Discuter:Anacoluthe

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Sommaire

[modifier] Choix de exemples

Le choix des exemples me paraît discutable :

  • Heureux qui comme Ulysse... Ce n'est une anacoluthe que pour la langue moderne, par pour l'usage de l'époque : qui = celui qui.
  • J'ai vu et parlé... anacoluthe fautive
  • Moi, mes souliers... la seule anacoluthe qui soit une figure. Encore qu'on pourrait considérer qu'il n'y a pas là d'anacoluthe ("moi" ne commence pas une phrase qui a été interrompue), mais un emploi expressif de "moi"... Outis 4 mar 2004 à 23:41 (CET)
Pourtant...
  • Heureux qui... est cité comme anacoluthe par Fontanier dans Les figures du discours et recensée comme telle par le Gradus de Dupriez avec la mention suivante « [une anacoluthe consiste à] sous-entendre, et toujours conformément à l'usage, le corrélatif, le compagnon d'un mot exprimé » ;
  • dans j'ai vu et parlé..., il y a coordination de deux verbes de construction transitive différente. Or, dans les premiers exemples cités par le Gradus, justement, on trouve un cas similaire : « Elle berce et sourit à son enfant » ;
  • Moi, mes souliers... est un exemple de thématisation par dislocation syntaxique plus qu'un simple emploi expressif, moi étant le thème de la phrase et non le sujet. Gradus cite d'ailleurs un exemple très proche de thématisation par dislocation. C'est aussi ce procédé que choisit le Lexique des termes littéraires (sous la direction de Michel Jarrety) pour illustrer l'anacoluthe (entrée de Michèle Aquien).
Je renvoie aussi au Dictionnaire de rhétorique de Georges Molinié, dont l'entrée « Anacoluthe » commence, après une brève définition, par « [Cette définition] pose un gros problème ». En effet, définir ce qu'est une rupture de construction syntaxique n'est pas aisé (rupture par rapport à quoi ? La norme scolaire ? Le bon goût ?).
Je conclus en paraphrasant le Gradus, toujours, qui montre bien que l'anacoluthe se laisse mal définir car elle est tendue entre deux pôles : une conception qui fait d'elle une figure grammaticale, une autre une figure de style. Dans le premier cas, elle mène à un énoncé normativement incorrect ; c'est là un défaut de langue surtout propre à la langue parlée car, à l'écrit, la phrase serait modifiée, sauf que... certains auteurs, comme Sarraute, jouent de cela et on ne peut dire que Sarraute commet des erreurs puisqu'il s'agit là d'un choix stylistique.
Bref, il ne me semble pas du tout que ces exemples soient discutables. Au contraire, ils illustrent bien la complexité de la réalité à laquelle renvoie le terme. Peut-être que le problème de l'article réside plutôt dans sa partie définitionelle, qui ne montre pas assez les difficultés que l'on a à cerner cette notion, qui renvoie à l'idée d'erreur, laquelle n'a pas de définition fixe (l'énoncé « j'ai levé » n'est une erreur que si l'on s'appuie sur la norme scolaire et synchronique. Tel locuteur disant cela se fera parfaitement comprendre : il n'y a donc pas d'erreur du point de vue de la communication, au contraire d'un énoncé comme « la Terre est bleue comme une orange », parfaitement normé mais sémantiquent incorrect, sauf s'il est appréhendé sous l'angle de la langue poétique, etc.).
Avant de définir la notion d'anacoluthe, il faut déjà définir la norme. Vincent 5 mar 2004 à 00:10 (CET)

[modifier] Heureux qui comme Ulysse

Pour Heureux qui comme Ulysse, je maintiens ma critique : ce n'est pas une anacoluthe dans la langue de Du Bellay.

Si l'on suit la définition de Fontanier, si. Mais je ne suis pas non plus vraiment d'accord avec cet auteur, pour le coup.

Sur le troisième exemple, j'ai voulu montrer qu'on pouvait interpréter autrement. L'interprétation que tu donnes est un point de vue tout à fait justifié, mais un point de vue seulement.

Je peux te conseiller la Thématisation dans les langues (ouvrage collectif), qui te montrerait que c'est un avis plus que partagé par les linguistes actuels.
Linguistes, rhétoriciens : gamelles voisines, et avec des parties communes, d'où coups de dents réciproques.
Hé hé... Bien dit. Bon, comme tu as pu le constater, je suis plus linguiste que rhétoricien... Vincent 6 mar 2004 à 17:13 (CET)
Je peux affirmer de moi l'inverse, puisque 0,5 est supérieur à 0.

