Alliance des Forces démocratiques pour la Libération du Congo

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L'Alliance des Forces démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) ou parfois Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre, fut une coalition de dissidents à Mobutu Sese Seko et de groupes ethniques minoritaires congolais qui emmenés par Laurent-Désiré Kabila prirent le pouvoir au terme de la Première guerre du Congo (1996-1997). Bien que l'alliance réussit à évincer Mobutu du pouvoir, elle ne survécut pas aux tensions entre Kabila et ses anciens alliés, l'Ouganda et le Rwanda, ce qui amena au déclenchement de la Deuxième guerre du Congo le 2 août 1998.

Sommaire

[modifier] Contexte

Vers le milieu de 1996, la situation dans le Zaïre oriental devenait de plus en plus tendue. Après le génocide au Rwanda de 1994, des centaines de milliers de Hutus avaient traversé la frontière jusqu'au Zaïre où ils se rassemblèrent en de grands camps de réfugiés. De nombreux participants au génocide, dont des membres des Forces armées rwandaises (FAR) et des miliciens interahamwe, profitèrent de l'anonymat offert par les camps pour se réorganiser dans le mouvement Rassemblement pour le Retour et la Démocratie au Rwanda (RDR). Le RDR commença à utiliser les camps comme base arrière pour son infiltration au delà de la frontière et conduire une insurrection. Malgré les protestation du gouvernement du Rwanda, le gouvernement zaïrois, et les organisations internationales apportant l'aide humanitaire aux camps ne purent ou ne voulurent pas séparer ces militants des populations de réfugiés.

Au même moment, la situation des Banyamulenge, des Tutsis présents au Zaïre depuis des générations, devenait plus précaire. Ils furent longtemps l'objet de discriminations, étant des arrivants relativement récents dans le pays, de culture et de langue différents des tribus voisines, et instrumentalisés par Mobutu pour entretenir des dissensions dans le pays pour asseoir son pouvoir. L'arrivée massive de Hutus, qui s'en prirent naturellement aux Banyamulenge, accrut encore les tensions. Le gouvernement du Rwanda pour sa part voyait les Banyamulenge comme des alliés naturels, et leur apporta un soutien militaire en prévision d'une escalade éventuelle et désormais probable.

[modifier] Formation de l'AFDL

Le 7 octobre 1996, le vice-gouverneur de la ville de Bukavu au Kivu décréta que les Banyamulenge n'étaient plus les bienvenus et qu'ils devaient quitter le pays. En réponse, les Banyamulenge se soulevèrent contre le gouvernement local. Cet incident à l'origine tribal se changea rapidement en un soulèvement important. Avec l'aide du gouvernement du Rwanda, les Banyamulenge entreprirent d'attaquer l'armée zaïroise. La tension grandissante entre le Rwanda et le Zaïre conduisit à un échange de mortier entre les forces stationnées sur les deux rives du lac Kivu. Ces événements sont désormais considérés comme les premiers engagements de la Première guerre du Congo.

Apparemment sorti de nulle part, Laurent-Désiré Kabila, un ancien rebelle marxiste qui, après avoir animé le maquis d'Hewa Bora à Fizi, avait passé la précédente décennie à vendre de l'or en Tanzanie, réapparut à la tête de son ancien groupe, le Parti pour la Révolution des Peuples. En un court laps de temps, Kabila prit la tête de la nouvellement créée AFDL, qui comprenait aussi le Conseil national de la Résistance pour la Démocratie (CNRD) dirigé par André Kissasse Ngandu, the Mouvement révolutionnaire pour la Libération du Zaïre dirigé par Anselme Masusu Nindaga, et l'Alliance démocratique des Peuples de Déogratias Bugera, surnommé 'Douglas'. Le 18 octobre, un Tutsi du Nord-Kivu, Déogratias Bugera, devint le premier secrétaire-général de l'organisation.

Il y eut de nombreuses spéculations quant à l'implications de gouvernements extérieurs dans la création de l'AFDL. La plupart concernaient le président du Rwanda Paul Kagame et celui de l'Ouganda Yoweri Museveni, dont aucun ne connaissait bien Kabila (Kabila fut présenté à Kagame et Museveni par Mwalimu Julius Nyerere, président de la Tanzanie). Après une période initiale de déni, le Rwanda et l'Ouganda ont ouvertement depuis 1997 admis le rôle qu'ils ont joué dans la création de l'AFDL et ses succès militaires. L'Ouganda et le Rwanda abandonnèrent cependant rapidement leur support à l'AFDL pour des interventions directes par des forces armées régulières envoyées aux frontières. Le Burundi, l'Angola, les rebelles du sud-Soudan, et les forces de sécurité du Katanga, tous acteurs qui avaient depuis longtemps des griefs contre le gouvernement de Mobutu, en particulier pour son soutien à des groupes adverses, apportèrent leur soutien à l'AFDL.

[modifier] Le déroulement de la guerre

Les premières actions de l'AFDL furent de prendre les villes proches des frontières orientales et de disperser les camps de réfugiés qui offraient un refuge facile aux miltants des forces Hutues du RDR, ce qui fut dénoncé par les organisations humanitaires. À chaque destruction de camp, les réfugiés passaient au suivant, aggravant les problèmes humanitaires et sanitaires. Le camp de Mugungu, au nord du lac Kivu, atteint 500 000 occupants, ce qui le rendait ingérable. Les forces Hutues et zaïroises furent cependant rapidement défaites en de sanglants affrontements, et les provinces du Nord et du Sud-Kivu furent rapidement acquises. Les réfugiés Hutus s'enfuirent, et environ 800 000 d'entre eux revinrent au Rwanda. Plusieurs centaines de miliers d'autres s'éparpillèrent dans les forêts du Kivu, exposés à la famine, aux maladies, aux fauves et aux bandes armées.

Pendant que Kabila, de par ses contacts internationaux et son multilinguisme, était vu comme porte-parole de l'AFDL, la question du dirigeant restait débattue. André Kissasse Ngandu, était le président de l'aile militaire de l'AFDL, le Conseil national pour la Résistance et la Démocratie (CNRD). Cette tension interne entre les deux hommes fut résolue le 4 janvier 1997, quand Ngandu mourut en des circonstances obscures au Bord-Kivu. Kabila se présenta alors comme le président du CNRD, ainsi que porte-parole et responsable politique.

Une fois les Kivus acquis, le reste de la guerre fut essentiellement une longue marche de l'AFDL et de ses alliés à travers le pays jusque Kinshasa. La population, lassée par le régime de Mobutu Sese Seko, accueillit généralement favorablement les conquérants. Les soldats de l'armée zaïroise prirent la fuite, se rendirent sans combattre ou rejoignirent les insurgés. Le 17 mai 1997, après une dernière médiation avortée entre Mobutu et Kabila en compagnie de Nelson Mandela, l'ADFL atteignit le quartier de Masina à Kinshasa et Kabila s'autoproclama président de la République démocratique du Congo. L'ADFL fut rapidement transformée en la nouvelle armée nationale.

[modifier] Voir aussi

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