tant des barebackers que de ceux qui se protègent, à cause du climat de tension.

[modifier] Statistiques - questions juridiques

Différentes statistiques ont été publiées qui sont tirées de questionnaires diffusés par les médias gays en vue de quantifier le phénomène.

[modifier] Bibliographie

  • Eric Rofes (universitaire américain spécialiste du sida chez les gays), Dry Bones Breathe: Gay Men Creating Post-AIDS Identities and Cultures, Haworth Press, 1999.
  • Michael Shernoff, Without Condoms: Unprotected Sex, Gay Men & Barebacking, Londres, Routledge, 2004.
  • Perry N. Halkitis, Leo Wilton, Jack Drescher (dir.), Barebacking: Psychosocial And Public Health Approaches, New York, Haworth Press, 2006.
  • Godelieve Brusselaers et Jocelyne Saint-Arnaud, « La pratique du barebacking et le vih/sida », Frontières, vol. 18, no2, 2006, pp. 57-62.
  • Thomas Haig, « Bareback Sex: Masculinity, Silence, and the Dilemmas of Gay Health », Canadian Journal of Communication, Vol. 31, No. 4, 2006.
  • Julie Deloupy, Isabelle Varescon, « Le bareback, un corps à corps énigmatique », Psychotropes, Vol. 13, n°1, 2007.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

  • Dossier Bareback sur Multisexualités et sida (ensemble de liens vers des articles et des recherches)