Ascaridiose

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L’ascaridiose est une parasitose cosmopolite résultant de l'infestation de l'Homme par Ascaris lumbricoides, un nématode de grande taille (de 20 cm de long sur 5 mm de diamètre). Il fait partie des helminthiases ou infection par vers intestinaux.

Sommaire

[modifier] Epidémiologie

Verminose cosmopolite atteignant en moyenne le quart de la population mondiale (le nombre de personnes porteuses du ver a été estimée entre 800 millions et 1,2 milliard[réf. nécessaire]), l'ascaridiose a cependant une prévalence très variable selon les régions : si elle tend à disparaître des régions tempérées, où elle fut d'ailleurs habituellement bénigne, elle continue à sévir, à des taux importants, dans les pays chauds du tiers-monde et y pèse lourdement sur le taux de mortalité infantile.

Il s'agit essentiellement d'une maladie de l'enfant ou de l'adulte jeune, sa fréquence baissant avec l'âge.

La contamination se fait par voie digestive lors de l'ingestion d'eau ou d'aliments contaminés.

La présence du ver ne semble pas provoquer de réaction immunitaire protectrice et les ré-infestations sont communes.

Même si la maladie est peu grave par elle-même, elle entraîne un affaiblissement de l'organisme en majorant la dénutrition, le rendant moins apte à se défendre contre d'autres maladies. Elle a donc des conséquences socio-économiques importantes.

La présence de plusieurs parasites intestinaux (ankylostome, trichocéphalose) est courante.

[modifier] Le ver

Les vers adultes vivent dans la lumière (lumen) de l’intestin grêle. Une femelle peut produire environ 200 000 œufs par jour, qui sont dispersés par les selles. Les œufs non fertilisés peuvent être ingérés mais ne sont pas infectieux. Les œufs fertilisés deviennent des embryons et deviennent infectieux après un délai de 18 jours à plusieurs semaines, en fonction des conditions de l’environnement (optimum : humidité, chaleur, sol infecté). Après l’ingestion d'œufs infectieux, les larves sortent, envahissent la muqueuse intestinale, et sont transportées par la veine porte, puis par la circulation systémique jusqu’aux poumons. Les larves poursuivent leur maturation dans les poumons (10 à 14 jours), pénètrent les parois alvéolaires, remontent l’arbre bronchique jusqu’à la gorge, et sont avalées. Après avoir atteint l’intestin grêle, ils se développent pour devenir des vers adultes. Il s’écoule de 2 à 3 mois entre l’ingestion des œufs infectieux et l’oviposition de la femelle adulte. Les vers adultes peuvent vivre de 1 à 2 années.

Le cycle évolutif est direct, à un seul hôte, l'homme ; l'œuf, très résistant, évolue dans le milieu extérieur, s'embryonne en trois semaines au moins, et devient infectieux. Dégluti comme souillure de l'eau, des légumes ou des fruits, il contamine le sujet neuf.

Deux faits sont à noter :

  • l'auto-infestation est impossible, l'œuf n'étant pas embryonné au moment de son expulsion avec les selles ;
  • l'œuf embryonné infectieux, efficacement protégé par sa coque épaisse, garde très longtemps son pouvoir pathogène, en particulier dans l'engrais humain.

L'ascaris secrète au moins deux types de molécules dont l'une la protège contre le suc gastrique (inhibiteur de pepsine) et l'autre supprime la prolifération des lymphocytes (phosphorylcholine).

[modifier] Morphologie

Le ver adulte ressemble au gros ver de terre ou lombric. La femelle atteint 25 à 30 cm ; le mâle, moitié moins grand, se reconnaît à son extrémité postérieure enroulée en crochet. Leur couleur varie du rose au beige.

[modifier] Clinique

Deux tabeaux cliniques se succèdent dans l'ascaridiose, le premier traduisant la migration des larves, le second, l'action pathogènes des adultes.

La période d'invasion, pendant les migrations organiques des larves, passe souvent inaperçue, sauf dans les zones de grande endémie; dans ce cas, infestations massives et ré-infestations aboutissent à un tableau clinique d'affection broncho-pulmanaire avec toux sèche quinteuse et syndrome de Löffler typique, simulant trop souvent une tuberculose.

La période d'état est celle du parasitisme intestinal par les vers adultes ou ascaridiose proprement dite.

Ici encore, dans les régions à bonne hygiène et taux d'infestation faible, le porteur sain est la règle. Pourtant, chez l'enfant ou le sujet sensible, des troubles divers, mais non pathognomoniques, sont notés : pâleur de la face; troubles nerveux (irritabilité, insomnie); troubles digestifs (ballonnements, pesanteur gastrique, haleine sûre, troubles de l'appétit et du transit).

Dans les zones de grande endémie, régions chaudes à mauvaise hygiène et où l'on utilise l'engrais humain, les infestations massives, 200 à 400 vers chez le jeune enfant, 800 à 1 000 chez l'adulte, aboutissent souvent à des manifestations cliniques dramatiques : tableaux de sub-occlusion ou d'occlusion; hépatites, cholécystites et pancréatites par migrations canaliculaires et sur-infections; péritonites par perforation; atteintes nerveuses, psychiques, méningées et crises épileptiformes; atteintes sévères de l'état général par toxi-infections secondaires aboutissant à la cachexie et à la mort.

[modifier] Diagnostic

Le diagnostic, évident quand le malade rejette un ascaris (habituellement avec les selles, mais parfois aussi par la bouche ou le nez), n'est pas fait habituellement cliniquement, mais par le laboratoire, qui découvre les œufs mamelonnés caractéristiques dans les selles, et par la radiographie abdominale après transit barité, qui montre souvent les vers dont l'intestin, opacifié par la barite déglutie, est bien visible.

[modifier] Traitement

Antihelmintiques : Ivermectine, L-tétramisole (Solaskil*), pamoate de pyrantel (Combantrin*) et fluoromébendazole (Flubendazole*).

[modifier] Référence

  • (en) Soil-transmitted helminth infections: ascariasis, trichuriasis, and hookworm, J Bethony, S Brooker, M Albonico, S Geiger, A Loukas, D Diemert, P Hotez, Lancet 2006; 367: 1521–32