Armes à enquerre

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On appelle Armes à enquerre, les armes présentant une ou plusieurs transgressions aux règles de l'héraldique.

Si les règles du blasonnement sont nombreuses et parfois tortueuses, les règles de constitution des armoiries sont par contre en nombre réduit et de définition assez floue, ce qui entraîne qu'il est difficile d'estimer s'il y a entorse. La seule règle de précision suffisante pour ce faire, est la règle de contrariété des couleurs, ce qui entraîne que l'immense majorité des armes à enquerre sont celles qui contreviennent à cette règle. Voir à ce sujet Règle de contrariété des couleurs#Exceptions qui sont en fait des transgressions.

Ce terme: « à enquerre » aurait signifié à l'origine qu'il faut s'enquérir de la raison de cette entorse à la règle. Or il semble que cette dénomination soit plus une clause de style qu'une réelle préoccupation. Son sens actuel est tout simplement : Armes héraldiquement fautives.
J.B. Rietstap dans son Dictionnaire des termes du Blason (1887), indique : Terme qu'on employait pour les armes dites fausses, c'est-à-dire celles dans lesquelles on trouve métal sur métal ou couleur sur couleur. On s'imaginait que ces armes étaient composées expressément dans le but de forcer le spectateur à s'enquérir de la cause d'une telle infraction aux règles. Il n'en était rien ; le nombre très considérable des armoiries qui se trouvent dans ce cas exclut toute supposition de ce genre ; d'ordinaire, ces armes (si leur composition n'était pas la conséquence d'une ignorance complète de la science des armoiries) étaient devenues fausses par l'effet du temps qui avait terni l'or ou l'argent, et les peintres propageaient l'erreur.

blason

Jérusalem : d'argent à la croix potencée d'or cantonnée de quatre croisettes du même

  • L'exemple le plus célèbre (et un des plus anciens) est un contre exemple du cas d'enquerre par vieillissement : un métal sur métal, que le temps n'a pas terni !...


Sommaire

[modifier] Exemple d'armes à enquerre

[modifier] 1. Contrariété des couleurs

La faute la plus répandue est donc le non respect de la règle de contrariété des couleurs "pas d'émail sur émail, ni métal sur métal", qu'on cherche à faire pardonner en employant le magique "cousu" (et parfois un impossible "soudé" lorsqu'il s'agit de métal sur métal" !).

[modifier] Pièces de premier ordre cousues

La faute n'est pas systématique en raison de la coutume de l'augmentation, et parfois l'indulgence se fera au bénéfice du doute.
Une brisure par une pièce de premier ordre (comme la barre par exemple) normalement ne doit pas provoquer l'enquerre, puisque c'est le possesseur qui choisit sa brisure.

Image Nom du possesseur, blasonnement et commentaires
Saint-Coulomb

De sinople à la croix de sable, chargée d’une crosse abbatiale d’argent, cantonnée de quatre châteaux (malouinières) d’or, ouverts, ajourés et essorés de sable.

  • Le blasonnement officiel n'a pas osé coudre la croix, l'enquerre est indiscutable. Le sable des châteaux n'est pas fautif, mais ce pavé vert et noir n'est pas des plus heureux....

Petit armorial des pièces de premier ordre cousues
Les nombreux "chefs cousus" ne sont pas ici mentionnés, même lorsqu'à l'évidence, il ne s'agit pas d'une augmentation : ils justifieraient à eux seuls d'un armorial spécifique.


[modifier] Pièces de second ordre cousues

Les augmentations par ce type de figure est rarissime. Le lambel, brisure considérée systématiquement comme brochante, échappe à la faute. Les "cousus" dans cette catégorie sont donc tous pratiquement fautifs.

Image Nom du possesseur, blasonnement et commentaires
Théus

parti : au premier d'azur à la face d'argent, accompagnée en chef d'un croissant du même et en pointe de trois losanges cousues de gueules, au second de gueules au serpent ondoyant et tortillé d'argent, posé en pal et couronné d'or.

Petit armorial des pièces de second ordre cousues

[modifier] Meubles cousus

Dans ce cas aussi les augmentations sont rarissimes. Les "cousus" de pièces sont tous pratiquement fautifs.

Image Nom du possesseur, blasonnement et commentaires
Saint-Véran

De sinople à l'aigle cousue de sable, lampassé et membré de gueules.

  • C'est le meuble principal qui est cousu, il ne peut s'agir d'augmentation !...

Petit armorial des meubles cousus

[modifier] Cumuls de cousus

Image Nom du possesseur, blasonnement et commentaires
Villedieu-la-Blouère

d'azur à la colonne perronnée de deux degrés et fleurdelysée, accostée à dextre d'une croix potencée, cantonnée de quatre croisettes, à senestre d'une croix de Malte, le tout cousu de gueules ; à la bordure cousue du même
Remarque : La bordure peut être une augmentation et n'est pas nécessairement à enquerre...

Petit armorial des cousus en nombre

[modifier] 2. Les Logos / Cartes postales

Le deuxième type de faute est plus subjectif, et concerne l'emploi abusif de dessins "figuratifs" peu héraldiques transformant l'écu en carte postale, excusé par le mot magique "au naturel"... Une caractéristique "coupable" est l'emploi de la perspective pour situer les éléments les uns par rapport aux autres dans un espace qui n'est pas celui du blason, lequel n'est composé que de couches en aplat.
Il n'y a pas de vocable spécifique pour désigner ces blasons... mais s'agit-il toujours de blasons ? Pour certains, le terme de "logo" (très honorable au demeurant) conviendrait mieux.

Il n'est pas de tradition de stigmatiser ce type de faute par le terme d'enquerre, mais utiliser un autre terme ne change pas le constat.

Image Nom du possesseur, blasonnement et commentaires
Brasao Castro Parana, Brésil

C'est sans doute beau, mais c'est inblasonnable...Nombreux "blasons" sud-américains sont de ce type

Petit armorial blasons-logos