Anna Chéri

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Anna Cizos, dite Anna Chéri, dite aussi, après son mariage avec l'acteur Lesueur, Chéri Lesueur, était une actrice française, née à Étampes en 1826. On ignore la date de sa mort, qui est postérieure à 1903.

Elle était la sœur cadette de l'actrice Rose Chéri, dite encore Chéri Montigny, et du compositeur et chef d'orchestre Victor Chéri.

[modifier] Biographie

Elle était issue d’une longue famille d’artistes et d’acteurs, puisque ses grands-pères, Thomas Cizos, dit Chéri, né vers 1760, et « Garcin père » avaient fondé, en unissant leurs deux familles, une troupe lyrique et dramatique ambulante, appelée « Garcin Cizos », qui parcourut les départements de l’Eure-et-Loir et du Loiret dans les années 1820. Cette troupe se signala partout par une tenue exemplaire et une allure de plus régulière. Ces mœurs irréprochables se retrouvèrent chez les deux sœurs Rose et Anna, qui furent toutes leurs vies des modèles de vertu et de piété.

Son père, Jean-Baptiste Chéri-Cizos, épousa une des filles Garcin, Sophie-Juliette, de même âge que lui. Ils eurent deux filles et un garçon. Rose et Anna naquirent, au hasard des pérégrinations de la troupe, toutes deux à Étampes, la première, Rose, en 1824, la cadette, Anna, en 1826. Victor, lui, naquit en 1830 à Auxerre.

Enfant de la balle, elle fut très tôt familiarisée avec la scène. Avec sa sœur elle participa toute jeune aux spectacles, et leur grand-père Garcin, excellent musicien, leur prodigua des leçons de chant et de piano. Ce fut l’aînée, Rose, qui se fit remarquer la première, et qui obtint un engagement au Théâtre du Gymnase en 1842.
Anna suivit sa sœur aînée : elle obtint également un engagement au Théâtre du Gymnase peu de temps après Rose. Pendant trente ans, elle fut de toutes les pièces, tenant pendant longtemps les rôles de soubrette. On dit que son physique ingrat nuisit à sa carrière, car elle ne manquait pas de talent. François Buloz voulut l’engager avec sa sœur à la Comédie-Française, mais cela ne se fit pas, et elle était très appréciée de Scribe. Dès 1870, au départ de Mlle Mélanie, elle tint, alors qu'elle n’avait que 44 ans, des rôles de duègne auxquels la destinait son physique.

En 1852, elle avait épousé le comédien Lesueur, et elle joua dès lors sous le nom de Chéri-Lesueur. Ils eurent deux filles, dont l’une mourut à 20 ans. Ce fut un des nombreux drames que connut sa famille.

  • En 1847, à l’annonce du projet de mariage de Rose avec le directeur du Théâtre du Gymnase, Montigny, son père Jean-Baptiste, frappé d’une brutale aliénation mentale, se jeta par une fenêtre et mourut.
  • En 1861, elle perdit sa sœur Rose, victime de son dévouement maternel. Un de ses fils étant atteint d’une angine, elle le veilla jour et nuit. L’enfant fut sauvé, mais ce fut elle qui, à 37 ans, succomba à ce mal.
  • En 1876, son mari Lesueur mourut à 55 ans, sans doute suite à des abus d’alcool.
  • C’est vers cette même période qu’elle perdit une de ses filles âgées de 20 ans.
  • En 1878, son jeune neveu, celui qui avait été veillé avec tant de dévouement par sa sœur, mourut après avoir été mordu par un chien enragé.
  • En 1880, Montigny, à la fois son beau-frère et son directeur, mourut.
  • En 1882, son frère, Victor, devenu compositeur puis chef d’orchestre, se suicida par pendaison.

A la mort de Montigny, elle se retira du théâtre, et elle mourut, dit-on, folle dans les premières années du XXe siècle, sans doute accablée par cette succession de drames. La date de sa mort n’est pas connue précisément, mais elle est postérieure à 1903.

[modifier] Quelques uns de ses rôles

  • Térézine dans Irène, comédie-vaudeville en deux actes de Scribe et Lockroy le 2 février 1847
  • Jeanne Shoppen dans Une femme qui se jette par la fenêtre (triste rappel de la mort de son père), comédie-vaudeville en un acte de Scribe et de Lemoine, le 19 avril 1847 (un de ses trois meilleurs rôles selon Émile Abraham) ;
  • Marguerite (une domestique) dans Un homme sanguin, comédie-vaudeville en un acte de Labiche et Auguste Lefranc le 15 août 1847 ;
  • Mme Rose Dupiton dans L'Art de ne pas donner d'étrennes, à-propos-vaudeville en un acte de Labiche et Auguste Lefranc le 29 décembre 1847 ;
  • Mme Moucheron dans À bas la famille ou les Banquets, à-propos campagnard en un acte de Labiche et Auguste Lefranc le 12 décembre 1848 ;
  • dans le Pressoir, drame en trois actes de George Sand en 1853 (un de ses trois meilleurs rôles selon Émile Abraham) ;
  • Lady Barbara dans Flaminio, comédie en trois actes de George Sand le 31 octobre 1854, où « elle eut tout le succès de la pièce » selon H. Lyonnet ;
  • Constance (femme de Ratinois) dans La Poudre aux yeux comédie en deux actes de Labiche et Édouard Martin le 19 octobre 1861 ;
  • Mme Désarnaux dans Le Premier Pas, comédie en un acte de Labiche et Delacour le 15 mai 1862 ;
  • Mme Pérugin dans Le Point de mire, comédie en 4 actes de Labiche et Delacour en décembre 1864 ;
  • La mère Buisson dans Nos bons villageois, comédie de Victorien Sardou en 1866 ;
  • Béatrix dans Les Grandes Demoiselles, comédie en un acte d’Edmond Gondinet le 10 mars 1868 ;
  • La baronne dans Brûlons Voltaire !, comédie en un acte de Labiche et Louis Leroy le 7 mars 1874 ;