Utilisateur:Balduina
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[modifier] Encadré GT
Les valeurs des Européens dans l’enquête de 1999
En 1999, lors de sa troisième vague, l'enquête valeurs s'enrichit de nouveaux pays, d'Europe centrale et orientale notamment, et de nouveaux thèmes de questions : les rôles sexués, l’altruisme, l’attachement à l'intervention de l'Etat dans l'économie, la vision du travail, ou encore sur les attitudes à l’égard de la démocratie et des relations entre la religion et la politique, sont autant de thèmes reflétant des centres d'intérêt nouveaux dans une Europe en pleine évolution. Nous avions centré notre travail sur ces six thématiques renseignées pour un panel élargi d’Européens.
Pour évaluer les valeurs qui sous tendent les réponses des individus à ces nouvelles questions, il nous a fallu tout d’abord chercher les cohérences entre les différentes questions d’une même thématique, repérée a priori. La plupart du temps, nous avons ainsi observé que des opinions sur un même thème peuvent être sous tendues par des attitudes distinctes. Notre travail sur les interactions entre religion et politique a par exemple montré que les réponses à des questions s’y rapportant ne pouvaient pas être résumées par une unique attitude, mais par deux distinctes : le fait d'approuver ou de désapprouver d’une part l’influence des institutions religieuses en politique, et d'autre part l’importance de la religiosité des dirigeants politiques. En ce qui concerne l’attachement à l’intervention de l’état, la construction d’une échelle d’«extrémisme» s’est avérée pertinente. Les individus s’y positionnent par leurs réponses plus ou moins tranchées, signe probable d’une certaine passion pour le débat.
Il nous a ensuite été permis d’observer la corrélation de ces échelles entre elles, et avec les échelles encore quantifiables obtenues lors des éditions précédentes de l'enquête. Non seulement nos nouvelles échelles se sont avérées relativement bien corrélées avec l’ensemble des autres attitudes, mais une analyse en composante principale sur l'ensemble des échelles renforce l'interprétation qui pouvait être faite sans elles (voir le tableau) : l’opposition entre tradition et modernisme est l'axe principal autour duquel se structurent les systèmes de valeur européens. Nos échelles apportent également un éclairage nouveau sur cette opposition : le pôle traditionaliste des sondés est caractérisé par un conservatisme prononcé en terme de normes sociales. Les individus de ce pôle se retrouvent aussi être en général ceux qui considèrent le rôle maternel des femmes comme plus important que l'exercice d'une activité professionnel, ainsi que ceux qui considèrent que le travail est d'abord un moyen de gagner sa vie avant d'être un vecteur d’épanouissement.
La deuxième dimension de la structure du système de valeur des européens s'enrichit également grâce à nos nouvelles échelles : il s’agit du degré d’individualisme. Le pôle individualiste est caractérisé par le détachement des normes et des institutions sociales : il est formé des individus qui considèrent que la religion ne doit pas ou peu intervenir dans la vie publique, que l'éducation ne doit pas forcément être codifiée et doit permettre le développement de l'enfant, et pour lesquels le travail doit tout autant être un moyen de s'épanouir qu'un moyen de subsistance. A l'inverse, le pôle peu individualiste est formé d'individus qui affirment en général que la religion doit avoir une forte emprise sur la vie sociale et qui sont attachés à l'autorité (de l'état ou de l'institution scolaire notamment). Cette opposition (voir le tableau) peut être comprise comme une différenciation du pôle moderniste : elle permet de distinguer les individus défendant une société donnant la primauté à l'individu de ceux défendant une société où les institutions gardent un rôle et un poids important tout en évoluant de concert avec les mœurs sociales.
Il est notable, comme on pouvait s'y attendre, que les échelles de traditionalisme social soulignent l’antagonisme historique Est/Ouest. Mais en changeant de critère, les regroupements de pays ne sont pas seulement de nature géographique. Le cœur religieux de l’Europe (Italie, Grèce, Irlande, Pologne, Portugal et Malte) se distingue par exemple par un faible niveau d’individualisme.
Voir le fichier word pour avoir le tableau et la légende
