Alain Bombard

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Alain Bombard (né le 27 octobre 1924 à Paris, mort le 19 juillet 2005 à Toulon) est un médecin et un biologiste français.

Sommaire

[modifier] Etudes

Il a été élève de l'École alsacienne.

Alain Bombard découvre la mer pendant des vacances d'été qu'il passe en Bretagne où il apprend la pratique de la voile. Ses études de médecine achevées, il s'installe à Boulogne-sur-Mer et quand, un jour, on lui amène les corps de 41 marins morts dans le naufrage de leur chalutier, sa vie est changée. En effet, il veut trouver des solutions pour augmenter les chances de survie en cas de naufrage.

Il commence par s'intéresser à la résistance à la fatigue, pour cela il n'hésite pas à traverser la Manche à la nage et étudie de plus près les canots gonflables. À l'institut océanographique de Monaco, il analyse la composition de l'eau ainsi que le comportement des naufragés. Il est persuadé que l'on peut survivre après un naufrage, avec un minimum de nourriture et surtout d'eau, qu'elle vienne de la pluie, des poissons (en les pressant) ou d'eau de mer coupée avec de l'eau douce. Il ne lui reste maintenant plus qu'à prouver qu'il a raison, et pour cela il ne va pas hésiter à tenter l'expérience lui-même.

[modifier] À bord de l'Hérétique

En 1952, il devient chercheur au musée océanographique de Monaco. Se spécialisant dans les questions de survie en mer il part donc de la principauté avec un volontaire anglais, Jack Palmer, à bord d'un Zodiac, « l'Hérétique », doté d'une voile et avec pour seuls équipements : un sextant, un filet à plancton et quelques livres. À Tanger, Palmer décide d'abandonner et Bombard repart seul vers les alizés. Bientôt il se retrouve sans rien à l'horizon, au bon vouloir du vent et des courants. Les premiers jours, il se nourrit comme prévu : eau de mer et jus de poissons. Mais il devra attendre 3 semaines pour voir la pluie. Petit à petit, la peur de la mort, les diarrhées et la perte de poids l'affaiblissent. Alors il fait signe à un cargo, l'Arakaka, qui lui donne un œuf, un "très petit" morceau de foie de veau, une cuillérée de choux et deux ou trois fruits, mais il refuse d'abandonner car ce serait donner raison à tous ses détracteurs.

La mer se déchaîne et l'oblige à écoper sans arrêt et toujours avec les moyens du bord : sa chaussure ou son chapeau. Les dernières semaines seront très dures mais il finira par toucher terre à la Barbade le 23 décembre 1952 après 113 jours de mer. Il est dans un état de santé déplorable et doit être hospitalisé.

De retour en France, il est attendu par de nombreux journalistes et sa popularité augmente, bien que certains doutent encore et le soupçonnent d'avoir triché. Avec le récit de cette aventure, Naufragé volontaire, publié en 1954, il acquiert une renommée mondiale.

Selon sa formule, il voulait prouver que les « naufragés meurent de désespoir », non de faim ou de soif (voir la Méduse). De plus, son aventure rendra évidents de nombreux points pratiques pour faciliter la survie des naufragés; c'est « la victoire du mou contre le dur » (les zodiacs versus les chaloupes anciennes).

Il fait des conférences, explique, décrit et met toute sa conviction pour convaincre. Aujourd'hui c'est chose faite, les dérivés du Zodiac de survie sont obligatoires sur les bateaux. Jusqu'à sa mort, Bombard reçut des lettres de naufragés qui ont survécu grâce à son expérience.

Néanmois, quelques années plus tard le médecin allemand Hannes Lindemann a tenté de répéter le voyage expérimental de Bombard, mais a trouvé qu'on ne pouvait pas survivre sans eau douce additionnelle. Lindemann dénigra Bombard en disant qu'il avait pris de l'eau avec lui et l'avait consommée en mer; et qu'en plus, il devait avoir reçu en secret des provisions additionelles au large. L'organisation mondiale de la santé a utilisé les résultats de Lindemann pour ses conseils pour la navigation.[1]

Au-delà de son rôle dans la connaissance du naufrage, Bombard s'illustre dans l'écologie et la protection de la mer. Au début des années soixante, on le voit notamment se mobiliser au côté de Paul Ricard et d'une quarantaine d'élus provencaux dans l'affaire des "boues rouges" de Cassis. Il s'agissait pour l'usine Pechiney de Gardanne, de déverser dans la mer, via un pipe-line sous-marin, ses déchets issus de la bauxite (les "boues rouges") nécessaires à la fabrication de l'aluminium. La mobilisation a échouée. Le pipe-line a été construit.

[modifier] Conseils pratiques

Bombard donnait quelques conseils pratiques:

  • Que manger : des poissons que l'on arrive à pêcher (Bombard s'était bricolé un fil de pêche), du plancton (très riche en vitamines)
  • Que boire : de l'eau de mer en petites quantités et avant d'avoir soif, de l'eau de pluie, de l'eau extraite de poissons pressés (sauf certains poissons, comme les raies, dont le taux de salinité menacerait les reins)
  • Comment s'occuper : se donner un emploi du temps pour rythmer sa journée, et éviter l'ennui qui favorise le désespoir
  • Se méfier : des espadons (qui risquent de crever l'embarcation), des requins, mais surtout du désespoir (Bombard prenait sa tension chaque jour et la notait sur un carnet: ses minima ne se trouvent pas à la fin du trajet, mais aux moments de désespoir)

Mais il faut noter que certaines des hypothèses de Bombard fut rejetées et démolies par Hannes Lindemann, et l'idée générale de Bombard de pouvoir survivre sans eau fraiche n'est plus acceptée.

[modifier] Le « drame d'Étel »

Afin de tester un nouveau type de canot de sauvetage, Alain Bombard, en compagnie de six volontaires, tente le 3 octobre 1958 de franchir à bord de son embarcation la « barre d'Étel », grande lame à l'embouchure de la ria formée par la conjonction de la marée montante, le flot et les eaux qui s'écoulent du fleuve. Le canot se retourne alors, suivi peu après du Vice Amiral Schwerer II, bateau de sauvetage. Le bilan est lourd : neuf morts dont 3 sur le canot de Bombard et 6 parmi les sauveteurs.

[modifier] Rôle politique

En 1975, un an après son adhésion, il fut nommé conseiller à l'environnement au Parti socialiste français.

Il a été conseiller général du canton de Six-Fours-les-Plages.

Il fut secrétaire d'État auprès du ministre de l'Environnement dans le premier gouvernement de Pierre Mauroy (22 mai - 23 juin 1981). Il quitta le gouvernement à la suite de déclarations sur la chasse à courre qu'il souhaitait abolir. Il fut également député européen de 1981 à 1994.

[modifier] Références

  1. (de)Ulli Kulke (16.2.2006). Überleben auf dem Meer. Durst löschen mit Salzwasser. Spiegel Online

[modifier] Œuvres

  • Naufragé volontaire. Paris, 1953.
  • Rapport technique de l’expérience de survie prolongée en mer à bord de l’Hérétique en 1952. Paris, 1954.
  • Les grands navigateurs
  • Testament pour l'océan
  • La Mer et l'Homme
  • La dernière exploration (voyage dans un monde qui se meurt), 1974

[modifier] Liens internes

[modifier] Lien externe