Abu Salabikh

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Abu Salabikh (Abu Ṣalabikh) est un site archéologique de la Mésopotamie antique, correspondant à une petite ville de l’époque des Dynasties archaïques (DA, IIIe millénaire avant J.-C.) dont le nom n’est pas connu avec certitude : on avance le plus souvent Eresh, mais ce peut également être Kesh.

Le site a été fouillé dans les années 1960 par l’Oriental Institute de Chicago, qui ont notamment découvert un lot de plus de 500 tablettes. De nouvelles fouilles sont entreprises par Nicholas Postgate de 1975 à 1989, cherchant à reconstituer la vie des habitants de cette petite cité, grâce à l’archéologie (quelques textes ont également été mis au jour).

Le site est divisé en quatre tells, dont le plus ancien, situé au sud-ouest, est peuplé à la période d’Uruk. Le tell principal, s’étendant sur 12 hectares, est le lieu de l’habitat de la période des Dynasties archaïques, encadré par un mur défensif de près de 1 400 mètres de long, ceignant une surface de 10 hectares. Il est possible que la ville construite au début du DA soit issue d’un projet planifié, car elle semble présenter à l’origine un plan géométrique. L’Euphrate bordait sans doute le tell principal à cette époque, et le changement de son cours a pu motiver l’abandon du site à l’époque d’Akkad (XXIVe siècle).

L’urbanisme d’Abu Salabikh est caractérisé par de grandes maisons, collées les unes aux autres, entre lesquelles sont tracées de petites rues, quelques axes principaux partant des portes de la cité servant d’artères majeures pour la circulation dans la ville. Un espace de 4 hectares (une vingtaine de maisons) a été scrupuleusement fouillé. Les bâtiments fouillés sont des maisons en grande majorité, aucun autre type d’établissement n’a été identifié avec certitude : un temple devait être situé au sud du tell, là où ont été retrouvées les archives dans les années 1960, et peut-être un autre bâtiment administratif au nord. Les résidences, qui occupent la majorité de l’espace du tell principal (peut-être jusqu’à 90 % du bâti), sont organisées autour d’un espace central, desservant généralement deux pièces puis de plus petites salles. Elles mesurent en moyenne 343 m2.

Des tombes étaient situées sous les maisons. Ce sont de simples fosses, mais le matériel qu’elles renfermaient présente une situation de diversité sociale notable, même si la majorité sont celles de personnes riches, ayant livré de nombreux objets de valeur. Certaines sont individuelles, d’autres collectives.

Une aire comprenant de nombreux fours à céramique est située à l’extrémité nord de la cité, avec de nombreuses empreintes de sceaux semblant indiquer que les artisans travaillaient pour une institution ; d’autres fours du même type ayant été mis au jour hors des murailles. Il semble qu’un palais de la fin du DA se trouve sur le tell sud.

Les archives retrouvées à Abu Salabikh sont surtout des textes scolaires, littéraires, et des listes lexicales, pour une poignée de textes administratifs. On trouve des hymnes, des recueils de proverbes, ainsi que le plus ancien exemplaire des Instructions de Shuruppak, un texte de « sagesse » sumérienne. Les textes mythologiques sont mal compris.

Ces tablettes sont à peu près contemporaines de celle retrouvée à Fara (Shuruppak), soit au DA IIIa (c. 2 600-2 500). Mais alors que celles de ce dernier site sont rédigées dans un contexte sumérien, les textes d’Abu Salabikh, témoignent d’une région peuplée de plus de Sémites, des « Akkadiens » avant Akkad donc. Sur les noms de personnes, 40 % sont akkadiens. Mais les textes sont rédigés en sumérien. Les textes d’Abu Salabikh présentent des similitudes avec ceux d’Ebla, plus tardives, ce qui montre la proximité existant entre les populations sémites du Proche-Orient des Dynasties archaïques.

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