Accident ferroviaire de la gare de Lyon

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

L'accident ferroviaire de la gare de Lyon s'est produit le 27 juin 1988 à 19 h 10 dans la gare de banlieue souterraine de Paris-Lyon. Une collision frontale entre un train en provenance de Melun via Corbeil-Essonnes, roulant à environ 70 km/h, et un train à l'arrêt en partance pour Melun via Combs-la-Ville et bondé de voyageurs fait 56 morts et 57 blessés. Les deux rames étaient de type Z 5300.

Sommaire

[modifier] Circonstances

S’apercevant que son train était direct entre Villeneuve et Paris, une passagère tira le signal d’alarme en gare de Maisons-Alfort. Malgré l’annulation du signal d’alarme, les freins du train restèrent bloqués. Suite à une erreur de manipulation, le conducteur aidé de son chef de train, désactiva le freinage de l’ensemble du train au lieu de la seule voiture incriminée. Maisons-Alfort étant la dernière gare avant le terminus, le conducteur se rendit compte que la rame ne freinait pas à deux kilomètres seulement environ des butoirs de la Gare de Lyon lors de la première phase de ralentissement.

[modifier] Dérive du train et collision

Complétement dépassé par les événements, le conducteur actionna l'alerte radio, un dispositif qui fait arrêter toutes les circulations ferroviaires dans un rayon de 10 kilomètres, alors que la réglementation ferroviaire l'interdit dans un cas de dérive. De plus, il s'annonça au régulateur comme n'ayant plus de freins avant de se réfugier avec les passagers à l'arrière. Le poste d'aiguillage de la gare souterraine a perçu l'alerte radio, et conformément à sa réglementation, fait usage d'un dispositif qui ferme tous les signaux, mais aussi fige les aiguillages. Malheureux concours de circonstances, la voie prévue pour le train fou était encore occupée par un autre train de banlieue qui était en retard suite à un problème avec le chef de train. Ce retard provoqua l'affluence dans la rame, en particulier dans la première voiture située face aux escaliers.

La partie finale de la ligne présentant une pente importante, la vitesse du convoi à la dérive fut accélérée et atteint les 70 km/h dans la gare. La rame à quai fut percutée à cette vitesse et recula de près de 30 mètres. Sa première voiture fut complètement broyée à cause du tunnel qui ne laissait aucune échappatoire à la rame folle. Il n'y eut que très peu de survivants dans celle-ci, les passagers n'ayant pas été prévenus.

[modifier] Responsabilités

De nombreuses responsabilités furent évoquées dans cet accident :

  • le conducteur : en plus de son erreur, lors de l'incident de Maisons-Alfort, il a été reproché à celui-ci de ne pas s'être identifié auprès du régulateur, de ne pas avoir essayé de se servir du frein rhéostatique (électrique) qui, à défaut d'arrêter le train, aurait pu réduire fortement sa vitesse.
  • les aiguilleurs : face à la situation d'urgence (il s'est écoulé moins de deux minutes entre l'alerte radio et la catastrophe), ils ont automatiquement appliqué le règlement, sans penser à rediriger le train vers une des voies qui était libre à cet instant. De plus, il leur a été reproché de ne pas avoir fait procéder à l'évacuation des rames à quai, alors que la personne chargée des annonces de la gare était à côté d'eux dans le poste.
  • le chef de train de la rame percutée : son retard pour le départ a entraîné une surchage inhabituelle de la rame à quai.

[modifier] Procès

Lors du procès qui eut lieu fin 1992, beaucoup de responsabilités furent écartées : ainsi le conducteur fut condamné à quatre ans de prison, le chef de train percuté à six mois avec sursis et les aiguilleurs et la voyageuse qui avait tiré le signal d'alarme à des peines de principe. Le lendemain de l'arrêt, la majorité des conducteurs et des contrôleurs SNCF se mirent en grève pendant 24 heures, ce qui provoqua l'indignation des familles de victimes et d'une partie des usagers. Le procès en appel eut lieu courant 1993, et les peines furent considérablement réduites : six mois avec sursis pour le mécanicien, peines de principe pour la voyageuse et relaxe pour les autres agents.

[modifier] Conséquences

Cet accident eut pour conséquence au sein de la SNCF un réexamen de la réglementation SNCF afin de l'adapter à ce genre d'incidents. De plus, le comportement du conducteur étant un facteur aggravant, les tests psychologiques de ceux-ci furent renforcés afin de contrôler leur sang-froid en cas de difficultés.

[modifier] Lien externe

Autres langues