André Cadere

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

André Cadere est un artiste roumain, né en 1934 à Varsovie et mort en 1978 à Paris.

Il quitte la Roumanie et s'installe à Paris en 1967. La même année, il expose au Marché Expérimental d'Art des peintures dans la mouvance de l'Op Art ; il fréquente alors Isidore Isou et le milieu lettriste. Très vite, il tisse des liens avec les artistes parisiens qui, dans le sillage de l'art minimal, du Land Art et de l'art conceptuel, mettent en question l'identité de l'auteur et de l'oeuvre, la pertinence de la signature et de l'"objet". En 1969, il montre au Salon de mai un tableau-relief composé de demi-baguettes colorées, puis, pour Work in Progress organisé la même année par Christian Boltanski et Jean Le Gac, il tresse 750 mètres de ficelle sur le portail de l'American Center.


Sommaire

[modifier] L'idée de la barre de bois rond

D'abord simple baguette ou "bâton", elle commence alors à prendre forme.

En 1972, elle fait partie intégrante de son activité et, par extension, de son personnage. L'insertion de Cadere dans le monde international de l'art se construit par étapes et forme peu à peu une "stratégie du déplacement" qui le conduit à Kassel lors de la Documenta 5 de 1972. Le projet du Marcheur de Cassel (où il se rend en train après avoir annoncé qu'il irait à pied) est caractéristique de la façon dont il s'impose sur la scène artistique et en déjoue les codes.

En revendiquant une indépendance absolue vis-à-vis des institutions culturelles, Cadere ne craint pas de s'exposer à l'incompréhension et aux réactions négatives. Tout en recherchant les rencontres, il sait que sa voie demeure intransigeante et solitaire. [1]

[modifier] Citations

"Une barre de bois rond est immuable, toute pièce étant à chaque fois différente l'une de l'autre, l'ensemble du travail étant une constellation. Cette constellation étant strictement limitée. D'un autre côté, mon activité n'a pas de suite, ni d'avenir. Il n'y a pas d'évolution, une barre de bois rond est." - Lettre à Yvon Lambert, 24 mai 1978

"Je veux dire aussi de mon travail et de ses multiples réalités, il y a un autre fait: c'est le héros. On pourrait dire qu'un héros est au milieu des gens, parmi la foule, sur le trottoir. Il est exactement un homme comme les autres. Mais il a une conscience, peut-être un regard, qui, d'une façon ou d'une autre, permet que les choses viennent presque par une sorte d'innocence". - Lettre à Yvon Lambert, 25 mai 1978

== Extrait de Comment regarder une barre de bois rond - par Bernard Marcelis


[modifier] L'erreur

La barre de bois rond est composée de segments en bois dont la longueur est égale à leur diamètre. Ces segments, peints de différentes longueurs, sont assemblés selon un système de permutations comportant chaque fois une erreur. Chaque barre de bois rond contient une erreur qui la particularise. Elle est provoquée par l'inversion de deux segments, la seule restriction étant que deux segments de même couleur ne peuvent être juxtaposés. Une telle disposition rendrait alors l'erreur trop visible.

Quatre variables rendent à chaque barre de bois rond différente des autres: la couleur, la permutation, la dimension et l'erreur.

La couleur

La sélection des différentes couleurs répond chez Cadere à des critères qui sont plus d'ordre fonctionnel que décoratif. Il utilise huit couleurs différentes, celles du spectre de la lumière augmentées du noir et du blanc. Dans son système, elles apparaissent toujours dans le même ordre de succession:



NOIR BLANC JAUNE ORANGE


ROUGE VIOLET BLEU VERT

La sélection des couleurs our une barre est opérée dans cet ordre. Chaque barre de bois rond comprend un minimum de trois couleurs et un maximum de sept. Néanmoins, la tonalité précise de ces couleurs peut varier d'une barre à l'autre.


[modifier] La dimension

La dimension d'une barre dépend du diamètre et de la longueur de chaque segment, mesures en théorie toujours identiques. (...) Théoriquement il n'y a pas dimension minimale ou maximale. Dans la pratique, cependant, ce qui détermine la dimension maximale d'une barre de bois rond, c'est qu'un homme seul soit encore capable de la porter.



Quand Cadere rime avec Icare ... un bus optique ?

- par Christian Mellinger


L'oeuvre de CADERE est un système ouvert. Avec CADERE le "I d'ICARE" parvient à la concrétisation du paradoxe prométhéen - à faire se confronter errance existentielle et impossibilité du vol. Le temps n'y compte pas - mais décompte. La codification du temps par les couleurs matérialise le temps - qui coule à travers chaque création. Si l'humanité semble s'y réduire à l'erreur - par cet aléa du geste, de la variance gestuelle - la relativité y reste pourtant générale. Elle est un effet spatial, comme couvé sous le regard, crisallisant, du promeneur-spectateur. L'arrondissement des gammes colorées, chanson optique, changeante, "verbe in situ".

Musique ? Audition colorée ? Synesthésie ?

Non, plus d'attention, et de prévenance: l'artiste avait pris ses précautions d'usage quant à la destinée de l'oeuvre. Chacune des dates restera mentionnée sur le certificat de vente -et c'est celle de la vente initiale et non pas celle de la fabrication qui restera trace du temps.

Les deux dates coïncideront lorsqu'il s'agira d'une oeuvre de commande: dans le registre de la collection, destination et origine se confondent presque perpétuellement - c'est-à-dire que l'oeuvre prévient - et prédestine - qu'elle est en soi véritablement pourrait-on dire - comme une fenêtre ouverte sur l'immanence de cette condition humaine, forcément définie, mais dans laquelle s'agence petit à petit la promenade, et puis l'allée de notre regard.

Parallèpépipèdes, parallélismes, tours obliques ? - non, rien de tout cela chez CADERE. Rien que la création anonymement numérotée - par exemple l'A10 blanc-jaune-vert - des autoroutes - des tours orphiques, cinétiques, amusants aphorismes, minimales lignes, très peu d'angles. Nous sommes, en fin de compte, dans le traffic de la vie. Comprendre ce qu'était l'expérience de la vie était l'étoffe du cinétisme des précurseurs. Comme Cadere, Kupka et ce monumental tableau Autour d'un point (1920/1925/1930), le situationnisme des signes et des codes, Buren et de la Cabane éclatée (1975) - avec en toile de fond, l'acuité du sociologue, sans concession - l'esprit de Roland Barthes.


[modifier] Références

  1. extrait du catalogue de l'exposition André Cadere - Peinture sans fin - Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris - du 14 février au 11 mai 2008

www.paris-art.com www.mam.paris.com