Agiotage

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L’agiotage, de l’italien « agio » : « différence », est une pratique spéculative à laquelle les difficultés financières associées aux évènements de la Révolution française donnèrent libre cours.

Avec la vente des biens nationaux, le Trésor public émit, en 1789, un titre d’emprunt devenu monnaie en 1791 : l’assignat, dont la multiplication des émissions entraina une forte inflation. Les assignats tombant chaque jour davantage, on en vint à payer 2 700 livres un chapeau, 3 000 une paire de bottes, 200 une cravate, 625 un paquet de chandelles, 60 une livre de pain, 120 une livre de viande, 50 une tasse de café avec le petit verre.

L’agiotage s’exerçant dans des proportions colossales, les femmes les plus élégantes se mirent à accaparer la chandelle, le savon, le tabac, les épices, les tissus. Dans les salons repeuplés, on ne s’entretenait que de la baisse des suifs ou de la hausse des cuirs.

La loi du 27 juillet 1793, qui condamnait les accapareurs à mort, n’empêcha nullement les fortunes énormes de pousser comme des champignons. Une race nouvelle de financiers, plus avides d’argent et de jouissances, plus grossiers parce qu’ils étaient plus vite parvenus, raillant la gêne de la vieille bourgeoisie française et la corrompant par leurs exemples, succéda bientôt aux fermiers généraux, que l’échafaud révolutionnaire avait décimés.

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[modifier] Source

  • Alfred Rambaud, Histoire de la civilisation contemporaine en France, Paris, A. Colin, 1888, p. 309-11.