Affaire de Bruay-en-Artois

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L'affaire de Bruay-en Artois désigne le meurtre en 1972 de Brigitte Dewèvre, un fait divers célèbre qui suscita un débat sur la « justice de classe ».

[modifier] L'enquête

Le 6 avril 1972, cette adolescente de seize ans, fille de mineur, est retrouvée morte sur un terrain vague de Bruay-en-Artois, cité minière du Pas-de-Calais. Henri Pascal, premier juge d'instruction à Béthune, est chargé de l'enquête. Rapidement, le notaire Pierre Leroy et sa compagne Monique Beghin-Mayeur, dont la propriété jouxte le terrain sur lequel la victime a été retrouvée, sont soupçonnés et inculpés. Après quelques mois d'enquête sous forte pression médiatique, le juge Pascal, qui est en conflit ouvert avec sa hiérarchie, est dessaisi de l'affaire ; Leroy et Monique Beghin-Mayeur sont libérés. Jean-Pierre Flahaut, un camarade de la victime, est inculpé à son tour et écroué.

Un temps soupçonné, il sera incarcéré. Les parents de la jeune Brigitte refusent de se porter partie civile. Jean-Pierre Flahaut sera acquitté. Un non-lieu sera prononcé pour Me Leroy et Mme Beghin-Mayeur.

Une autre piste fut évoquée, celle de l'« Homme à l'imperméable » ; un homme qui jardinait non loin du lieu de la découverte du corps de la victime, se rappela avoir vu un homme habillé en imperméable venir du lieu où fut découverte Brigitte, à l'heure estimée du crime. Cette piste ne fut pas exploitée par les services de police.

D'abord classée « affaire sans suite » en 1981, le crime a été prescrit en 2005, le ou les meurtriers n'ont jamais été arrêtés.

Bruay-en-Artois à changé de nom en 1987 : elle s'appelle aujourd'hui Bruay-la-Buissière ; elle a fusionné avec la ville voisine de Labuissière.

[modifier] Développements

L'organisation maoïste la Gauche prolétarienne compte sur place quelques militants dont Joseph Tournel, Serge July et François Ewald (alors professeur de philosophie à Bruay-en-Artois), qui mettent en place un comité chargé d'aider le « petit juge » dans son enquête. Les militants du Comité Vérité et Justice s'emparent du sujet, dénonçant le dessaisissement du juge Pascal et une « justice de classe » favorable aux nantis, dans laquelle les démunis n'ont pas les moyens de se défendre. Les maoïstes de la Gauche prolétarienne, qui n'en sont pas à leur coup d'essai, tenteront de mettre en place un « tribunal populaire » sur le modèle de celui, présidé par Jean-Paul Sartre, qu'ils avaient monté pour juger les responsables du coup de grisou de Fouquières en 1970.

Largement médiatisé sous l'impulsion du juge Pascal, ce débat concernant la place du peuple dans l'établissement de la Justice parcourt aussi tout le champ politique. Il s'exportera des colonnes de la Cause du Peuple aux articles des Temps modernes, où le philosophe Jean-Paul Sartre, les dirigeants de la Gauche prolétarienne et Michel Foucault s'opposeront sur la définition de la justice populaire.

[modifier] Liens externes