Amateurisme marron

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L'amateurisme marron est une expression du vocabulaire sportif désignant le fait de rémunérer illégalement un sportif officiellement amateur. Ce phénomène touche l'ensemble des disciplines sportives avant que ces dernières n'admettent le professionnalisme, puis perdure après cette évolution dans les niveaux amateurs. Certains sportifs amateurs peuvent recevoir tout à fait légalement certains prix financiers depuis l'abandon par le CIO à la fin des années 1980 de la traque des amateurs marrons en autorisant le professionnalisme pour les athlètes olympiques. Avant cette révolution, nombre de champions furent exclus des jeux pour avoir touché, parfois de façon très modeste, de l'argent en pratiquant une activité sportive.

[modifier] Sports individuels

Les deux cas emblématiques concernant les sports individuels sont ceux des athlètes Jules Ladoumègue, disqualifié à vie le 4 mars 1932 il ne peut pas participer aux Jeux Olympiques de l'été 1932 dont il était le grand favori en demi-fond, et Jim Thorpe, démis de ses deux titres olympiques gagnés en 1912. Jim Thorpe est rétabli dans les palmarès en 1982, 29 ans après sa mort.

[modifier] Sports collectifs

Les sports collectifs comme le baseball (dès 1864) et le football (depuis 1876) sont particulièrement touchés par ce phénomène. Les autorités sportives n'ont d'autres choix que d'autoriser et d'encadrer cette pratique. Le professionnalisme est ainsi autorisé en baseball aux États-Unis en 1869 ; le football anglais suit la même voie en 1885. En Europe continentale, une vision idéalisée du sport est un frein à l'autorisation du professionnalisme dans de nombreuses disciplines, football inclus. Ces disciplines, et le football au premier chef, en raison des recettes qu'il générait déjà, furent alors touchés par l'amateurisme marron.

Le gardien de but de football international français Pierre Chayriguès refuse ainsi un « pont d'or » du club anglais de Tottenham Hotspur en 1913 ; il admettra dans ses mémoires que les joueurs du Red Star étaient grassement rémunérés malgré leur statut officiel d'amateur... Henri Jooris, le président de l'Olympique Lillois est suspendu pendant deux ans au sortir de la Première Guerre mondiale pour avoir pris part à un système illégal de rémunération occulte des joueurs de son club. Les emplois de complaisance étaient alors une pratique courante pour couvrir ces salaires. Les Parisiens Jean Boyer et Édouard Crut sont ainsi recrutés à l'OM en 1923 grâce à la promesse d'un emploi de complaisance comme négociant de fruits et légumes et une solide prime de transfert. La saison suivante, l'OM recrute le Sétois Maurice Gallay qui devient officiellement représentant en bijouterie et le Parisien Jules Dewaquez. Ils perçoivent 1500 francs par mois, soit deux fois le salaire moyen d'un ouvrier. Cette somme est d'ailleurs jugée plutôt faible par les joueurs, qui taxent l'OM d'être « pingre » avec eux. Le terme « racolage » est alors en usage pour décrire les offres financières faîtes aux joueurs pour les transférer. Même les clubs plus modestes que les locomotives parisiennes, lilloises ou marseillaises sont touchés par le phénomène. Ainsi, en 1923, les joueurs du SR Colmar se mettent en grève juste avant un match important pour la montée en Division d'Honneur d'Alsace en exigeant le versement d'une prime financière. Nombre d'affaires de ce type touchent alors le football français qui préfère alors autoriser le professionnalisme en 1930 avec mise en application le 1er juillet 1932 pour mettre un terme à ces scandales touchant les meilleurs clubs, dirigeants et joueurs.

[modifier] Bibliographie

  • Alfred Wahl et Pierre Lanfranchi, Les footballeurs professionnels des années trente à nos jours, Paris, Hachette, 1995, chapitre « Les amateurs marrons », p.33-41