Antigone (Anouilh)

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L’Antigone de Jean Anouilh est un texte inspiré du mythe antique en rupture avec la tradition de la tragédie grecque.

L’Antigone d’Anouilh, dans une mise en scène, des décors et des costumes d'André Barsacq est représentée pour la première fois à Paris le 4 février 1944, c’est-à-dire durant l'occupation allemande, et publiée aux éditions La Table Ronde en 1946.

Le personnage d’Antigone est l'allégorie de la Résistance Française en luttant contre les lois de Créon, qui représente le pouvoir et plus particulièrement le Maréchal Pétain. Anouilh s’inspire du geste de Paul Collette, qui avait tiré sur Déat et Laval.

Les deux frères d'Antigone,Etéocle et Polynice se sont entretués. Créon a décidé de n'enterrer qu'Etéocle et de laisser Polynice sans sépulture. Antigone veut que ses deux frères soient enterrés, donc elle va essayer de recouvrir son corps malgré l'interdiction de son oncle Créon, Ismène refusera, craignant sa propre mort . Antigone est découverte par les gardes, et Créon est obligé de soumettre la sentence de mort à Antigone. Après un long débat avec son oncle sur le but de l'existence, celle-ci est donc enterrée vivante. Mais au moment où le tombeau est refermé, on s'aperçoit que le fiancé d'Antigone, Hémon, qui est aussi le fils de Créon, et donc le cousin d'Antigone, est enterré avec elle. Quand on rouvre le tombeau, Antigone s'est pendue à sa ceinture et Hémon, défiant, crachant au visage et méprisant son père, s'ouvre le ventre avec son épée. En apprenant la nouvelle, la mère d'Hémon pleine de désespoir se tranche la gorge .

Sommaire

[modifier] Le Chœur annonce dès le départ

Dès le départ, le prologue, qui commente la pièce tout le long, annonce la couleur : on sait très bien qui va mourir, qui survivra, qui jouera un rôle, qui ne servira à rien, et les personnages sont alors répartis en 2 grandes catégories : ceux qui "savent" et ceux qui "ne savent pas".

Créon, Antigone, le Messager font partie de ceux qui savent tout, sans aucun doute... Créon, par exemple, inconsciemment, sait très bien le risque qu'il prend en décrétant cette interdiction, et il se doute bien qu'elle sera transgressée. Il sait aussi que tout ce qu'il a fait est stupide, ses actes ne sont pas justifiés, il le sait, il le reconnaîtra même plus tard dans la pièce, il l'a simplement fait pour donner une leçon, un exemple à la population. Antigone, elle, sait très bien ce qu'elle a l'intention de faire, contre le gré de tous, pour ensevelir Polynice malgré l'interdiction, et elle sait qu'elle va mourir, qu'elle doit mourir. "Elle aurait bien aimé vivre. Mais il n’y a rien à faire. Elle s’appelle Antigone et il va falloir qu’elle joue son rôle jusqu’au bout." Le Messager lui, sait déjà aussi. "C'est lui qui viendra annoncer la mort d'Hémon tout à l'heure. C'est pour cela qu'il n'a pas envie de bavarder ni de se mêler aux autres. Il sait déjà... "

La Nourrice d'Antigone, les Gardes, le Page, Eurydice, ne savent rien. Ils sont complètement ignorants et se contentent de jouer bêtement leur rôle. La Nourrice est seulement là pour apaiser, les Gardes pour accomplir le destin d'Antigone, le Page pour accompagner Créon, et Eurydice quant à elle, n'a même pas de rôle, pas d'autre rôle que de mourir.

Hémon et Ismène quant à eux, sont assez ambigus, car aucun d'eux ne sait vraiment tout ce qui se trame, Ismène ne se doute pas que sa sœur ira au bout, Hémon ne se doute pas que sa fiancée va se rebeller jusqu'à la mort, mais ils savent et comprennent la situation, et au fur et à mesure que l'histoire avance, ils comprennent, et savent alors qu'Antigone va vraiment mourir.

Le chœur commentera alors ironiquement toute la pièce : "C'est cela qui est commode dans la tragédie. On donne un petit coup de pouce pour que cela démarre... C'est tout. Après on n'a plus qu'à laisser faire. On est tranquille. Cela roule tout seul."

[modifier] Le Débat Créon/Antigone

Créon se retrouve seul face à Antigone, venant de commettre son crime, ayant tenté à deux reprises d'ensevelir son frère Polynice, et s'étant faite arrêter, il tente de la sauver. Il lui propose de faire accuser un garde, un complot, de faire mourir quelqu'un d'autre à sa place, et il essaie de la "ramener à la raison". Mais elle reste sourde et impassible à ses arguments, elle "ne veut pas comprendre". Il s'emporte alors, et fait ressortir ses défauts à lui, ses faiblesses, selon lui il ne fait qu'accomplir son devoir, il n'a rien demandé..."Thèbes a droit maintenant à un prince sans histoire. Moi, je m'appelle seulement Créon, Dieu merci. J'ai mes deux pieds sur terre, mes deux mains enfoncées dans mes poches, et, puisque je suis roi, j'ai résolu, avec moins d'ambition que ton père, de m'employer tout simplement à rendre l'ordre de ce monde un peu moins absurde, si c'est possible." Il lui reproche également de choisir la facilité, de dire non... On pourrait penser, nous, lecteurs, que ce n'est pas facile de dire non, mais Créon, lui, pense le contraire. Il pense que ça n'est pas facile de dire oui... De savoir que parfois ces lois sont injustes, ou stupides, mais de devoir dire oui... Ou d'avoir un rôle et un impact trop important pour se permettre de dire non à la légère, de se rebeller, par principe... Mais une fois de plus, Antigone repousse son argument. "Qu'est-ce que vous voulez que cela me fasse, à moi, votre politique, votre nécessité, vos pauvres histoires ? Moi, je peux encore dire "non" encore à tout ce que je n'aime pas et je suis seule juge." dit-elle, ou encore "Pauvre Créon ! Avec mes ongles cassés et pleins de terre et les bleus que tes gardes m'ont faits aux bras, avec ma peur qui me tord le ventre, moi je suis reine." Créon la traite alors d'"Orgueilleuse. Petite Oedipe"... Il aborde alors le sujet de sa famille. Il reproche à Œdipe tout son orgueil, qui se reflète sur Antigone... Et il révèle le vrai jour des frères Eteocle et Polynice, deux voyous, ne valant pas mieux l'un que l'autre, n'aimant d'ailleurs même pas leurs sœurs, ni leur père, n'étant ni l'un un héros, ni l'autre un traître, mais tous deux des vils vauriens, avides de pouvoir, s'étant bêtement entretués, luttant pour le trône de Thèbes. Il avoue alors n'avoir aucune conviction que l'un est un héros ou l'autre un traître, c'est seulement pour le peuple... pour donner un bon et un mauvais exemple, le peuple a besoin d'un héros et d'un traître... Il avoue aussi qu'il ne sait même pas si le corps qui croupit là-dehors est bien celui de Polynice. Il reconnaît l'avoir pris tout à fait au hasard. Devant l'absurdité de la religion, des rites, de tout cela, devant la stupidité de tant de conviction pour des choses que Créon lui prouve sans importance, Antigone est prête à céder... Mais Créon lui parle du bonheur qu'elle est si prête d'atteindre si elle refuse de mourir pour son frère. Un bonheur avec quelques concessions, mais un bonheur tout de même... Mais Antigone se rétracte alors, par orgueil, par fierté, par principe, pour elle, pour son frère aussi, mais aussi par rejet de cette société qu'elle n'a jamais accepté..."Vous me dégoûtez tous avec votre bonheur ! Avec votre vie qu'il faut aimer coûte que coûte... Moi, je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse! Je ne veux pas être modeste , moi, et de me contenter d'un petit morceau, si j'ai été bien sage." Créon est à court d'arguments, il cède... Antigone veut mourir, eh bien elle mourra... Antigone se pend dans la grotte où Créon l'a enfermée. Hémon, en la découvrant, plonge dans un profond désespoir et se suicide à son tour. Eurydice, apprenant la mort de son fils, arrête de tricoter et se lève, pour se suicider à son tour. Créon, maintenant seul, continuera de gouverner les hommes, "maintenant qu'ils dorment tous".

[modifier] Créon, Antigone et le régime d'occupation

Anouilh écrit sa version revisitée d'Antigone en 1944, sous l'occupation allemande... Il dit lui même "L'Antigone de Sophocle, lue et relue et que je connaissais par cœur depuis toujours, a été un choc soudain pour moi pendant la guerre, le jour des petites affiches rouges. Je l'ai réécrite à ma façon, avec la résonance de la tragédie que nous étions alors en train de vivre". Et on sent très nettement dans son œuvre la comparaison entre Créon et Pétain, et entre Antigone et la Résistance... Créon revendique de faire un sale boulot, mais qu'il doit faire, parce que c'est son rôle, parce qu'il faut bien que quelqu'un le fasse. Et Antigone, face à cela, refuse la facilité, et préfère se rebeller, elle ne veut pas céder à cette prétendue fatalité...

[modifier] Mises en scène

[modifier] Lien externe

Commentaires littéraires de quelques scènes de la pièce

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