Amen break

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Pour les articles homonymes, voir Amen.

L'Amen break est un sample de batterie originellement joué par G.C. Coleman du groupe The Winstons, l'une des boucles les plus utilisées dans le domaine du hip hop, de la jungle et de la drum and bass.

Sommaire

[modifier] Origine

L'Amen break, long de 5,2 s, consiste en quatre mesures d'un break de batterie situé au milieu de la chanson Amen, Brother, jouée par la formation de funk/soul The Winstons à la fin des années 1960. La chanson est une version instrumentale d'un classique du gospel plus ancien dont le tempo a été accéléré. Cette version fut éditée en 1969 par Metromedia sur la face B du 45 tours Color Him Father (et désormais accessible sur diverses compilations et rééditions du groupe).

[modifier] Caractéristiques

Ce sont en général les quatre premières mesures du solo de G.C. Coleman, réarrangées et jouées en boucle, que l'on appelle Amen break. Les sonorités particulières et le groove du breakbeat conservent leur singularité aussi bien lorsque le sample est joué à son tempo original (137 BPM) que lorsqu'il est accéléré, classiquement ou par le procédé de time-stretching. Ces caractéristiques propres à l'amen, qui ont amené son succès, sont principalement un bruit syncopé omniprésent produit par les coups de crash et les cymbales ride qui battent la mesure, ainsi qu'un claquement sec et franc issu de la caisse claire, le tout joué rapidement avec un swing maîtrisé.

[modifier] Sample

L'identité de la première personne à avoir samplé et utilisé un amen dans une composition n'est pas connue avec certitude. On s'accorde à dire que la forme samplée est apparue dans les années 1980.

La chanson acquit une certaine notoriété parmi les communautés hip-hop et électronique lorsque Louis Flores la compila en 1986 sur sa série de bootlegs Ultimate Breaks & Beats, à destination des DJ. Flores édita quatre mesures du break de batterie à un tempo plus lent que le reste de la chanson. Bien que cela causait une différence de tempo au milieu du morceau, cela permit à des DJ de hip-hop de prolonger le beat en passant deux copies du disque sur deux platines distinctes et en ignorant le reste de la chanson.

L'année suivante, E-mu produisit l'échantillonneur SP1200 et les techniques de production hip-hop évoluèrent des boîtes à rythmes vers les boucles rythmiques échantillonnées. La plupart des producteurs commencèrent à puiser leurs boucles dans la série Ultimate Breaks & Beats et l'Amen break connut alors une grande notoriété avant de traverser l'Atlantique pour se retrouver dans les communautés de danse music européennes. Finalement, la chanson fut rééditée dans sa forme originelle, avec une qualité sonore accrue ; les producteurs de musique électronique augmentèrent le tempo du sample et la version lente tomba en désuétude.

L'Amen break peut être trouvé sous plusieurs formes : une simple boucle dans la jungle et le breakbeat hardcore, ou des versions entièrement démantibulées et réarrangées dans les compositions de certains artistes qui ont initiés un nouveau genre de drum and bass, comme Squarepusher, Aphex Twin ou ShyFX. Le sample est utilisé dans des milliers de morceaux drum and bass et hip-hop, comme dans Straight Outta Compton de NWA. Les premiers compositeurs hip-hop à démembrer les sons du break et à les réarranger furent Mr. Mixx des 2 Live Crew sur leur chanson Feel Alright Ya'll en 1987.

Depuis, l'Amen break a également été utilisé dans des compositions de groupes possédant une audience très large (comme Nine Inch Nails) et peut être entendu dans plusieurs publicités et programmes télévisés (comme Futurama).

On ne sait pas si G.C. Coleman, le batteur des Winstons en 1969, a reçu des royalties pour les samples de son solo de batterie, mais on peut en douter.
Le sample est au catalogue de l'éditeur britannique Zero-G, ce que l'artiste et écrivain Nate Harrison, spécialiste des questions de propriété intellectuelle, considère comme une appropriation indue, ainsi qu'il l'explique dans sa vidéo Can I Get An Amen? (2004).

[modifier] Influences

Base de nombreux instrumentaux hip-hop mais surtout véritable signature des genres jungle et drum & bass, l'amen break est probablement le breakbeat le plus célèbre et le plus utilisé en musique électronique — dépassant le Funky Drummer de James Brown —, et dont l'influence a largement franchi les frontières du genre. On peut entendre l'amen break sur des titres de NWA, 2 Live Crew, David Bowie ou encore Oasis.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes