Avicennisme

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L' Avicennisme est le nom que porte l'ensemble des doctrines philosophiques ou théologiques qui se réclament d'Avicenne.

[modifier] Avicennisme latin

Dès la fin du XIIe siècle, Jean d'Espagne traduit la logique d'Avicenne et Gondisalvi traduit le Shifat. Le premier, il subit l'influence des théories d'Avicenne sur la « procession du monde » et « l'immortalité de l'âme ».

Au XIIIe siècle, Guillaume d'Auxerre subit son influence tout en réagissant contre l'idée que l'un ne peut sortir que de l'un. Guillaume d'Auvergne s'oppose, parmi d'autres au nécessitarisme d'Avicenne tout en intégrant l'idée de l'intellect agent. Il est l'artisan de la synthèse de l' augustinisme platonisant du XIIe siècle avec un aristotélisme repensé par Avicenne. Cette synthèse s'accentue encore avec Jean de la Rochelle qui reprend la terminologie, les théories concernant l'abstraction, la connaissance et l'expérience de pensée qu'on à rapprochée de Descartes (cogito d'Avicenne). Un peu plus tard, Henri de Gand, hors de toute influence thomiste, reste fidèle à Avicenne auquel il emprunte la notion d'essence absolue identifiée à l'Idée platonicienne et Roger Marston illustre lui aussi cet avicennisme latin avec plus ou moins d'éclat.

Toutefois, avec la montée de l' averroïsme et la critique qu'en fait Thomas d'Aquin, le débat se recentre sur Aristote et l'influence d'Avicenne décline. Malgré cela, Avicenne est l'autorité privilégiée que Duns Scot suit sur plusieurs points : l'existence est « comme un accident de l'essence » et l'intellect huamain possède une autonomie qui n'est pas liée au sensible .

À propos de l'avicennisme latin, Henry Corbin écrit : « L'avicennisme ne fructifia qu'au prix d'une altération radicale qui en changea le sens et la structure (dans cet « augustinisme avicennisant » si bien dénommé et analysé par É. Gilson). C'est dans la direction d'Albert le Grand (celle de son disciple Ulrich de Strasbourg, celle des précurseurs des mystiques rhénans) qu'il resterait à suivre les effets de l'avicennisme ».

[modifier] Avicennisme iranien

C'est dans le monde arabe et persan que l'influence d'Avicenne est le plus durable. Rémi Brague va jusqu'à affirmer, « après lui, philosopher, ce ne sera plus lire Aristote, mais lire Avicenne » (Le Point, hors-série n°5, p.12). Cette citation s'applique surtout aux philosophes arabes, car en Perse, l'influence d'Avicenne se combien avec celle de Sohrawardi et du chiisme. Cette synthèse ne doit pas nous étonner outre mesure, car Avicenne avait un père ismaélien et Henry Corbin a noté la concordence de la cosmologie d'Avicenne avec celle d'auteurs ismaéliens comme Hamidoddin Kermani. À ce propos, Henry Corbin voit dans Sohrawardi le véritable successeur d'Avicenne et parle d'« Avicennisme sohrawardien » et d'« avicennisme chiite ».