Abbaye laïque

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Pierre tombale de Saint-Boès (64) portant le nom d'un abbé laïque.
Pierre tombale de Saint-Boès (64) portant le nom d'un abbé laïque.

Une abbaye laïque est une fondation du Moyen Âge, dans le piémont occidental du nord des Pyrénées. L'adjectif laïque indique que l'établissement n'appartenait pas à un ordre religieux. On peut identifier une centaine d'abbayes laïques, dont certaines par conjecture seulement, du fait de la disparition des textes.

Le principe de fondation était la création d'une paroisse par un seigneur, parfois très petit, voire par un gros paysan, afin d'en prélever la dîme, à charge pour lui d'entretenir une église.

Bien qu'il ne fût pas un ecclésiastique, le seigneur se nommait lui-même l'abbé (l'abat), terme apparu au 11e siècle. À l'origine, le mot signifie « le père », du latin abbas, abbatus issu de l'hébreu abba.

Il faut distinguer la maison de l'abbé, souvent appelée l’abadia, de la fondation qui est une paroisse d'une certaine étendue.

Si on considère que la dîme correspond au dixième des revenus, il suffisait d'une trentaine de fermes pour constituer une abbaye laïque viable.

[modifier] Localisation géographique

Les abbayes laïques existaient principalement dans le Béarn, la Bigorre et les marges. À l'ouest, la Soule (Pays basque), au nord la Chalosse, le Tursan, puis le sud de l'Armagnac, l'Astarac, la vallée d'Aure. Globalement, le bassin de l'Adour. Il n'y a pas eu d'abbayes laïques au-delà.

[modifier] Histoire

Ces fondations sont consécutives de l'empire carolingien, lorsque l'islam se rapprochait des Pyrénées. Devant la menace d'invasion, illustrée par les incursions de Vikings au 9e siècle, l'Église tolérait ces fondations qui permettaient d'asseoir sa présence dans des territoires d'évangélisation récente ou incertaine.

Certaines abbayes laïques sont devenues florissantes, avec de puissants seigneurs, d'autres sont restées de modestes paroisses, ou sont parfois tombées en déshérence et ont été reprises par des abbayes conventuelles, comme l'abbaye de Sorde par exemple.

Vers la fin du Moyen Âge, de nombreux conflits eurent lieu avec l'Église qui se voyait dépossédée de revenus alors que ne pesait plus la menace de l'islam.

Il peut y avoir deux abbayes laïques ou plus dans une commune actuelle.

[modifier] Onomastique

L'église de Sunarthe (Sauveterre-de-Béarn), en rouge sur le cadastre, près d'une maison portant le nom de Labadie
L'église de Sunarthe (Sauveterre-de-Béarn), en rouge sur le cadastre, près d'une maison portant le nom de Labadie

En l'absence de cartulaires, de terriers ou de notaires, on peut distinguer les abbayes laïques par certains indices, comme une église dans la campagne, parfois éloignée du bourg et flanquée d'une maison importante qui porte souvent le nom de Labadie sur le cadastre, on trouve aussi Castèth ou Lassalle (place ou maison forte). Dans quelques cas, on trouve des églises fortifiées, faisant corps avec une tour, ou une tour-porche ayant pu être une demeure.

Le nom Abadie et ses dérivés Labadie, Dabadie, Labadiole est le patronyme le plus porté actuellement dans les Hautes-Pyrénées, tandis qu'on trouve le patronyme Aphatie dans la Soule.