Je suis tout à fait d'accord avec toi par ailleurs : ce qui caractérise la figure, c'est la volonté de recourir à une figure, que l'auteur le fasse dans une intention poétique ou --disons-- expressive, ou dans une intention mimétique (Sarraute). Il me semble qu'il faudrait faire apparaître ces remarques dans l'article. Outis 5 mar 2004 à 16:23 (CET)

Entièrement d'accord aussi. Qui s'y lance ? Vincent 5 mar 2004 à 16:36 (CET)
Toi, bien sûr :-) Outis 5 mar 2004 à 16:41 (CET)
Pas sûr : tu sembles d'ailleurs bien plus à l'aise que moi avec la rhétorique.


P-S : Je n'avais pas vu que c'était toi qui avais choisi les exemples.

J'ai fait cela rapidement.

Je te rends au moins cette justice de ne pas nous avoir ressorti le nez de Cléopâtre qui traîne dans tous les dictionnaires. Les auteurs qui traitent de rhétorique semblent n'avoir aucune imagination : ils copient toujours les exemples qu'on a donnés avant eux. Je me souviens d'avoir repéré ainsi un exemple (malheureusement, je ne me rappelle plus pour quelle figure) qui, de memento en dictionnaire et de dictionnaire en traité, remontait à... Quintilien ! Celui qui veut savoir ce qu'est telle ou telle figure et qui n'a pas compris dans le premier bouquin qu'il trouve ne risque pas d'être éclairé ! De même la paresse qui consiste à donner des exemples lexicalisés (voiles pour bateau, celui-là doit remonter à Aristote !), ce qui n'aide guère à comprendre ce qu'est une figure : Ah ouais ! employer une figure, c'est utiliser un synomyme... fastoche ! Du coup, on a l'impression que reconnaître une figure est un exercice purement formel, qui ne dit rien sur l'intention de l'auteur. Outis 5 mar 2004 à 16:52 (CET)

Je vois parfaitement ce que tu veux dire et m'en plains souvent. Dans mes articles (anacoluthe n'en faisant pas partie : je l'ai juste complété), je tente toujours de fournir de nouveaux exemples. Ce n'est pas si simple car cela demande aussi de quitter les pas de ses maîtres. Vincent 5 mar 2004 à 18:05 (CET)
Aussi remarqué, même si avec moins de constance que vous, ayant moins fouillé les dictionnaires et les manuels de linguistique. archeos 9 fev 2005 à 10:36 (CET)

[modifier] Félicitations

Je trouve l'article, tel que tu l'as complété, très satisfaisant, maintenant. Vincent 7 mar 2004 à 12:20 (CET)

[modifier] Autre exemple ?

Tiré du dico encyclopédique larousse (et j'ai eu du mal à la comprendre) :

Ceux qui croient que le bien de l'homme est en la chair et le mal en ce qui l'en détourne des plaisirs des sens, qu'il s'en soûle et qu'il y meure.
et c'est justement encore de Pascal (peut-être aussi une phrase brouillon qu'il aurait éclairci par la suite).

J'ai mis un lien du wiktionnaire. archeos 9 fev 2005 à 10:36 (CET)

[modifier] Pensées de Pascal

"Ceux qui croient que le bien de l'homme est en la chair et le mal en ce qui le détourne des plaisirs des sens, qu'il s'en soûle et qu'il y meure."

En effet, on trouve de nombreuses entorses syntaxiques dans les notes manuscrites de Pascal, compilées sous le titre de Pensées. Evidemment, elles n'étaient pas destinées à être publiées dans cet état. La phrase ci-dessus est un exemple typique de "frappe" hâtive: le sujet des deux derniers verbes est rattaché à "l'homme", complément de la subordonnée, et non correctement au sujet de la principale, à "ceux qui croient". On doit lire: "qu'ils s'en soûlent et qu'ils y meurent"... ceux qui croient que le bien de l'homme est (réside) en la chair, et que le mal [réside] en ce qui le détourne des plaisirs des sens.Attaleiv (d) 15 avril 2008 à 20:30 (CEST)