Alexandre Elisabeth Michel Digeon

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Alexandre Elisabeth Michel Digeon
Origine : France France
Hommage : nom gravé sous l'Arc de triomphe de l'Étoile

Alexandre Elisabeth Michel Digeon, fils d'un fermier général, naquit à Paris, le 27 juin 1771, militaire français.

Il entra au service comme sous-lieutenant dans le 104e régiment d'infanterie, d'où il passa quelques mois après avec le même grade dans le 9e régiment de chasseurs à cheval. Nommé chef d'escadron au 19e de dragons, Digeon fut blessé d'un coup de baïonnette à l'attaque du pont de Kehl ; il le fut plus tard à la bataille de la Trebbia sans vouloir abandonner un seul instant le commandement de son régiment dont il se trouva investi par la mort de son colonel; à la fin de cette bataille si disputée, le cheval de Digeon, tué sous lui, le laissa au pouvoir de l'ennemi.

A la bataille de Marengo, un frère puîné de Digeon, qui devint aussi lieutenant-général, s'étant distingué dans l'artillerie de la garde consulaire, le premier Consul, à son retour à Paris, envoya le général Bessières chez M. Digeon, pour le complimenter et le rassurer sur une blessure qu'il avait reçue. M. Digeon n'hésita pas à demander pour la récompense de son jeune fils l'échange et le rappel sous les drapeaux de son fils aîné. Le vainqueur de Marengo fit aussitôt de Digeon l'objet d'un cartel particulier; celui-ci rentra dans sa patrie et fut nommé colonel du 26e chasseurs. Ce régiment prit part aux grandes affaires de 1805, notamment de Lensberg et d'Austerlitz, où il prit trois étendards. Digeon reçut la décoration de commandeur de la Légion d'honneur le lendemain de cette bataille, où il fut blessé.

Il le fut de nouveau près de Stralsund en 1807. Elevé au grade de général de brigade, cette même année, il commanda avec la plus grande-distinction les 20e et 25e de dragons aux batailles d'Heilsberg et de Friedland.

Appelé en Espagne l'année suivante, ,il s'y fit remarquer le 23 novembre dans un combat contre Castanos. Devenu en 1812 gouverneur civil et militaire des provinces de Cordoue et de Jaën, le général Digeon parvint par une administration sage, à gagner la confiance des habitants que les ravages de la guerre avaient irrités et réduits à la plus profonde misère. Pendant six mois entiers, plus de 7 000 individus furent arrachés aux horreurs de la famine.

La brillante conduite de M. Digeon, pendant la retraite périlleuse de l'Andalousie, lui mérita, le 3 mars 1813, le grade de lieutenant-général. Il se trouva en cette qualité à la bataille de Vittoria, où il fut blessé pour la cinquième fois. A la fin de cette même année il passa à l'armée de Catalogne sous le maréchal Suchet, et fut chargé du commandement de toute la cavalerie et de la première division d'infanterie. Détaché en 1814 à l'armée de Lyon, commandée par Augereau, il rendit à cette ville, par un brillant fait d'armes, un service important.

Le 20 mars, les Autrichiens s'étaient avancés jusqu'au faubourg de Saint-Just ; on commençait à se battre dans les rues, et cette grande cité, ouverte de toutes parts, se voyait au moment d'être enlevée de vive force. Le général Digeon, vers qui était dirigée la plus vigoureuse attaque, reprend tout à coup l'offensive, s'empare d'une batterie, taille en pièces le régiment de Hiller, et ramène près de 400 prisonniers. Ce coup de vigueur arrêta sur-le-champ les progrès de l'ennemi. L'occupation de Lyon, qui pouvait être si désastreuse dans cette journée, n'eut lieu que le lendemain et en vertu d'une capitulation.

Après la Restauration, Digeon fut employé comme inspecteur général de cavalerie; il se trouvait en cette qualité à Nevers lors du débarquement de l'Empereur. Le ministre de la guerre l'ayant désigné pour commander une division de cavalerie, il s'empressa de venir joindre MONSIEUR à Lyon, où il arriva le 5 mars; après beaucoup d'efforts inutiles pour maintenir les soldats, il partit de cette ville avec le duc de Tarente, lorsque toutes les troupes eurent abandonné leurs chefs pour rejoindre Napoléon Ier. Le roi nomma aussitôt Digeon aide-de-camp de MONSIEUR. Il ne prit point de service pendant les Cent-Jours. Au retour du roi, il fut nommé commandant de la division de cavalerie de la garde royale, et plus tard créé pair de France avec le titre de vicomte.

Dans la Chambre haute, il appuya constamment la politique du côté droit et le système ministériel qui s'ensuivit. Dans les procès politiques, il vota pour les partis les plus rigoureux. Au mois de mars 1823, en l'absence du duc de Bellune, il fut chargé par intérim du portefeuille de la guerre ; trois mois après il fut nommé ministre d'État et membre du Conseil privé, puis commandant en chef de l'armée d'occupation.

Le général Digeon est mort le 2 août 1826, à sa terre de Ronqueux, près de Paris. Il avait épousé peu de temps avant sa mort une demoiselle de la maison de Saulx-Tavannes.

[modifier] Source

« Alexandre Elisabeth Michel Digeon », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)